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Libération
«Quiproquo»

A Béziers, divorce entre Robert Ménard et le FN

Marion Maréchal-Le Pen a quitté le rassemblement droitier organisé par le maire biterrois, jugé trop hostile au Front national.
par Dominique Albertini
publié le 28 mai 2016 à 13h58

Le rêve d’une «union des droites» n’aura pas duré vingt-quatre heures. Marion Maréchal-Le Pen a quitté samedi en milieu de journée le «rendez-vous de Béziers», ce colloque organisé par Robert Ménard pour rassembler les tenants d’une «vraie droite». «Manifestement, il y a eu un petit quiproquo : Robert Ménard et moi n’avons pas la même stratégie», s’est agacée la députée FN, découvrant l’atmosphère globalement «marino-sceptique» de l’événement. Plus tôt dans la journée, le maire de Béziers avait déclaré son refus d’être un «marchepied» électoral pour le FN. La veille, Yves de Kerdrel, patron du droitier hebdo Valeurs Actuelles, avait raillé une certaine «extrême extrême droite» et son programme économique «sectaire».

Ces déclarations s’ajoutent au lancement par Robert Ménard d’un «mouvement citoyen», «Oz la droite» - censé porter les aspirations libérales et identitaires d’une mouvance ne se retrouvant ni dans le FN, ni chez Les Républicains. Une initiative reçue assez fraîchement par le parti lepéniste et sa députée : «La vérité est que le Front est le seul parti à défendre 80% des idées de ces gens, juge Marion Maréchal-Le Pen. Le FN est incontournable, et c’est une erreur historique de ne pas saisir l’opportunité de mettre notre parti aux affaires. C’est un peu comme si on voulait de nos idées, mais pas de nos gueules. Ménard ne veut pas être le marchepied du FN ? Au départ, c’est pourtant le FN qui a été son marchepied». C’est avec le soutien du parti que l’ex-président de Reporters sans frontières a été élu maire de Béziers en 2014.

«Il n'y a pas de drame et je continuerai à discuter avec Robert», a assuré Marion Maréchal-Le Pen au Figaro. Samedi après-midi, pourtant plusieurs responsables du Front national critiquaient s'en prenaient vivement à Robert Ménard, à l'image du maire de Fréjus David Rachline ou du vice-président Florian Philippot - lequel évoque même, au sujet du rassemblement de Béziers, une "petite mouvance d'extrême droite" :

Ces attaques ont fait réagir Robert Ménard. Relativement indulgent vis-à-vis de Marion Maréchal-Le Pen, dont il a estimé qu'elle a quitté Béziers «sous pression» de son parti, le maire a renouvelé ses critiques vis-à-vis de Florian Philippot :

Ces passes d’armes rendent un peu plus incertain le débouché politique du rassemblement de Béziers, déjà pauvre en têtes d’affiche politiques. Ni Philippe de Villiers, ni Eric Zemmour, entre autres mascottes de la «droite hors les murs», n’ont fait le déplacement dans l’Hérault. Robert Ménard doit présenter dimanche plusieurs dizaines de revendications politiques, censées représenter le socle idéologique de la «vraie droite». Côté FN, ces péripéties semblaient servir la cause de Florian Philippot, opposé à tout virage à droite du Front national.

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