A Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, l’usine de production d’alumines de spécialité Alteo, déjà sévèrement critiquée pour ses rejets d’effluents en Méditerranée, au cœur du parc national des Calanques, fait face à un nouveau front. Ce nouvel épisode judiciaire dans le dossier dit des boues rouges se passe cette fois à terre.
Des riverains de Bouc-Bel-Air, la commune voisine de Gardanne dans laquelle est implantée l’aire de stockage des résidus de bauxite, ont déposé, le 19 juin, un recours devant le tribunal administratif de Marseille. Ils réclament l’annulation d’un arrêté du préfet des Bouches-du-Rhône du 21 juin 2016, qui décrit les mesures nécessaires pour « limiter au maximum les surfaces en cours d’exploitation, les infiltrations d’eau dans le massif de résidus et les envols des poussières ».
« C’est un retour à la situation antérieure à 1966 où les boues rouges étaient stockées à terre, déplore Olivier Dubuquoy, président de l’association ZEA de défense de l’environnement et fer de lance de l’opposition aux rejets d’Alteo. Nous sommes désormais face à une double peine : la pollution en mer et la pollution à terre. »
Quatre tonnes d’arsenic
Pendant cinquante ans, l’usine de Gardanne a déversé en continu des boues rouges dans la fosse de Cassidaigne par 320 mètres de profondeur, à 7 km au large de Cassis. Sommé d’arrêter tout rejet en Méditerranée au 31 décembre 2015, Alteo, l’exploitant actuel qui emploie 400 salariés, s’est doté de filtres-presses. Il a ainsi obtenu le feu vert pour continuer à envoyer jusqu’à 270 m3 par heure d’effluents liquides, avec de surcroît l’autorisation de dépasser pendant six ans les valeurs limites officielles pour six indicateurs de pollution. Voilà comment Alteo a pu rejeter en mer, en 2015, 2 880 tonnes d’aluminium, 31 tonnes de fer, 4 tonnes d’arsenic, au grand dam des pêcheurs. Selon l’exploitant, le niveau de risque lié aux rejets nouveaux est largement inférieur à celui des pratiques antérieures.
Quoi qu’il en soit, ce procédé actuel rend cruciale la question du stockage à terre des résidus solides. Une bonne partie est déposée sur l’aire de Mange-Garri à Bouc-Bel-Air. Cette vaste étendue d’un rouge évoquant le sol de la planète Mars a été autorisée, en 2016, par les services de l’Etat, à recevoir au total jusqu’à 2,6 millions de m3 de restes de bauxite d’ici à juin 2021. Ce sont environ 300 000 tonnes de boues rouges déshydratées qui vont être entreposées là chaque année.
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