Le covoiturage, pas si écolo qu'on le croit

Dans une étude que nous dévoilons, l'Agence de l'énergie balaie les idées reçues sur le covoiturage.

 D'après l'étude de l'Ademe que nous dévoilons, le covoiturage serait moins bon pour l'environnement qu'il n'y paraît
 D'après l'étude de l'Ademe que nous dévoilons, le covoiturage serait moins bon pour l'environnement qu'il n'y paraît LP/OLIVIER BOITET

    Lætitia mange bio, n'achète ses pommes qu'en circuit court, combat l'obsolescence programmée... Lors de ses vacances au ski, cette Parisienne a tenté le covoiturage. «C'était long mais j'ai eu l'impression de faire une bonne action pour l'environnement.» Si l'intention est noble, le résultat n'est en réalité pas très écolo. C'est ce qu'explique une étude de l' Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), dont nous révélons les résultats.

    Covoiturage, locations entre particuliers... L'Ademe a scanné ces nouvelles pratiques plébiscitées aussi parce qu'elles font faire des économies. «L'idée de ce mouvement émergent est de lutter contre la sous-utilisation des biens qui conduit à produire trop. Mais le diable est dans les détails», souligne Isabelle Vincent, chef du service économie de l'Ademe.

    Le covoiturage longue distance n'est, par exemple, pas la panacée contre les émissions de gaz à effet de serre. «Il pousse parfois les Français à prendre la voiture, développe Isabelle Vincent. En l'absence d'offre de covoiturage, 12 % n'auraient pas voyagé et 63 % auraient pris le train qui a un impact environnemental bien plus intéressant.» Lætitia confirme : «Pour moi, c'était SNCF ou BlaBlaCar.»

    Les trajets domicile-travail plébiscités

    Idem pour les locations d'appartements entre particuliers. Moins chères que les hôtels, elles peuvent «encourager des destinations plus éloignées et des trajets en avion». En revanche, le covoiturage domicile-travail «semble un gisement très intéressant». D'abord, parce que l'automobile est souvent utilisée faute de transports en commun. Ensuite, parce qu'elle est trop rarement partagée (5 %). «Pour l'heure, ces précurseurs sont 2,5 en moyenne par véhicule. Imaginez si l'on passe à trois ou quatre», s'enthousiasme Isabelle Vincent.

    Lætitia peut tout de même déculpabiliser. Récupérer le lave-vaisselle de son grand-père qui n'en a plus besoin ou chiner de vieux meubles sont aussi «des pratiques très porteuses», valide l'Ademe. «C'est encore plus sensible pour les biens dont l'essentiel des impacts environnementaux se situe dans la phase de production, explique Isabelle Vincent. Une tablette qui passe à quatre ans d'utilisation permet d'améliorer de moitié son bilan environnemental.» Pensez-y quand vous renouvellerez votre portable au bout de deux ans alors qu'il a une durée de vie d'une dizaine d'années.