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Quelques bons souvenirs de 2016

Quelques bons souvenirs de 2016
AFP


Comment faire une rétrospective d’une année qu’on aimerait mieux oublier? En cherchant les bonnes nouvelles. Surprise! Il y en a eu.

Avouons-le, l’année 2016 a assez duré. Personne n’oubliera Nice, Orlando et Berlin, mais il y a aussi eu Ouagadougou, Mémé, Grand-Bassam, Madagali et tant d’autres tragédies qu’on a effectivement oubliées. Il est temps que cette année finisse. Pour ceux qui croient encore à la démocratie libérale, l’élection de Trump et le Brexit ont été durs à prendre, mais il faudra bien s’y faire. On n'est probablement pas sortis du bois. Et, plus près de nous, que dire de la déconfiture du Canadien la saison dernière, après un départ en coup de canon? En cherchant un peu, il doit bien y avoir moyen de trouver des bonnes nouvelles... J’en ai trouvé quelques-unes, qui donnent des raisons de ne pas trop se décourager, et dans certains cas de sourire ou de réfléchir. Évidemment, c'est loin d'être complet et tous n'ont pas les mêmes opinions sur ce qui peut être un bon ou un mauvais souvenir, mais en voici quelques-uns.

Les Cubs et le triomphe de l’improbable

D’accord, celle-ci est un peu personnelle. Après le départ de nos Zamours, j’ai jeté mon dévolu sur l’équipe de mon autre ville d’adoption. Bonne nouvelle pour Chicago après 108 ans de frustrations et une remontée épique en Séries mondiales. Ce n’est pas tous les jours que plus de cinq millions de personnes se rassemblent pour fêter dans la bonne humeur et sans trop de casse. Derrière cette bonne nouvelle se cachent toutefois des leçons.

D’abord, l’improbable peut arriver et parfois, pour le meilleur ou pour le pire, il arrive. C’est une leçon qui s’applique notamment aux victoires de Trump et du Brexit, mais aussi à celle de Jean-François Lisée à la chefferie du PQ. On verra si ces événements improbables s’avèrent positifs ou pas. Pour les politologues comme moi qui s’aventurent occasionnellement à faire des prévisions, ces surprises représentent une leçon de modestie, mais elles sont aussi un défi pour l’explication et une occasion de remettre en cause les idées reçues. Pour ceux qui aiment les puzzles, dont je suis, c’est une excellente nouvelle: l’année 2016 nous a servi un tas de nouveaux problèmes à résoudre. Il y a de quoi se réjouir: le travail ne manquera pas en 2017.

L’économie ne va pas si mal que ça

À en croire certains cassandres, l’économie nord-américaine se serait effondrée en 2016 et c'est ce qui aurait ouvert la porte à la victoire de vous-savez-qui. En fait, pas vraiment. Aux États-Unis, après des signes de faiblesse en début d’année, la croissance réelle du PIB est passée à 3,5% au troisième trimestre et le chômage n’a pas dépassé la barre des 5% de l’année, pour terminer à 4,6% en décembre, le plus bas niveau depuis 2007. En prime, le revenu réel des ménages des quatre quintiles inférieurs ont commencé à pointer modestement vers le haut après des années de stagnation. Au Canada et au Québec, la croissance a suivi à peu près la même trajectoire et on a beau être mécontent de bien des choses, le taux de chômage au Québec, à 6,8% en novembre, est à son plus bas en 40 ans. Pendant ce temps, les bourses continuent à bien se porter. Suis-je en train de dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes? Non. Tout cela est bien fragile et il y a encore du progrès à faire, mais on ne peut certainement pas dire que toutes les nouvelles sont mauvaises.

Le progrès n’est pas impossible

Au plan international, on a toujours tendance à mettre l’accent sur les problèmes en apparence insolubles, qui demeurent nombreux, mais il y a aussi des bonnes nouvelles. L’année 2016 s’annonce comme la plus chaude de l’histoire moderne, mais au moins les accords de Paris ont été ratifiés. Même si le nouveau président américain n’aidera sans doute pas à accélérer le processus, le mouvement global vers une prise de conscience de la réalité du problème et de la nécessité d’une solution a continué à avancer.

Du côté des conflits armés, il n’y a pas lieu de se réjouir dans l’ensemble, mais certains signes positifs ont néanmoins percé à travers la grisaille en 2016. Par exemple, le conflit armé entre les FARC et les forces armées de Colombie a pris fin. Même si la paix à long terme nécessitera des efforts, il faut quand même souligner que la fin de ce qui était probablement le dernier conflit politique armé actif dans les Amériques est une bonne nouvelle.

L’année 2016 a aussi été marquée par le rapprochement entre les États-Unis et Cuba après plus d’un demi-siècle. Il n’est pas clair que ça pourra durer sous la nouvelle administration républicaine et on verra si la disparition de Fidel Castro entraînera les changements nécessaires dans son pays, mais il était temps que cette page soit tournée.

La science a fait des progrès majeurs en 2016. La propagation du virus Zika présente un défi majeur de coopération internationale en santé publique, mais il faut quand même souligner que l’année 2016 a vu l’éradication presque complète du virus Ebola et la disparition, à toutes fins utiles, de la rougeole en Amérique du Nord. Et que dire des nouvelles scientifiques, comme la découverte des ondes gravitationnelles? Le progrès de la science donne des raisons d'être optimiste... à condition qu'on prenne les scientifiques au sérieux (voir trois paragraphes plus haut).

Des moments mémorables

Les Jeux olympiques de Rio, dont certains avaient prédit l’échec, ont plutôt été un franc succès sur les plans sportif et humain (pour les finances et la politique, toutefois, c’était moins fort). Les sourires des sprinters Usain Bolt et Andre de Grasse lors de l’épreuve du 200m en athlétisme et ceux des nageuses Penny Oleksiak et Simone Manuel, premières ex-aequo au 100m libre, valaient leur pesant d’or.

Finalement, ceux et celles qui me lisent régulièrement savent que je n’ai pas retenu grand-chose de positif de la campagne électorale américaine de 2016, mais il y a quand même eu de bons moments, dont celui-ci-dessous. Bonne Année 2017 à tous!

* * *

Pierre Martin est professeur de science politique à l’Université de Montréal et directeur de la Chaire d’études politiques et économiques américaines au CÉRIUM. On peut le suivre sur Twitter: @PMartin_UdeM

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