Le hand spinner, nouveau joujou des petits (et des grands) !

Cette toupie colorée à trois branches que l'on fait virevolter entre ses doigts envahit les cours de récré... et vide les poches des adultes.

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Le hand spinner fait fureur dans les cours de récré.
Le hand spinner fait fureur dans les cours de récré. © PHILIPPE LOPEZ / AFP

Temps de lecture : 4 min

Il aura fallu entrer dans cinq magasins, desquels nous sommes ressortis bredouilles. Et passer quelques coups de fil dans d'autres boutiques, histoire de ne pas parcourir d'inutiles kilomètres. D'autant que, pendant ladite balade, les derniers exemplaires du quartier pourraient bien s'envoler. On connaît la chanson : à chaque nouvelle mode dans la cour de récré, rebelote. Sauf que, cette fois, le nouvel objet en vogue n'intéresse pas que les écoliers. « Même la maîtresse en a un, elle nous l'a montré en classe ! » se réjouit Émile, six ans. Les adultes sont touchés. Tout le monde veut un hand spinner, aussi connu sous le nom de « fidget spinner ».

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Cette toupie à trois branches équipées de roulements à billes rencontre un succès fulgurant dans les écoles et les collèges. Les magasins de jouets et autres papeteries affichent sur leur porte l'état de leur stock en direct : « Nous n'avons plus de Spinner. Livraison attendue samedi matin. » Pour nous, le dernier essai fut le bon. Mais il a fallu choisir la finition (plastique, métallique, lumineux) et la couleur (des dizaines de modèles sont – en théorie – disponibles) rapidement : derrière nous, en un instant, s'était formée une file d'attente composée d'enfants… et d'adultes. « Il paraît que c'est un antistress », glisse Fabienne, une maman presque quadragénaire qui pousse un bébé dans une poussette. « À mon boulot, nombreux sont mes collègues qui en ont un. » Et d'en déposer deux devant la caisse, un classique à 5 euros, et un lumineux à 7 euros, pour elle.

Phénomène international

Certains grands magasins en ont vendu une centaine en quelques heures et se retrouvent rapidement en rupture de stock : « Il est impossible de satisfaire toute la demande », remarque auprès de l'AFP Frédéric Clerbout, responsable des achats des jeux de récréation chez Toys "R" Us : « Pour mon approvisionnement de la semaine prochaine, j'ai même dû multiplier les quantités par deux, voire trois », évoquant une commande de « plusieurs dizaines de milliers de pièces », ce qui est « très, très rare ».

Et le phénomène n'a pas envahi que les familles françaises. C'est aux États-Unis que l'objet a commencé à rencontrer un franc succès… mais des années après sa création. À l'origine, c'est une mère de famille américaine qui a imaginé le spinner dans les années 90 pour jouer avec sa fille, atteinte d'autisme et d'une maladie causant un affaiblissement musculaire. Catherine Hettinger a expliqué au Guardian qu'elle ne pouvait pas beaucoup jouer avec elle, et « donc j'ai commencé à bricoler des choses avec des journaux et du scotch, puis d'autres trucs. Ce n'était même pas un prototype, c'était un semblant de quelque chose, elle a commencé à jouer avec elle de différentes manières, et je l'ai adapté. » D'autres parents d'autistes ou d'hyperactifs l'ont peu à peu adoptée : la toupie à trois branches permettait à leurs enfants de se calmer et de canaliser leur concentration, notamment en classe.

L'objet le plus satisfaisant au monde

Progressivement, tous les enfants se l'approprient, aux États-Unis d'abord, puis en Europe, notamment en Belgique et en Suisse. En France, il a débarqué il y a moins d'un mois et a envahi les cours de récré de manière exponentielle. « C'est Internet qui a fait exploser le phénomène », analyse Frédéric Clerbout, en comparant le phénomène à la tendance des bracelets en plastique Loom, il y a trois ans. Certains vantent les bienfaits du « spinner », arguant que la manipulation les aide à se détresser et que regarder la toupie tournoyer les apaiserait. « En faisant tourner la toupie, on est focalisé là-dessus, durant deux minutes, ça rappelle les rituels tibétains des mandalas et cela a un effet apaisant. On peut s'imaginer que le fait que cela tourne et que l'attention soit ainsi fixée sur ce mouvement rotatif. C'est un remplacement à la rotation du stylo », assure Angélique Cimelière, psychologue pour enfants et adolescents à Paris, interrogée par LCI.

Tous s'entraînent à faire des figures et se jettent sur les « tutos » diffusés en ligne sur YouTube. Le Français Dr Nozman a publié à la mi-mars une vidéo de quatre minutes intitulée « l'objet le plus satisfaisant au monde », qui a déjà été vue plus de 3 millions de fois ! Au programme : faire tourner l'objet en le portant par le centre, le faire passer d'une main à l'autre sans qu'il s'arrête de virevolter, le poser sur sa tête ou sur son nez, le faire passer sous sa jambe… Hypnotisant à regarder, et davantage encore dans sa version lumineuse, avec l'effet stroboscopique.

Si bon pour la concentration, vraiment ? Rien n'est moins sûr. Aux États-Unis, 32 % des plus grandes écoles du pays auraient interdit la fameuse toupie. Seule certitude : Catherine Hettinger, qui a inventé cette toupie, est passée à côté de la poule aux œufs d'or. Faute de pouvoir continuer à payer les frais de brevetage (un peu moins de 400 euros), elle a perdu son brevet au début des années 2000 et n'aura pas retiré un seul centime de l'engouement planétaire pour son invention. Mais elle n'en est pas aigrie pour autant et se dit même « heureuse d'avoir conçu un objet qui plaît aux gens et qui leur convient vraiment ». Une sagesse peut-être gagnée à force de manier son « hand spinner », mais qui donne le tournis.

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Commentaires (7)

  • pafoufou

    Ce n'est pas son hand spiner que la maîtresse de notre pote Manu lui a montré, jouait-elle encore au tac-tac ?

  • AllonsBon

    Cela change des cartes Pokémon hors de prix (20 euros pour une petite boîte qui contient souvent 5 exemplaires de la meme carte nulle). 3 euros, c est très abordable, et au moins, pas d écran ni de discussions de marchands de tapis à la récré. Un regret : ils ne sont pas franchement écolos. Quand la mode sera passée, les joujoux encombreront les décharges. Mais pas plus que d autres finalement.

  • nouvelles cassantes

    Moins dangereux que le tac-tac d'il y a 45 ans, le truc avec les deux boules qu'on faisait cogner en rythme...