Législatives : accusée d'avoir loué un appartement insalubre à un prix exorbitant, la candidate REM de Saint-Denis nie être "un marchand de sommeil"

Publié le 31 mai 2017 à 18h09, mis à jour le 31 mai 2017 à 22h16
Législatives : accusée d'avoir loué un appartement insalubre à un prix exorbitant, la candidate REM de Saint-Denis nie être "un marchand de sommeil"

COUAC - Selon Mediapart, Véronique Avril, candidate aux législatives pour La République en marche à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), a loué son appartement insalubre à un prix exorbitant (650 euros pour 23 mètres carrés). Or, elle en avait l'interdiction, la mairie de la commune ayant pris un arrêté de péril interdisant la location de l’appartement. Mercredi 31 mai auprès de l'AFP, elle s'est défendue d'être "un marchant de sommeil" tout en admettant "avoir fait une erreur".

Mediapart révélait lundi 29 mai une nouvelle affaire qui embarrassait un peu plus le mouvement d'Emmanuel Macron, alors que ce dernier s'apprête à faire voter une loi sur la moralisation de la vie publique. Selon le journal en ligne, Véronique Avril, candidate pour la République en marche (REM) dans la 2e circonscription de Seine-Saint-Denis, a acheté en 2011 un appartement en plein cœur de Saint-Denis, à deux pas de la mairie et de la basilique. Or, celle-ci n'avait pas le droit de louer ce bien, situé dans un immeuble évacué d’urgence en janvier 2017 car il menaçait de s’écrouler, et classé en état de péril immobilier depuis 2004. Pourtant, Véronique Avril l'a proposé à la location à un prix bien plus élevé que celui du marché dans cette commune : 650 euros pour 23 mètres carrés.

L’immeuble insalubre a fait l'objet d’un premier arrêté de péril en 2004, un autre a été pris en 2008. Véronique Avril a dit à Mediapart avoir été au courant de cela, mais assure que la mairie s’était avancée à faire des travaux dans l’immeuble dans le but de lever l’arrêté. Elle loue l’appartement à partir du 1er décembre 2012, après quelques travaux, alors que l'arrêté est toujours en place. Or, selon le code de la construction et de l’habitation, les locataires ne sont pas supposés payer de loyer dans ce cas-là.

"On a fait quelque chose d'illégal, mais en toute bonne foi"
Véronique Avril

Véronique Avril, qui a travaillé pour Médecins sans frontières, au sein du cabinet de Bertrand Delanoë et est toujours employée aux affaires sociales à la mairie de Paris, dit avoir pris conscience de la situation en 2012, alors qu’elle s'apprêtait à acheter un second appartement dans l’immeuble. "C’est au moment où la vente allait se faire que le notaire m’a alertée : l’immeuble était toujours sous le coup de l’arrêté de péril. On a fait quelque chose d’illégal, mais en toute bonne foi. On a d’ailleurs renoncé à acheter le deuxième appartement." 

Sa défense est mal passée mal auprès de son adversaire socialiste dans la circonscription, l'ancien directeur de campagne de Benoît Hamon Mathieu Hanotin, qui demande son retrait. L'ancien candidat à la présidentielle a d'ailleurs personnellement commenté l'histoire sur Twitter, n'hésitant pas à qualifier Véronique Avril de "marchand de sommeil". L'écologiste Cécile Duflot a elle aussi réagi. 

"Je ne suis pas un marchand de sommeil" se défend Véronique Avril

Véronique Avril elle-même a pris la parole mercredi 31 mai pour se défendre. Auprès de l'AFP, elle a estimé avoir été "traînée dans la boue" et "envisager des poursuites" contre Mediapart. A l'AFP, la candidate qui a acquis ce bien avec son frère, explique : "Notre projet était de le refaire à neuf et de le louer pour avoir un complément de revenu à la retraite. Nous avons investi 20.000 euros dans les travaux.""L'immeuble était en très mauvais état, c'est vrai, mais il devait être retapé, des travaux étaient programmés. L'erreur que j'ai faite, c'est de croire le syndic qui m'avait affirmé que l'arrêté de péril imminent allait être levé." La candidate explique que l'immeuble a été évacué début 2017 et "le locataire relogé par la mairie à nos frais".

Mercredi 31 mai au soir, elle a été confortée par La République en marche qui après s'être penché sur son cas a annoncé à l'AFP le maintien de son investiture "en l'absence de plainte déposée à son encontre, et de surcroît de condamnation".


Justine FAURE

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