MARIO CECCHINI

L’homme qui aimait le changement

Installé dans le fauteuil de président de RNC Média depuis lundi dernier, Mario Cecchini m’a reçu dès le surlendemain. Dans son bureau de la Place Ville Marie, plusieurs tableaux et objets décorent les murs et les étagères comme s’il l’occupait depuis des années. « Ça, c’est du Mario tout craché », me dit son adjointe avant d’ajouter que le patron serait en retard de quelques minutes.

Parfait, me suis-je dit, ça me donnera le temps de fouiner. Plusieurs photos de celle avec qui il partage sa vie depuis 23 ans et de leurs deux filles longent la fenêtre. Sur une plaque, une pensée rédigée en anglais qui est sans doute son mantra de gestionnaire et qui dit à peu près ceci : « Prends des risques. Oublie les règles. Jette les recettes. Colorie hors des lignes. »

Sur un mur, une affiche laminée de Martin Luther King et une autre de John F. Kennedy. « Celle-là me suit depuis 1987, me dit Mario Cecchini après une flamboyante arrivée. J’aime provoquer le changement. Ces figures sont inspirantes. Leur époque aussi. Dans les années 60, il y avait une volonté de tout changer. Ça me rejoint beaucoup. »

Le changement, c’est le principal moteur de celui qui a une riche expérience dans le domaine de la gestion des médias au Québec. De ses débuts à Télémédia en 1984, en passant par la haute direction de Zoom Média, Astral et Corus, il a toujours été mené par l’envie d’adapter l’industrie des médias aux nouvelles réalités. Cela fait de lui aujourd’hui un patron respecté et un gestionnaire écouté.

À la suite d’une restructuration de Corus l’hiver dernier, son rôle de président de la section québécoise de l’entreprise a pris fin abruptement. L’homme de 52 ans n’a pas été inactif longtemps. « Mon contrat a pris fin le 1er avril et le 7, je mangeais avec Raynald Brière, le vice-président exécutif du conseil d’administration de RNC Média. »

Jadis en compétition, les deux hommes travaillent maintenant ensemble à faire grandir ce groupe média qui compte dans son cercle 16 stations de radio, dont CHOI 98,1 Radio X et Rock 100,9 à Québec, le 91,9 Sport à Montréal, ainsi que 5 chaînes de télévision en Outaouais et en Abitibi-Témiscamingue.

« Entre Bell Média et Cogeco, je dirais que nous sommes le joueur modeste, dit Mario Cecchini. Mais attention, le joueur le plus agile. »

L’agilité, ce mot reviendra souvent dans la conversation. Il insiste aussi sur une approche locale du contenu. « Il faut être fort localement, c’est ça, le secret, dit-il. Oui, nous pourrions créer une autre station de sports à Québec, mais pour cela, il faudrait s’assurer d’avoir un contenu local fait par des équipes sur place. »

LA PASSION DES SPORTS

Même s’il doit composer avec toutes les sphères du monde de l’information, Mario Cecchini avoue avoir un faible pour les sports. On sent que la station 91,9 Sport (voir encadré) dont il est maintenant responsable aura toute son attention.

« Les sports, c’est devenu mon dada avec le temps. Les sports, c’est le fun, c’est rassembleur, ça réunit le grand-père et son petit-fils. Et la beauté avec le sport, c’est que tout le monde a raison. Quand il y a eu l’échange de Subban contre Weber, tout le monde avait raison. »

— Mario Cecchini, nouveau président de RNC Média

L’homme posé et sage qu’est Mario Cecchini devient le grand patron du très turbulent Jeff Fillion. Le collectionneur de controverses a récemment effectué un retour à Radio X à Québec. Je demande à Mario Cecchini comment il perçoit les animateurs débridés comme Fillion.

« Au début de ma carrière, j’ai connu l’ère Pascau et Proulx. Je connais bien la nouvelle génération d’animateurs. Alors, je vis très bien avec ça. Oui, ça peut être violent parfois, mais quand un animateur dénonce le fait qu’on n’offre aux personnes âgées qu’un bain par semaine, je comprends qu’on puisse être virulent. »

Il m’a répété que Jeff Fillion et les autres animateurs ont son entière confiance. « S’ils ne l’avaient pas, ils ne seraient pas en ondes au moment où l’on se parle. »

SAVOIR DÉCROCHER

Trente-deux ans comme patron de différents groupes médias, c’est exigeant, c’est usant. Mario Cecchini ne semble pas avoir perdu la fibre de ses débuts. Son secret : savoir décrocher quand il le faut.

« C’est un univers qui laisse peu de répit. Mais quand j’ai retourné tous mes courriels et quand j’enfile mon casque avant de dévaler une pente de ski, le message est clair : je décroche. »

— Mario Cecchini

Ces moments de décrochage, Cecchini les vit en famille. Celle qu’il a épousée en 1993, Danielle Simard, et ses deux filles de 18 et 22 ans sont toute sa vie. « Ma plus jeune va avoir 18 ans. On lui organise un party vendredi », me dit-il les yeux brillants.

En 2007, sa femme a appris qu’elle était atteinte d’un cancer du sein. Le couple est passé à travers cette épreuve avec succès. C’est pourquoi ils ont créé deux ans plus tard la Fondation Événements Victoire. Chaque année, un spectacle-bénéfice est organisé avec une vedette de la chanson (Gregory Charles, Marc Hervieux, Robert Charlebois). À ce jour, la fondation a remis 640 000 $ pour lutter contre le cancer du sein.

Depuis janvier dernier, Mario Cecchini est également le nouveau président de l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision (ACCT). La journée de notre rencontre, une équipe venait enregistrer le message officiel qui sera diffusé lors du prochain gala des Gémeaux. « Ce que je porte aujourd’hui, je dois le reporter le soir du gala. Il faut que je sois raccord », dit-il en riant.

Au cours des prochains mois, Mario Cecchini aura plus que des préoccupations vestimentaires devant lui. Un grand défi l’attend. Un autre de plus dans sa carrière. Quelques fois durant l’entretien, il a mis la main sur un cartable. C’est sans doute là-dedans qu’il a rassemblé ses idées pour faire évoluer RNC Média. Des idées qui se feront bientôt entendre ou voir.

Médias

Des nouveautés au 91,9 Sport

Lancé en septembre 2015, le 91,9 Sport s’est rapidement imposé auprès des amateurs de sports, toutes catégories confondues. Sa solide équipe d’animateurs (Michel Langevin, Enrico Ciccone, Jean-Charles Lajoie, Michel Villeneuve, Gilbert Delorme, Georges Laraque, Jeff Paquet, Olivier Brett, Stéphane Gonzalez) offre des moments d’antenne passionnés dans lesquels les auditeurs sont la plupart du temps intégrés.

Après une première année, on souhaite apporter des changements à la grille d’émissions afin de combler les inconditionnels de cette station. Ces nouveautés seront annoncées en primeur lundi à 8 h sur les ondes du 91,9 Sport.

La Presse a toutefois appris que le plus important changement touchera les soirées, en semaine. Celles-ci deviendront complètement en direct. C’est le jeune animateur Meeker Guerrier qui sera aux commandes de Sports Extra, un grand magazine à plusieurs volets qui donnera d’abord place au soccer dès 19 h. Puis, à 19 h 30, ça sera au tour du football. À compter de 20 h, on commentera de trois à six faits saillants qui ont marqué la journée avec des intrusions dans les matchs de hockey en cours lors des pauses. De 22 h à minuit, les auditeurs pourront profiter d’une grande tribune téléphonique pour faire part de leurs impressions sur divers sujets.

« En quittant le Centre Bell les soirs de match, j’écoutais notre radio et je tombais sur des reprises de nos émissions, raconte Yves Bombardier, vice-président information et programmation de RNC Média et directeur général du 91,9 Sport. C’est après un match que les gens ont envie d’échanger et d’en parler. Je me suis dit qu’il fallait absolument rendre nos soirées accessibles aux auditeurs. »

Yves Bombardier veut faire croître la qualité du contenu dans les différentes émissions. Il veut aussi favoriser la nouvelle exclusive. Enfin, il veut miser sur les têtes d’affiche de la station. « Évidemment, la place de l’auditeur demeure prépondérante, dit-il. C’est grâce à eux qu’on va devenir la référence sportive à Montréal. »

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