Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Marine Le Pen justifie le prêt russe du FN

La présidente du parti d’extrême droite assure au « Monde » que toutes les banques françaises ont refusé de lui accorder un emprunt

Par 

Publié le 23 novembre 2014 à 19h13, modifié le 19 août 2019 à 14h13

Temps de Lecture 3 min.

Marine Le Pen à Chalons-en-Champagne le 11 novembre.

Le Front national a bien contracté un prêt de 9 millions d’euros auprès d’une banque russe. Marine Le Pen a confirmé au Monde l’information révélée par Médiapart, samedi 22 novembre. Ce contrat a été souscrit en septembre auprès de la First Czech Russian Bank (FCRB), un établissement créé en République Tchèque en 1996, à l’initiative du gouvernement de l’époque. Elle a désormais son siège à Moscou.

Mme Le Pen a aussi laissé entendre que d’autres prêts pourraient bien être souscrits dans des établissements étrangers. « Avec les départementales dans quatre mois, il y a urgence ! En tout, avec les régionales, c’est 30 millions. Nous disposons de 5 millions d’euros de subventions par an. Nous n’avons plus de biens immeubles. On est obligés de souscrire des prêts, dans des établissements français ou étrangers », ajoute-t-elle.

« Scandaleux »

« On a lancé des hameçons partout : en Espagne, en Italie, aux États-Unis, en Asie et en Russie. Et le premier qu’on a attrapé, on a signé et on est très contents », explique Marine Le Pen qui insiste sur le caractère légal de la transaction.

« Ce qui est scandaleux, c’est que les banques françaises ne prêtent pas ! », continue Mme Le Pen. Selon la présidente du Front national, c’est parce que toutes les banques françaises ont refusé de prêter de l’argent au parti d’extrême droite que les frontistes ont été dans l’obligation de se tourner vers l’étranger. Un argument dont se servait déjà le Front national il y a plusieurs années pour justifier les emprunts souscrits auprès de leur imprimeur de l’époque, Fernand Le Rachinel.

Mme Le Pen répète que l’opération « n’est pas secrète ». « Les instances du parti étaient au courant et j’ai demandé à Wallerand de Saint Just [trésorier du FN] qu’il en fasse état dans son rapport moral qu’il présentera aux militants lors du congrès le 28 novembre », indique-t-elle.

Kremlin

Ce prêt a-t-il un sens politique ? Est-ce un geste du Kremlin pour un parti ami ? Pour Mme Le Pen, poser la question est « ridicule ». « Ces insinuations sont outrancières et injurieuses. Au motif que l’on obtient un prêt, cela déterminerait notre position internationale ? Cela fait longtemps que nous sommes sur cette ligne [pro-Russe] », martèle Mme Le Pen. Elle enfonce le clou : « Si une banque américaine rachetait notre crédit, on resterait sur nos positions ». Certes. Mais la question est de savoir si le pouvoir russe s’est immiscé dans la transaction pour la faciliter. À Moscou, pas de doutes : personne n’imagine que ce prêt aurait été accordé sans un accord du Kremlin.

« Liens Russie Unie et FN »

Un bon connaisseur de la Russie, proche du FN, temporise immédiatement : « C’est vrai que Russie Unie entretient depuis peu de temps les mêmes liens avec le FN qu’avec l’UMP. Mais le FN n’est pas pour autant un parti-frère. Ça m’étonnerait que le Kremlin ait donné le moindre feu vert ou qu’il ait eu une quelconque influence. Les Russes sont très respectueux des institutions en place et des hiérarchies. Or, Marine Le Pen n’est pas encore au pouvoir ».

L’intermédiaire entre le parti de Mme Le Pen et la First Czech Russian Bank est un député européen, Jean-Luc Schaffhauser, qui émarge au Rassemblement bleu Marine. Passé par le centre droit, cet homme de 58 ans a conduit la liste FN aux municipales à Strasbourg. Cela fait plusieurs années que cet ancien consultant chez Dassault collabore avec Mme Le Pen pour les questions économiques. Il est également l’un des dirigeants de l’Académie européenne, sorte de fondation œuvrant au rapprochement avec la Russie et qui défend une Union européenne aux antipodes de l’Europe des nations voulues par Mme Le Pen.

Deux réseaux en concurrence

Surtout, M. Schaffhauser, qui fut le seul français parmi la trentaine « d’observateurs » des élections organisées le 2 novembre par les séparatistes du Donbass, a un carnet d’adresses russes fourni. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles Mme Le Pen l’a placé en position éligible sur la liste FN en Ile-de-France lors des élections européennes de mai. Liste conduite par un autre pro-Russe assumé : Aymeric Chauprade. Cependant ce dernier affirme « en aucun cas avoir été dans le circuit » des démarches auprès de la banque russe et que les contacts de M. Schaffhauser ne sont absolument pas les siens. En clair, au Front national, deux réseaux russes cohabitent et se font concurrence.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.