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Voiture autonome : Google se dit victime d’un vol de technologie

La firme a lancé une action en justice contre l’un de ses anciens ingénieurs, passé chez Uber, qu’elle accuse de vol et d’utilisation frauduleuse de brevets.

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Publié le 05 avril 2017 à 11h20, modifié le 05 avril 2017 à 11h20

Temps de Lecture 3 min.

Des Lexus customisées en voitures autonomes par Google, à Mountain View, en Californie.

Google a-t-il été trahi ? Et cette trahison menace-t-elle l’un de ses plus gros paris sur l’avenir, la voiture sans chauffeur ? C’est ce que croit le géant de la Silicon Valley. La firme a engagé un bras de fer juridique contre l’un de ses anciens employés en charge du développement de la voiture autonome, Anthony Levandowski, passé en août 2016 chez… Uber, une société dont elle est pourtant actionnaire.

Alphabet, la maison mère de Google, accuse Anthony Levandowski, et d’autres anciens salariés, de lui avoir volé des technologies et d’utiliser des brevets de manière frauduleuse. Waymo, sa filiale consacrée à la Google Car, a engagé une action en justice en février dernier. De nouvelles pièces du dossier, révélées mardi 4 avril par la presse américaine, donnent un éclairage plus précis sur le parcours d’Anthony Levandowski.

Une chronologie des faits troublante

Tout en travaillant chez Google, ce dernier aurait collaboré en même temps avec plusieurs entreprises concurrentes de la Google Car, qui auraient été réunies sous la bannière Otto, avant d’être revendues à Uber. En outre, Waymo assure qu’avant de partir chez Uber, Anthony Levandowski a téléchargé des milliers de documents confidentiels.

La chronologie des faits est troublante. Embauché par le premier moteur de recherche mondial en 2007, Anthony Levandowski commence à travailler sur la conception de la Google Car deux ans plus tard. En 2012, il enregistre une société baptisée Odin Wave. L’été suivant, Google apprend par l’un de ses fournisseurs que cette start-up a commandé une pièce similaire à celles qui équipent ses propres capteurs laser.

En février 2014, Odin Wave fusionne avec Tyto Lidar, dirigée par un ami d’Anthony Levandowski. Début 2015, le groupe de Larry Page remarque que Tyto Lidar a développé une technologie de capteurs similaire à la sienne et s’interroge sur l’opportunité de la racheter. A l’époque, c’est même Anthony Levandowski, toujours chez Google, qui aide son employeur à analyser le savoir-faire de la start-up, en allant visiter le siège de la société. En revanche, l’ingénieur ne révèle jamais les liens qui l’unissent à Tyto Lidar, ni à ses employés.

La même année, Anthony Levandowski crée, toujours dans la voiture autonome, 280 Systems, en compagnie d’un autre ingénieur de Google, Lior Ron. Le duo tente de débaucher des salariés de Google pour rejoindre cette nouvelle aventure. En janvier 2016, les deux compères quittent enfin le moteur de recherche, rebaptisent leur société Otto et l’unissent à Tyto Lidar. Cet ensemble sera revendu à Uber en août 2016 pour 680 millions de dollars (637 millions d’euros), une somme acquittée en actions.

Signe du rôle-clé qu’il occupait chez Waymo, Anthony Levandowski a perçu 120 millions de dollars d’incitations financières. Brillant, l’ingénieur était controversé chez Google, préférant ignorer la législation en vigueur pour faire rouler au plus vite ses voitures autonomes sur les routes. Et lorsqu’il avait été envisagé pour prendre la tête de la division voiture sans chauffeur, une partie des ingénieurs s’est révoltée, poussant le cofondateur Larry Page à nommer à sa place Chris Urmson.

Entre Uber et Google, une compétition grandissante

Mais Anthony Levandowski compte aussi des défenseurs. Selon Bloomberg, d’anciens collègues ne voient rien de choquant à ce que les technologies de capteurs se ressemblent chez Google et chez Uber, les équipes étant dirigées par la même personne. De fait, Google a toujours affirmé qu’il ne poursuivrait jamais ses anciens employés et que le combat pour les brevets portait préjudice à la technologie.

Pour le moment, Anthony Levandowski ne s’est pas prononcé sur ces nouvelles accusations. Ses avocats ont expliqué la semaine dernière qu’il invoquerait le 5e amendement pour éviter d’avoir à témoigner contre lui-même.

L’affaire est surtout symptomatique du potentiel de la voiture autonome, que les géants de la Silicon Valley considèrent comme l’alpha et l’oméga de leur développement. Pour Travis Kalanick, qui accuse Google de vouloir « ralentir un concurrent », elle est même « existentielle ». En 2015, le fondateur d’Uber a embauché 40 chercheurs spécialisés en robotique issus d’une prestigieuse université. L’an passé, il a lancé une première flotte de voitures autonomes à Pittsburgh.

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Preuve de cette compétition grandissante entre les deux acteurs, David Drummond, senior vice-président d’Alphabet en charge du développement, a quitté en août 2016 le conseil d’administration d’Uber, en raison de conflits d’intérêts. En 2013, Google avait injecté 258 millions de dollars dans Uber.

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