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Trop de fraude alimentaire à l'encontre des Canadiens, déplorent des spécialistes

Les Canadiens ne sont pas préoccupés par les risques associés aux tromperies de l’industrie

sylvain charlebois
Le chercheur Sylvain Charlebois soutient que la fraude peut se retrouver un peu partout dans les aliments que l’on achète. Photo Marie-Ève Dumont


Des tomates affichées biologiques qui n'en sont pas ou du poisson remplacé par une espèce moins chère; les fraudes alimentaires au Canada existent, mais les consommateurs ne s'en préoccupent pas encore, déplorent des experts.

Car, malgré les risques que peuvent engendrer ces fraudes, notamment pour la salubrité des aliments, la population et l'industrie croient qu’il n’est pas encore temps de tirer la sonnette d’alarme, a indiqué Sylvie Cloutier du Conseil de la transformation alimentaire, lors d’un débat sur le sujet hier à Montréal.

«Notre préoccupation se retrouve surtout au niveau des ingrédients importés, aux denrées qui circulent librement à travers le monde», a mentionné Mme Cloutier.

«Le fait que les Canadiens ne soient pas trop inquiets, c'est une bonne nouvelle dans le sens où le consommateur se sent en sécurité, que le système est efficace», a renchéri Nathalie St-Pierre du Conseil canadien du commerce de détail.

Meilleure traçabilité

Or, selon Kathy Twardeck de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, «de plus en plus de pays s'intéressent à ces pratiques frauduleuses, il y a donc des discussions afin d’établir des normes internationales pour mieux contrôler les produits».

« Quand on parle aux consommateurs au Canada, ils ne sentent pas que c’est un problème chez eux, mais nous avons bel et bien eu des cas ici » – Sylvain Charlebois

Elle a expliqué que les fraudes les plus nombreuses se retrouvent dans l’huile d’olive lorsqu’elle est diluée avec d’autres huiles, et dans les poissons et les viandes, lorsque substitués par des produits moins chers.

Des solutions concrètes devraient être mises en place rapidement pour assurer une meilleure traçabilité des produits, ajoute David Courtemanche, de Merinov, le Centre d'innovation de l'aquaculture et des pêches du Québec.

Des cas au Canada

«Il faut pouvoir suivre le poisson, de la pêche jusqu’à l’assiette», cite-t-il en exemple. Les consommateurs devraient aussi être mieux informés afin de pouvoir cibler certaines fraudes, selon ce dernier.

Par ailleurs, seulement 26 % des Canadiens sont inquiets de la fraude alimentaire, selon les résultats préliminaires d’un sondage mené par l’Université Dalhousie.

«Quand on parle aux consommateurs au Canada, ils ne sentent pas que c’est un problème chez eux, mais nous avons bel et bien eu des cas ici», précise Sylvain Charlebois, doyen de la Faculté de management à l’Université Dalhousie, qui a mené l’étude.

Les fermes Mucci en Ontario ont récemment reçu en amende 1,5 M$, la plus grosse octroyée pour ce genre de délit, pour avoir prétendu que leurs légumes étaient canadiens alors qu’ils venaient du Mexique.

Des enquêtes du Journal menées récemment avaient révélé que 47 % des échantillons analysés de poisson n'étaient pas la variété affichée, le veau était aussi régulièrement remplacé par du porc dans les restaurants.

 

La fraude alimentaire dans le monde

La fraude alimentaire implique l’étiquetage trompeur, l’altération ou substitution de produit ou encore la falsification de date de péremption ou de poids afin d’en tirer, le plus souvent, un gain économique. Elle pose des enjeux de santé, notamment sur la salubrité des aliments, l’étiquetage des allergènes ou des ingrédients comme le gluten.

  • 10 % des produits alimentaires vendus seraient falsifiés.
  • 40 G$: coût de la fraude alimentaire dans le monde.
  • 1/5: Un poisson sur cinq ne serait pas celui promis, selon Oceana.
  • 50 % du miel, 47 % du veau, 61 % de l’huile d’olive lors d’analyses faites en Hollande portaient une étiquette erronée.
  • 54 %: des échantillons de saucisses testées en Italie ne contenaient pas la viande affichée.
  • Un récent cas au Canada implique un hôtel de Toronto qui a été écorché pour avoir vendu des verres de jus d’orange dit «fraîchement pressé» à 6 $, alors qu’il s’agissait de produit du commerce.
  • Quarantaine de plaintes: L’Agence canadienne reçoit une quarantaine de plaintes par année au sujet de la fraude alimentaire.

 

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