WESTWORLD (S02E01) – RETOUR AU CHAOS

Pour son grand retour sur les antennes de HBO, Westworld concocte un épisode fidèle à son identité et dessine déjà plusieurs pistes de narrations, avec un bain de sang en toile de fond.  Notre récap’ 100% spoiler !

Cet article contient des révélations sur le contenu général de la saga  « Westworld ».

La fin de la première saison de Westworld promettait le début d’une nouvelle ère pour le parc conçu par Robert Ford (Anthony Hopkins) : les hôtes se rebellaient contre les visiteurs, avec l’ensorceleuse Dolores comme cheffe de file, elle l’ex-demoiselle en détresse interprétée par Evan Rachel Wood, révélation de la première version. Outre ses tours de passe-passe scénaristiques et le charisme de plusieurs de ses personnages, la série pilotée par Jonathan Nolan (frère de Christopher) et Lisa Joy donnait la sensation que la relation homme-machine était vouée à une remise en question commune de la réalité. Ajouté à cela, des humains qui se prenaient pour des dieux mais qui perdaient progressivement leur contrôle sur les hôtes robotiques, suite notamment à des bugs de mises à jour. Il est donc maintenant temps d’inverser les rapports de force et de se poser cette question : la réalité des humains se laissera-t-elle gouvernée par celle des robots ? Fantasme de fiction aussi intemporel qu’il met en garde ses spectateurs contre les risques de ce dernier, il faudra pour la saison 2 provoquer le contre-pied nécessaire pour éviter la redondance, même si la première saison nous avait (carrément) rassurés sur ce point. Et ça tombe bien, car cette nouvelle version ouvre plusieurs pistes intéressantes à étudier.

Bain de sang

Comme attendu, le retour de Westworld donne la part belle à la révolte des androïdes, et plus précisément aux répercussions de celle-ci : le sang coule à flot tandis que les cadavres se multiplient. On découvre par exemple une Dolores métamorphosée : look rebelle, posture décomplexée, au galop, fusil de chasse à la main. « Je suis devenue autre chose », dit-elle. On retrouve également Maeve qui, accompagnée du chef des scénarios du parc, croyant qu’il peut l’aider à récupérer sa petite fille, traverse les couloirs jonchés de cadavres du poste de contrôle du parc. Un vrai bain de sang. Plusieurs exécutions sont également filmées en direct par Richard J. Lewis, réalisateur de ce premier épisode. Répercussions également psychologiques pour l’un des personnages phares de la première saison : Bernard Lowe, l’alter-ego robotique du défunt Arnold Weber (sur lequel nous reviendrons), co-fondateur du parc croyant dur comme fer au développement d’une conscience artificielle. Il se réveille d’abord au cœur du parc, au bord d’une plage, recueilli par Ashley Stubbs (Luke Hemsworth), le chef de la sécurité. Les deux survivants de la tuerie de masse perpétrée par les robots font la rencontre d’un tout nouveau personnage : Karl Strand, membre haut-placé de l’entreprise DELOS, déjà évoquée dans la saison 1 et dont la direction est assurée par William, alias l’Homme en Noir (Ed Harris) que l’on retrouve évidemment dans cet épisode (à la conquête de la sortie du parc).  L’entreprise est chargée de nettoyer le parc afin de réintégrer l’ordre au sein de ce dernier. Leur mission : trouver l’origine de cette tuerie.

L’autre image violente et importante de ce retour intervient au moment où cette enquête commence à prendre forme. En ouvrant le crâne d’un androïde indien mort, l’un des sbires de Strand récupère une sorte de boite noire (de couleur blanche) capable de relater tout ce qui a été vu par le robot : un nouvel élément qui, on l’imagine, devrait servir pour la suite. On y découvre alors Dolores qui, avant de l’achever, prononce cette phrase : « On ne mérite pas tous d’atteindre la Vallée ». Autrement dit, il se trouve que le nouveau scénario présenté par Ford le soir de la tuerie implique non seulement une tuerie de masse des robots contre les humains, mais aussi des robots entre eux dans le but d’atteindre une dénommée « Vallée », laquelle pourrait donc être centrale dans l’intrigue de cette saison 2.

Plusieurs narrations et mystères

Comme déjà évoqué, la série Westworld, présence oblige d’un membre de la famille Nolan à l’écriture, adore manipuler son spectateur par le biais de mystères encore irrésolues et d’une structure narrative qui confond les temporalités. Si on arrive à peu près à répondre aux défis imposés dans la saison 1, cette deuxième version promet d’être un nouveau casse-tête pour les fans. Déjà ce premier épisode s’ouvre sur une conversation entre Dolores et Arnold qui se passerait donc à l’époque de l’ouverture du parc, et ensuite ressemble à un gros flash-back qui précède le réveil de Bernard sur la plage. On le retrouve aux côtés de Charlotte Hale (Tessa Thompson), directrice exécutive de DELOS, tentant de survivre avec quelques autres à l’expansion androïde dans le parc, le soir de la fusillade. Ils parviennent à s’enfuir. S’ensuit une errance dans le parc jusqu’à ce qu’ils se cachent dans l’un des points d’accès du parc. Bernard apprend que les expériences et les codes ADN des visiteurs sont extraits. Un nouveau mystère que Charlotte refuse d’évoquer tandis qu’elle tente de comprendre pourquoi une mission d’exfiltration n’est pas encore menée. « Le colis n’est pas délivré », lui répond son correspondant par ordinateur. Ce colis, c’est Peter Abernathy, le père androïde de Dolores qui fut aussi le premier a éveillé les soupçons d’une vaste manipulation des hôtes au sein du parc dans la saison 1.

Déboussolé, Bernard est pris de tremblements très violents. Cela serait dû à un dysfonctionnement de sa mécanique : il tente avec réussite de s’injecter le liquide blanc qui sert de sang aux hôtes (comme dans Blade Runner) pour stopper le trouble qui le gagne de plus en plus. Il le fait en cachette, pour ne pas éveiller les soupçons de Charlotte qui, évidemment, ne sait pas qu’il est finalement un robot (vaudrait mieux pas qu’elle le sache). Un handicap encore difficile à expliquer puisque Bernard n’a pas été touché pendant la fusillade : peut-être cherche-t-il à résister à la nouvelle narration de Ford ? Ce qui le rend le mystère encore plus prononcé autour de ce personnage, c’est lorsqu’il évoque aux agents du DELOS qu’il est symboliquement celui qui a tué les robots rebels exécutés par les agents de sécurité. L’âme d’Arnold persisterait-elle au sein du corps de Bernard ? Parmi les  victimes flottant sur une vaste étendue d’eau, on semble reconnaître Teddy, le loser magnifique de la première saison et qui accompagne Dolores dans cet épisode.

Toujours fidèle à ses codes de mise en scène et ses mystères autour de la structure narrative et des événements qui se produisent, Westworld ouvre sa seconde version avec plusieurs promesses et un ton qui porte davantage sur la violence de la rébellion des hôtes : ou comment renverser le pouvoir en place. On distingue déjà trois temporalités dans cette saison 2 et plusieurs points mystères qu’on compte bien évidemment résoudre au fur et à mesure…