En participant à une soirée où les femmes et les hommes musulmans ne s'assoyaient pas ensemble, Amir Khadir a «cautionné la ségrégation des sexes», accuse le SPQ-Libre.

«Ça s'est fait physiquement, ce n'était pas juste un concept», lance Pierre Dubuc, secrétaire du groupe de syndicalistes- progressistes affiliés au Parti québécois.

L'événement était organisé en août 2012 par Bridges, une association de musulmans de Montréal-Nord. Selon la photo fournie par le SPQ-Libre, une cinquantaine de participants sont assis à l'extérieur. Les femmes, toutes voilées, sont assises à droite de la scène. De l'autre côté de l'allée, les hommes sont assis ensemble. Le député de Québec solidaire est parmi eux, dans la première rangée.

«Laissez-moi être clair. Je réprouve sans compromis la ségrégation hommes-femmes et Québec solidaire est pour l'égalité et la mixité hommes femmes, ce qui déplaît royalement aux intégristes religieux», a réagi M. Khadir.

Il était invité pour présenter sa plateforme électorale, et non pour participer à un «rassemblement religieux», précise-t-il. 

« Maintenant, ça ne veut pas dire que pour lutter contre l'intégrisme, il faut faire comme certaines personnes et rester confortable derrière son ordinateur et se faire des peurs. Pour mener le combat contre l'intégrisme, il faut mener le dialogue avec les jeunes, qui en sont victimes, pour les politiser », a dit M. Khadir.

L'association Bridges, qui réunit plusieurs jeunes musulmans, est dirigée par l'imam Ali Sbeiti qui défend des «pro-khomeynistes». Il exige que des «petites filles de 7, 8 ou 9 ans (...) jurent qu'elles porteront le voile pour le reste de leur vie, car Allah l'ordonne», rapporte Louise Mailloux, administratrice du SPQ-Libre et professeure de philosophie au cégep du Vieux-Montréal.

Selon elle, un politicien devrait refuser de participer à tout événement où les hommes et les femmes sont séparés.

D'autres politiciens ont déjà fait la même chose, regrette-t-elle, notamment lors de la dernière campagne municipale. Anie Samson, mairesse de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension et membre de l'Équipe Coderre, s'était voilée dans une mosquée pour courtiser des votes, dans une salle réservée aux hommes.

Mais exclure du dialogue ceux qui sont plus « fondamentalistes », croit Khadir, n'est pas la voie à privilégier.

« J'aimerais que ceux qui prétendent lutter contre l'intégrisme descendent de leur zone de confort et viennent fréquenter ces jeunes qui sont en questionnement, attirés par des gens qui leur offrent un refuge, alors que nous, avec une certaine démonisation des communautés immigrantes, on les repousse dans les bras des intégristes », a répliqué le député de Québec solidaire. 

Un «B +» pour Khadir

M. Khadir, d'origine iranienne, dit ne pas avoir voulu cautionner ces pratiques. Il a d'ailleurs combattu le régime des Mollahs dans son pays natal. Il était même persécuté par eux. Québec solidaire a souvent affirmé que le voile était un symbole régressif pour l'égalité des sexes. L'automne dernier, La Presse rapportait que des musulmans semonçaient M. Khadir en public pour ses propos sur le voile.

Le SPQ-Libre, un club politique qui compte 400 membres, a été fondé pour fédérer les progressistes souverainistes au sein du PQ. Québec solidaire est un de ses ennemis politiques.

Mme Mailloux se défend toutefois de faire une attaque partisane. Elle raconte que le 3 septembre 2012, la veille des élections provinciales, le Forum musulman canadien organisait une conférence avec Tariq Ramadan, «islamiste bien connu». «J'y assistais. À la fin de l'Assemblée, les gens du Forum distribuaient une liste des candidats, en disant aux gens pour qui voter le lendemain. On donnait des cotes aux candidats. La seule qui a eu une cote A, c'est Françoise David. Le seul qui a eu une cote B +, c'est Amir Khadir. Tous les autres candidats du Parti libéral avaient une très bonne cote, et tous les candidats du Parti québécois, sauf deux je crois, ont obtenu une cote D. Et Fatima Houda-Pepin a aussi eu une cote D, à cause de son combat contre les intégristes».

Pour une laïcité en étape

Le SPQ-Libre appuie la Charte péquiste de la laïcité. Elle propose de procéder en étapes. Après son adoption, il faudra aller encore plus loin.

Ses propositions: interdire les signes religieux ostentatoires pour les élèves au primaire et secondaire, comme le fait la France depuis 2004. Interdire le voile intégral (niqab et burqa) dans l'espace public. Il s'agit d'un «linceul», selon Mme Mailloux, sous lequel les femmes cesseraient d'exister.

Enfin, le SPQ-Libre veut abolir les subventions aux lieux de culte et aux écoles privées confessionnelles. Il existe environ 130 écoles de type au Québec. Plus des trois quarts d'entre elles sont chrétiennes.

Photo tirée de Facebook

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