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Étude : La circoncision n’émousse pas la sensation

Publié: 27 July 2007

Des chercheurs de McGill mesurent l’excitation à l’aide de vidéos et de capteurs ultramodernes

Grâce à une technologie de pointe, des chercheurs de McGill ont peut-être finalement réussi à déboulonner la croyance tenace selon laquelle les hommes circoncis éprouveraient une sensation sexuelle moindre que les hommes non circoncis.

« Il était intéressant de noter à quel point cette notion était acceptée d’emblée, même si elle ne reposait sur aucun fondement empirique », précise Kimberly Payne, Ph.D., auteure principale de l’article.

Publiée dans le numéro du mois de mai de la revue The Journal of Sexual Medicine, l’étude fait état de tests de sensibilité génitale menés sur des participants volontaires circoncis et non circoncis, âgés de 18 à 45 ans. Les deux groupes ont été soumis à des tests avec et sans excitation sexuelle, et les résultats n’ont montré aucune différence entre les deux groupes pour ce qui est de la sensibilité génitale au toucher ou à la douleur.

Des recherches portant sur la mesure directe de la sensation pénienne ont été entreprises auparavant uniquement auprès de groupes d’hommes présentant ou non une dysfonction sexuelle, mais jamais sur des sujets en situation d’excitation sexuelle, rappelle Mme Payne. Il n’existait donc pas de données sur l’effet de l’excitation sur la sensation dans la population générale. Pour permettre la cueillette des données pertinentes, les participants à l’étude devaient porter des lunettes reliées à un lecteur DVD et se tenaient derrière des rideaux qui les isolaient de toute stimulation extérieure. Ils visionnaient tour à tour des films érotiques et des films non érotiques de contrôle. Pendant ce temps, de minuscules filaments jetables fixés sur diverses régions du pénis et de l’avant-bras mesuraient la sensation à intervalles de cinq secondes. « Dans le passé, il y a eu des études d’auto-évaluation où des participants devaient remplir des questionnaires, indique Mme Payne. Toutefois, nous voulions obtenir des données observables et mesurables. »

En réponse à la stimulation érotique, on a noté dans les deux groupes une augmentation importante de la température pénienne qui présentait une forte corrélation avec des observations subjectives d’excitation sexuelle. Les hommes non circoncis montraient une température pénienne notablement inférieure à celle des hommes circoncis et ont affiché une augmentation plus marquée de la température pénienne lors de l’excitation sexuelle. Aucune différence dans la sensibilité génitale n’a été observée entre les groupes d’hommes circoncis et non circoncis.

Mme Payne, qui exerce maintenant à titre de psychologue clinicienne, à Ottawa (Ontario) a réalisé l’étude en complément à ses recherches doctorales, sous la direction de M. Yitzchak (Irv) Binik, professeur de psychologie, à l’Université McGill et directeur du Service de thérapie sexuelle et de couple, rattaché au Centre universitaire de santé McGill, à l’Hôpital Royal Victoria. M. Binik était co-auteur de l’étude, de même que les étudiantes diplômées Lea Thaler et Tuuli Kukkonen, et le Dr Serge Carrier, de l’Hôpital Général Juif de Montréal.

Mme Payne a tenu à préciser que, même s’ils semblent très prometteurs, les résultats de l’étude demeurent préliminaires et qu’ils ne règlent pas les nombreuses controverses de longue date sur la circoncision. « Cette étude ne mesure qu’une sensation et remet en question des croyances répandues, mais elle ne réfute pas la possibilité qu’il existe des différences à un autre niveau. Personne ne peut nier les différences anatomiques entre un pénis circoncis et un pénis non circoncis », conclue t elle.

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