Une ministre du bonheur a été nommée aux Emirats arabes unis, mercredi 10 février, à la faveur d’un remaniement gouvernemental sans précédent – même si les ministères clés restent toujours aux mains des familles régnantes.
Le poste de ministre d’Etat du bonheur a été attribué à Ouhoud Al-Roumi, par ailleurs directrice générale de la présidence du conseil des ministres, fonction qu’elle conserve aussi. Selon le premier ministre des Emirats arabes unies, cheikh Mohammed Ben Rached Al-Maktoum, qui est aussi souverain de Dubaï, ce ministère devra s’assurer que les politiques gouvernementales créent « le bien-être social et la satisfaction » des individus.
« Le bonheur n’est pas seulement un vœu pieux dans notre pays. Il y aura des plans, des projets, des programmes et des indicateurs. Cela fera partie du travail de tous les ministères. »
Les Emirats suivent ainsi la trace du Bhoutan, royaume himalayen qui s’était rendu célèbre en lançant une philosophie économique fondée sur le « bonheur national brut » plutôt que le produit intérieur brut.
Cette nomination s’accompagne de nombreuses autres retouches au sein de cette riche fédération pétrolière du Golfe fondée en 1971 et composée de sept émirats, parmi lesquels ceux d’Abou Dhabi et de Dubaï.
Une ministre de la jeunesse âgée de 22 ans
Selon Cheikh Mohammed, ce remaniement constitue « le changement structurel le plus important dans l’histoire du gouvernement fédéral ». Au total, huit nouveaux ministres font leur entrée au cabinet, dont cinq femmes. Certains ministères ont été regroupés par souci d’efficacité et peut-être aussi pour réduire les dépenses alors que le pays est affecté par l’effondrement des cours du pétrole.
La moyenne d’âge des 29 ministres est de 38 ans et le gouvernement compte désormais au total huit femmes. Parmi elles, c’est une jeune diplômée d’Oxford, âgée de 22 ans seulement, Chemma Al-Mazroui, qui a été désignée ministre d’Etat aux affaires de la jeunesse. Loubna Al-Qassimi, ancienne ministre de la coopération internationale et du développement, est, quant à elle, devenue ministre d’Etat à la tolérance.
Les ministères principaux restent, en revanche, l’apanage des familles régnantes. Cheikh Seïf Ben Zayed Al-Nahyane, un des fils du fondateur de la fédération, conserve ainsi le portefeuille de l’intérieur. Son frère, Cheikh Abdallah, reste ministre des affaires étrangères et récupère la coopération internationale, tandis que son autre frère, Cheikh Mansour, reste vice-premier ministre et ministre des affaires présidentielles.
Le premier ministre, Cheikh Mohammed, conserve le portefeuille de la défense, tandis que son frère, Cheikh Hamdane, ne bouge pas des finances. Idem pour le ministre de l’énergie, Suhail Al-Mazroui.
La fédération des Emirats compte environ 90 % d’étrangers sur ses quelque 9 millions d’habitants et affirme mener une politique de tolérance zéro vis-à-vis des islamistes. Proche allié des Etats-Unis et de la France, il a semblé épargné par les troubles et les guerres qui ont accompagné depuis cinq ans le « printemps arabe ».
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