Viande de cheval : la partie émergée d'un iceberg de fraude ?

Deux traders néerlandais se retrouvent au coeur de la tentaculaire enquête sur le trafic de viande de cheval vendue pour du boeuf. Et ça ne fait que commencer.

De notre correspondant à Bruxelles,

Photo d'illustration : un trader est mis en cause dans l'affaire de la viande de cheval trouvée dans des lasagnes au boeuf.
Photo d'illustration : un trader est mis en cause dans l'affaire de la viande de cheval trouvée dans des lasagnes au boeuf. © AFP ImageForum

Temps de lecture : 3 min

Et si l'affaire de la viande de cheval dans les plats cuisinés surgelés n'était que le sommet de l'iceberg, l'indicateur d'une fraude à très grande échelle ? Les ministres de huit pays présents mercredi soir à une réunion organisée à Bruxelles à la demande de la France et du Royaume-Uni se posent la question. "On a peut-être mis le doigt sur quelque chose de plus vaste", confie un diplomate. À ce jour, de la viande de cheval frauduleusement étiquetée a été retrouvée dans une demi-douzaine de pays en Europe.

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Pour en avoir le coeur net, plusieurs décisions ont été prises. La Commission européenne va effectuer 2 500 tests ADN au hasard dans toute l'Union européenne sur des plats cuisinés censés contenir du boeuf. Elle va aussi rechercher des traces de phénylbutazone, un médicament vétérinaire anti-inflammatoire fréquemment utilisé dans l'élevage équin qui, selon l'eurodéputée Vert Michèle Rivasi, première à tirer la sonnette d'alarme en début de semaine, "présente un risque pour la santé humaine". Jeudi matin, on apprenait que huit carcasses de cheval, dont trois envoyées en France à partir d'abattoirs britanniques, contiennent des traces de cet analgésique. "Nous travaillons avec la France pour sortir la viande de la chaîne alimentaire", a déclaré le ministre britannique de l'Agriculture David Heath.

Europol en renfort

Parallèlement, mis à part l'entreprise française Spanghero, deux entreprises dirigées par des Néerlandais apparaissent au centre du scandale. Draap Trading LTD (Draap, c'est paard à l'envers : cheval, en néerlandais) est enregistrée à Malte, dans la ville de Limassol (numéro du registre 565528090). Jan Fasen, son patron, est un Néerlandais vivant en Belgique. L'autre société se nomme Meat Trading. Elle a été fondée aux Pays-Bas par Hans Windmeijer. En janvier 2012, ces deux hommes ont été condamnés pour fraude aux Pays-Bas. Entre 2007 et 2009, ils avaient vendu de la viande de cheval argentine, qu'ils faisaient passer pour du boeuf halal, faisant 3,8 millions d'euros de bénéfice. Fasen a écopé d'un an de prison ; trois mois avec sursis et 160 heures de travaux d'intérêt général pour Windmeijer.

La viande retrouvée dans les fameuses lasagnes provient d'un lot de 60 tonnes de viande de cheval achetée par Draap Trading à un abattoir roumain, Carmolimo. Celle-ci a ensuite été entreposée dans les chambres froides que Windmeijer loue à l'année à une autre société de Breda (sud des Pays-Bas), Nemijtek : 150 à 300 places de palettes, que Windmeijer occupe sur les 30 000 à disposition. Selon le site agricole néerlandais Boerderij.nl, Jeffrey Grootenboer, gérant de Nemijtek, qui nie toute complicité avec Fasen et Windmeijer, aurait lui-même appelé la brigade néerlandaise de répression des fraudes. Celle-ci procède actuellement à des relevés sur des échantillons de viande dans les entrepôts. Son rapport est attendu pour la fin de la semaine.

Le quotidien De Telegraaf affirme que Hans Windmeijer a disparu depuis mardi soir. Contacté par Le Point.fr, l'avocat de Jan Fasen ne fait aucun commentaire, mais laisse entendre qu'il pourrait publier ultérieurement un communiqué. Mercredi soir, les ministres européens ont demandé à l'office européen des polices, Europol, de coordonner les enquêtes menées aux niveaux nationaux. Ce ne sera pas du luxe.

Consultez notre dossier : "Peut-on encore manger de la viande ?"

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Commentaires (69)

  • DANIEL 74

    La pub et les subventions sont bien les ennemis de la Liberté. Pour être libre la femme doit travailler. C'est l'asservissement de celle qui doit assurer la pérennité du Monde envers un système qui nous écrase tous. Plus de commerce de proximité, plus de plats préparés, plus de partage, il faut consommer et pour consommer il faut gagner de l'argent même si pour gagner de l'argent il faut en dépenser beaucoup par perte de l'économie de base. Tout cela pour permettre à des spéculateurs de nous empoisonner mais légalement. Il est patent que la crise Française est l'illettrisme. Monsieur Barbey d'Aurevilly nous avait pourtant averti : ". Il y a plus bas que le ventre ; il y a ce que l'on y met et ce qui en sort. Aujourd'hui on nous donne de la charcuterie, demain ce sera de la vidange ! "i vous n'avez pas de marché de proximité, jeunez, les farines animales reviennent !

  • Philomene

    Cela doit être difficile de gérer autant de nourriture et si peu chèrement vendue. Il faut des acteurs avec une grande probité. Mais non, la morale n'a rien a voir la dedans n'est-ce pas ?

  • matdutarn

    Hiberfox et oui le "boeuf" est en très grande majorité de la vache de réforme notamment laitière ! Car il faut bien que nos petites vaches qui font du lait ne finissent pas en totalité en farines de viande ! Ou alors il faut arrêter de donner des produits laitiers à nos enfants ou alors importer tous les produits laitiers, comme ça en France il n'y aura plus de vaches laitières et nous ne devrons plus transformer cette viande ! C'est une solution ! Elle permettra en plus que des centaines d'hectares ne soient plus cultivés et reviennent à l'état sauvage ! Quel bonheur ! Par contre, pour manger du boeuf, il faudra être patient car un boeuf castré (et oui castré, le pauvre, à moins que tu aimes la viande bien forte voire pisseuse) il faut 3 ans pour qu'il soit prêt ! Et une belle somme d'argent à investir ! Ah non pardon, il est interdit de parler d'argent quand on parle d'agriculture ! La rentabilité est un mot employé dans tous les secteurs économiques mais il semble qu'il est immoral dès qu'il a trait à ce que les gens mangent !