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Le soi authentique et la problématique du choix

TÊTE À TÊTES - L'une des caractéristiques de la société moderne est l'étendue de choix et de possibilités offerte aux jeunes de jouir de multiples libertés alors inconnues aux générations précédentes.
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L'une des caractéristiques de la société moderne est l'étendue de choix et de possibilités offerte aux jeunes de jouir de multiples libertés alors inconnues aux générations précédentes.

Il n'y a pas si longtemps, les choix étaient influencés par des facteurs structurels et culturels. L'accès à certains types d'éducation a été freiné, voire interdit. Par exemple, certaines universités avaient des quotas d'étudiants juifs, d'autres n'acceptaient pas les étudiantes. Les relations interraciales étaient désapprouvées. Certains employeurs ne voulaient pas embaucher des personnes de couleur.

Heureusement, tout ceci est en grande partie derrière nous et beaucoup de jeunes savourent les fruits d'une plus grande liberté de choix et de possibilités.

Le soi authentique

Ces changements ont été salués par de nombreux psychologues. Par exemple, Carl Rogers fait valoir la notion d'expansion de choix qui offre aux humains la capacité de développer un «soi authentique», les libèrent de la tradition et de la convention. Le soi authentique est obtenu grâce à la création consciente d'un mode de vie en rapport avec les objectifs et les désirs individuels.

Dans le même ordre d'idées, le psychologue Kenneth Gergen indique que la société moderne permet aux gens de développer ce qu'il appelle une «personnalité pastiche». Par conséquent, les individus peuvent, librement et heureusement, prendre leurs propres décisions dans des domaines tels que l'alimentation, la mode, le comportement sexuel, les pratiques spirituelles, les habitudes de consommation, les activités culturelles, l'emploi et l'éducation.

Certains jeunes peuvent trouver l'étendue de choix écrasante et paralysante.

Ces auteurs sont optimistes quant à l'évolution du nouveau soi, dans une nouvelle ère de choix et de possibilités. Cependant, certains chercheurs n'affichent pas cet optimisme estimant que cette nouvelle ère de choix entraine des coûts psychologiques.

Par exemple, certains jeunes peuvent trouver l'étendue de choix écrasante et paralysante. Vers quelles études me diriger? Comment m'habiller? Quels amis et cercles sociaux? Quel régime alimentaire? Quel métier? Quelles études? Quels passe-temps? Certains psychologues ont noté qu'une culture de choix conduit les individus à se livrer à l'auto-surveillance et l'auto-évaluation, à se comparer aux autres et cela devient alors néfaste. Cela peut impliquer un grand effort psychologique, entrainant parfois une certaine anxiété et une faible estime de soi.

Choix: l'influence de la société

En effet, l'influence de la société est fondamentale dans le choix que les jeunes effectuent. Ce choix est encore fortement influencé par les parents, les amis, les attentes culturelles et les normes sociales. Cela peut conduire les jeunes à faire des choix dommageables. Par exemple, de nombreuses recherches montrent que le tabagisme, la consommation d'alcool et de drogues chez les jeunes découlent souvent de la pression de l'entourage social.

D'autres recherches suggèrent que les habitudes alimentaires et les activités physiques sont fortement influencées par les normes sociales et les messages diffusés par les médias sur la morphologie idéale. Cela se traduit par de nombreux choix dysfonctionnels, par exemple un régime pathologique ou trop d'exercice. Un lien peut alors s'établir avec une augmentation des troubles de l'alimentation et de dysmorphie corporelle chez les jeunes.

À tout cela s'ajoute une pression excessive des parents qui peut également conduire les jeunes à faire des choix ayant des répercussions psychologiques. Cela peut être particulièrement vrai dans des domaines tels que l'emploi, l'éducation et l'amour. Dans ces domaines, parents et jeunes peuvent avoir des points de vue divergents.

Il y a un facteur commun qui sous-tend certains de ces choix problématiques: le désir humain naturel d'être approuvé, validé et populaire. Cela peut parfois être pris à l'extrême, de sorte que les jeunes font des choix en fonction de l'approbation externe et des attentes sociales, plutôt que le désir personnel et les préférences individuelles.

Le «faux self»

Certains psychiatres ont suggéré que la prise de décisions fondée sur la validation externe plutôt que le désir personnel peut conduire au développement du «faux self». C'est une référence à un sentiment commun chez les individus de «vivre un mensonge» ou «porter un masque» en suivant les normes culturelles et les attentes sociales. Certaines recherches indiquent qu'un «faux self» mène à la pire des santés mentales.

La vie implique un équilibre sain entre le fait de faire les choses pour les autres et le fait de faire les choses pour soi-même.

Cette croyance est également soutenue par de nombreux auteurs spirituels. Par exemple, le célèbre indien mystique Osho écrit que «la plus grande peur dans le monde est celle de l'opinion des autres. À partir du moment où vous n'avez plus peur de la foule, alors vous n'êtes plus un mouton, vous devenez un lion. Un grand rugissement émane de votre cœur, le rugissement de la liberté».

Jeunes et vieux, à la fois, souhaitent la validation des autres et l'attrait social. Toutefois, ces activités peuvent, à l'extrême, être mal interprétées, en particulier chez les jeunes qui sont fortement influencés par des médias sociaux et la culture de la célébrité.

Dans cette ère de choix, les jeunes ont de nombreuses possibilités de faire des choses qui leur plaisent. Cependant, nombreux sont ces choix qui plaisent en fait aux autres. Cela peut alors être nocif pour la santé mentale. La vie implique un équilibre sain entre le fait de faire les choses pour les autres et le fait de faire les choses pour soi-même. Bien que la réalisation de cet équilibre soit plus facile à dire qu'à faire, elle permet de conduire les gens à vivre une vie plus satisfaisante et en bonne santé mentale.

Vous êtes en situation de crise? Ou vous connaissez quelqu'un qui a besoin d'aide? Plusieurs centres d'écoute sont à votre disposition au Québec, 24h/24, 7 jours sur 7. Vous pouvez aussi joindre Jeunesse, J'écoute au 1-800-668-6868.

Tête à têtes est une nouvelle série de blogues lancée conjointement par le Huffington Post Québec et le Huffington Post Canada. Inspirée par le projet Maddie, cette série met l'accent sur les adolescents et la santé mentale. Elle a pour but de sensibiliser et de susciter des conversations en s'adressant directement aux adolescents qui traversent un moment difficile ainsi qu'à leurs familles, aux enseignants et aux dirigeants communautaires. Nous voulons nous assurer que les adolescents qui sont aux prises avec une maladie mentale reçoivent l'aide, le soutien et la compassion dont ils ont besoin. Si vous souhaitez contribuer à cette série, envoyez-nous un courriel à cette adresse : nouvelles@huffingtonpost.com.

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