Herman Van Rompuy recrute
Pour une belle sortie, c’est une belle sortie : le diplomate belge Didier Seeuws va poursuivre sa carrière dans les hautes sphères de l’Union, comme conseiller spécial du président du Conseil européen Herman Van Rompuy.
- Publié le 31-03-2011 à 21h57
Pour une belle sortie, c’est une belle sortie : le diplomate belge Didier Seeuws va poursuivre sa carrière dans les hautes sphères de l’Union, comme conseiller spécial du président du Conseil européen Herman Van Rompuy. L’affaire, si elle est de fait entendue, n’est pas formellement scellée, puisque le poste n’existe pas encore pour le moment et que le ministre Steven Vanackere doit donner son feu vert à la mise en disponibilité de son diplomate. Mais l’information, que le principal intéressé a refusé de commenter hier, est désormais sur la place publique, éventée par “De Tijd” dans son édition de jeudi. La diplomatie belge perd ainsi un de ses tout bons éléments et – à vrai dire – elle l’a un peu cherché. Après avoir mené la présidence belge du Conseil tambour battant, le représentant permanent adjoint auprès de l’UE avait posé sa candidature, dans le cadre du mouvement diplomatique, pour le poste d’ambassadeur auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques à Paris. Mais le PS a le vent en poupe et le bras long aux Petits Carmes, et la fonction que convoitait M. Seeuws lui est passée sous le nez, au profit de l’ambassadeur Yves Haesendonck, proche des socialistes.
Le Gantois de 45 ans, étiqueté Open VLD, a sans doute cru que ses faits d’armes lors de la présidence belge allaient être récompensés après avoir été largement reconnus. “Il a sous-estimé la dimension politique” des nominations, nous dit-on aux Petits Carmes, “il aurait dû se douter qu’il partait perdant et que cela n’avait rien à voir avec ses qualités”. “A une époque, les libéraux étaient très forts chez nous, ceux qui avaient une étiquette libérale se sentaient pousser des ailes”, précise une autre source. “Maintenant, les libéraux sont out et le PS et le CD&V font leurs petits arrangements.” M. Seeuws s’est retrouvé sur le carreau, sans perspective au-delà de l’été, le Conseil de direction ayant choisi (initialement du moins...) Olivier Belle, un socialiste issu du cabinet de Laurette Onkelinx, pour lui succéder. Merci et au revoir donc.
Echaudé, le diplomate, père de deux grands enfants, s’est alors mis en quête d’un avenir professionnel ailleurs. Il a informé le commissaire européen Karel De Gucht et le leader des libéraux et démocrates au Parlement Guy Verhofstadt, dont il a été le porte-parole remarqué au 16 rue de la Loi. Il a approché le secrétaire général du Conseil de l’Union, le Français Pierre de Boissieu, à qui le Belge “a fait une très bonne impression” durant la présidence, nous dit-on.
C’est dans l’entourage d’Herman Van Rompuy (CD&V) qu’il s’envolera finalement. Le chef de cabinet du président du Conseil européen n’est autre que Frans Van Daele (CD&V), diplomate de haut vol, avec lequel Didier Seeuws avait travaillé à la RP, notamment lors de la présidence belge de 2001. Les deux hommes se connaissent bien et s’apprécient.
Depuis leur Conseil de direction du mois de janvier, les Affaires étrangères ont tenté de rattraper le coup en proposant à Didier Seeuws la tête du Comité politique et de sécurité (Cops) qui s’est très récemment libéré avec le départ de Walter Stevens pour le Service européen d’action extérieure de la Haute représentante Catherine Ashton. “On ne doit pas maintenir cette impression que le ministère a abandonné” Didier Seeuws et ses collègues de la RP (lire ci-dessous), estime dès lors un ambassadeur. Mais le mal était fait. Voilà comment la Belgique en arrive à perdre, si pas dégoûter, ses meilleurs éléments.