Sophie, maraîchère en micro-ferme: « La solidarité entre les clients et le cultivateur est primordiale »

A Tournai, on expérimente la permaculture à grande échelle. (Série 3/3)

Temps de lecture: 3 min

Seul un chemin de terre sépare la chèvrerie de Pierre du dédale de plates-bandes où poussent les dizaines de variétés de légumes bio de Sophie Caillau, sa compagne. Tous deux ont décidé de changer de vie et de se lancer dans l'agriculture alternative... au même moment.

« Il y avait un ras-le-bol. D'être assise 8 heures par jour, mais aussi d'écrire des textes de sensibilisation dont j'ignorais s'ils étaient lus. Je refusais de rester coincée dans ce système, explique Sophie, ancienne chargée de communication au sein d'une association environnementale. J'ai eu envie de faire un travail manuel et d'être moi-même actrice de changement. C'est ainsi qu'est né le projet de maraîchage bio 'Raconte-moi des salades'. Je suis persuadée que faire participer les gens est la meilleure façon de les sensibiliser. »

En effet, la maraîchère fonctionne en AMAP (aide au maintien d'une agriculture paysanne). Cette philosophie promeut une agriculture à taille humaine, ancrée localement et adepte de l'agroécologie (pas de pesticides ni d'engrais de synthèse). Chacun de ses clients s'engage à venir l'aider au champ au moins une journée par an. Lors du chantier participatif mensuel, ils ont ainsi l'occasion de prêter main-forte et de se rendre compte de la réalité quotidienne de l'agricultrice. Par ailleurs, ils s'engagent avec elle pour un an, en prépayant la production. « Cela me permet de ne pas m'endetter pour acheter les graines et de ne pas devoir courir après de nouveaux clients lors de la dure période de production. »

Lancer une activité maraîchère bio sur un lopin de 30 ares qui était encore une prairie l'an dernier n'est pas une sinécure. Pour le transformer en terre accueillante pour un semis, il en a fallu de l'huile de bras. En effet, ici, le labour conventionnel est proscrit. « J'ai dû travailler avec un cultivateur à dents, ça a pris pas mal de temps. Et puis effectuer de nombreux passages à la grelinette à main. Physiquement, le démarrage a été très difficile. »

Et ce d'autant plus que Sophie était sur le point d'accoucher. En mai, au plus fort de la saison, Mano pointe le bout de son nez. Moins d'une semaine plus tard, le nouveau-né accompagne déjà sa mère sur le champ. Se succèdent alors deux mois de travail manuel de la terre, 7 jours sur 7. C'est que les semis et les plantations n'attendent pas. « Clairement, ça n'a pas été évident », confie-t-elle. Au départ, elle avait prévu de débuter la commercialisation de ses légumes en juin, mais l'annonce de sa grossesse l'avait contrainte à modifier ses plans de culture. Ses premiers paniers bio seront ainsi en vente dès début septembre.

Concrètement, un panier hebdomadaire pour 2 à 3 personnes contenant minimum 5 variétés de légumes revient à 470 € pour 47 semaines de festin bio. Autrement dit, c'est concurrentiel avec les grandes surfaces. La rentabilité ? « Ce n'est pas pour cette année, mais normalement dès l'an prochain. » Pour y parvenir, Sophie va passer par couveuse d'entreprise.

 

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