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Pourquoi les piétons s'attaquent aux voitures autonomes qui circulent en Californie

La voiture autonome va bouleverser nos vies. Pour preuve, elle perturbe déjà nos esprits. Exemple en Californie, où automobilistes et piétons se défoulent sur les prototypes croisés : coups et jurons, sans raison apparente.

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Ce qu'il y a de bien, avec le Department of Motor Vehicles (DMV) de Californie, c'est que ses fonctionnaires se montrent aussi scrupuleux et précis que libéraux et progressistes. Si le grand État de la façade Ouest des États-Unis s'apprête à autoriser les prototypes de voiture autonome à circuler sur les voies publiques sans personne à bord, c'est parce que le DMV surveille les faits et gestes des robots chauffeurs. Au moindre incident de circulation, les données sont transmises et enregistrées à des fins d'analyse.

Russ Mitchell n'avait sans doute rien de mieux à faire, le 5 mars 2018, que de lire les rapports d'accident de véhicules autonomes enregistrés aux archives du DMV. Le journaliste du quotidien The Los Angeles Times y a découvert que sur les six incidents répertoriés depuis le début de l'année (27 au total en 2017), deux ont été causés par des piétons.

En date du 2 janvier, une Chevrolet Bolt EV expérimentale mise en circulation dans les rues de San Francisco par la division Cruise de General Motors a ainsi été heurtée par un quidam. La voiture laboratoire cédait le passage aux piétons à un carrefour, malgré le feu rouge qui leur interdisait le passage, lorsque l'un d'entre eux s'est approché en vociférant. Il s'est jeté contre l'arrière gauche de la voiture, façon bélier, et a réussi à endommager un feu arrière.

Des voitures autonomes attaquées dans la rue

Le 28 janvier 2018, une autre Chevrolet Bolt expérimentale a été la cible de la fureur d'un chauffeur de taxi. Il s'est arrêté en pleine voie, a quitté son véhicule, s'est approché du conducteur de la Bolt autonome et a frappé sa vitre suffisamment fort pour y laisser une rayure.

Dans les deux cas, la machine était aux commandes de la Chevrolet Bolt et le technicien installé à la place du conducteur n'agissait pas sur les commandes. Dans leurs rapports, les fonctionnaires du DMV restent très factuels : faute d'information, ils ne s'autorisent aucun commentaire quant aux motivations probables des piétons. Sans doute en saurions-nous davantage si les agents de police avaient été sollicités et s'étaient rendus sur les lieux.

Le robot-chauffeur menace de mettre au chômage le taxi

Dans les deux cas cependant, il semble que le comportement du robot-chauffeur soit la source d'une frustration intolérable. On peut imaginer que le chauffeur de taxi s'est étonné, puis s'est franchement agacé d'être suivi par un automobiliste discipliné au point de s'arrêter poliment derrière lui, au lieu de le dépasser rageusement comme le ferait n'importe quel Californien pressé. Il faut admettre qu'un taxi arrêté pour charger des passagers n'est pas une situation aisée à analyser par l'ordinateur.

Est-ce chercher midi à quatorze heures ? D'aucuns estiment que les chauffeurs de taxi n'ont pas besoin de prétexte pour avoir envie de se défouler contre l'une de ces voitures autonomes qui menacent leur emploi.

Des excès de prudence qui agacent les automobilistes pressés

Le cas du passant transformé en obus de canon est plus mystérieux. S'agit-il d'un automobiliste frustré par la lenteur de cette Chevrolet Bolt prudente à l'excès ? Il y a quelque chose d'agaçant en effet à suivre aux heures de pointe une voiture qui cède le passage aux piétons, malgré le feu rouge qui leur interdit de traverser la chaussée. Là où l'humain se fait justice lui-même, le robot n'ose avancer pour décourager le piéton dans sa tentative de forcer le passage.

General Motors et les forces de l'ordre n'ont émis aucun commentaire à propos de ces incidents d'ampleur somme toute mineure. Certaines voix s'élèvent cependant pour alerter les autorités du degré croissant de frustration chez les automobilistes qui rencontrent, jour après jour, un véhicule autonome en goguette. La patience des premiers temps semble céder la place à l'énervement, maintenant qu'il est clair que le robot-chauffeur se comporte avec la lenteur d'un apprenti ou d'un retraité.

Faut-il voir dans ces anicroches la promesse d'une cohabitation problématique entre l'humain et le robot ? Certains estiment que les automobilistes conserveraient leur calme s'il n'y avait personne dans la voiture autonome pour servir de réceptacle à leur colère. Cette théorie devrait être très vite mise à l'épreuve de la réalité, puisque le DMV de Californie s'est récemment dit prêt à autoriser la circulation de prototypes sans personne à bord. Sous réserve qu'ils respectent quelques exigences bien compréhensibles en matière de sécurité.

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