Profils et compétences : un recrutement à 360° sur le marché de l'industrie !

Malgré un recul statistique des effectifs, l’industrie recrute. Et parfois même difficilement, faute de communiquer suffisamment sur la diversité des métiers et des compétences recherchées…

Profils et compétences : un recrutement à 360° sur le marché de l'industrie !

    L'occasion était trop belle. Et l'urgence, réelle. « Nous avons besoin de profils de niveau CAP jusqu'à bac+5, résume Ariel Cabanes, directeur de la prospective au Conseil national des professions de l'automobile. Mais pour cela, il nous faut faire connaître nos nouvelles attentes. » D'ici à la fin du Salon de l'automobile, jusqu'au 16 octobre à Paris, le CNPA espère ainsi, grâce à un stand dédié, pourvoir 1000 emplois au sein des 130000 entreprises du secteur. « Nous avons largement dépassé les phases d'expérimentation autour du véhicule connecté et nous voyons bien que les choses s'accélèrent. Nous assistons au développement de nouveaux métiers liés au digital pour mettre à jour les connectivités et envoyer les données vers les serveurs. A côté de cela, nous aurons toujours besoin de carrossiers. Sauf que les techniciens du futur n'auront plus à stocker certaines pièces et pourront les générer grâce à l'impression 3D. »

    « Alors que l'on a vu le chiffre d'affaires et la part d'emploi dans l'industrie plutôt baisser ces dernières années, on observe que la demande d'ingénieurs dans le secteur reste très soutenue », analyse Jacques Paccard, le président de la Société des ingénieurs arts et métiers. Dans son estimation provisoire publiée à la mi-août, l'Insee confirme en effet que, globalement, le nombre d'emplois dans l'industrie a continué de reculer au 2e trimestre pour atteindre une baisse de 33 100 postes (soit 1,1%) sur un an.

    « Néanmoins, les besoins en ingénieurs témoignent d'un réel dynamisme car ce sont eux qui configurent l'industrie, développent de nouveaux produits, les mettent en production et, bien souvent, les maintiennent aussi en vie. » Cet expert du secteur décrit ainsi l'émergence de nouvelles nécessités qui accompagnent la transformation de l'industrie. « Il s'agit de compétences dans les nouvelles technologies, mais pas seulement. Nous avons inventé le sigle SMACS (social, mobile, analytique, cloud et sécurité) pour résumer les compétences qui conditionneront tous les emplois de demain. » Des raisons d'être optimiste? Dans une récente étude*, des experts du Boston Consulting Group prévoient même qu'il sera possible de recréer non seulement des emplois industriels, mais aussi des postes bien mieux payés que ceux fournis par les services.

    DIGITALISATION, ROBOTISATION…

    « En attendant, l'usine d'aujourd'hui est méconnue », déplore Gérard Laruelle, engagé pour la promotion des métiers d'ingénieurs et du domaine aérospatial. Ce retraité du secteur se mobilise pour faire connaître les compétences actuellement requises dans les usines. Il a récemment participé à un forum justement baptisé Aéronautique : attirer et former les jeunes. Il décrit un milieu qui se digitalise, se robotise et nécessite de nouveaux ingénieurs toujours formés à de nouvelles technologies. « Mais en même temps, je ne voudrais pas que ce discours effraie aussi certains candidats qui penseraient alors ne plus avoir leur place dans le secteur. » Allusion aux profils de techniciens (comme les soudeurs), qu'il préfère appeler des « compagnons ». Sans eux, l'industrie, et notamment les PME, ne sont rien. « Même si  on forme les futurs techniciens à de nouvelles compétences, les meilleurs profils, et les plus rares, sont ceux qui ont l'expérience des machines anciennes. Le spectre des compétences nécessaires est de plus en plus large, et nous avons encore besoin de tout le monde… »

    * « L'Industrie 4.0 : une opportunité à saisir » (Man and Machine in Industry 4.0, 2015).  

    Article issu de notre supplément Le Parisien Eco - à feuilleter en intégralité ici

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