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PICARDIE Le phénomène inquiétant des lycéens sous hypnose

Un lycéen d’Albert (Somme) pratiquerait l’hypnose sur ses camarades de classe depuis la rentrée. Un phénomène également constaté à Beauvais, qui inquiète les autorités.

Temps de lecture: 4 min

C’est une histoire à dormir debout, au propre, comme au figuré. Mais les faits, étayés par de nombreux témoignages et corroborés par la gendarmerie de la Somme ne font pas rire du tout les autorités. « On pourrait prendre ces faits à la légère, mais ce genre d’histoire peut très mal se finir », confie ce représentant de la gendarmerie de la Somme, qui vient de révéler l’affaire assez ahurissante sur sa page Facebook.

Depuis la rentrée de septembre, un élève de 1ère littéraire du lycée Lamarck d’Albert pratiquerait l’hypnose, non sans talent, sur ses camarades de classe. Une efficacité visiblement redoutable, constatée il y a tout juste une semaine en gare de Corbie (Somme), où une jeune fille scolarisée dans cet établissement est retrouvée inanimée, plongée dans un profond sommeil. Les pompiers n’arrivent pas à la réveiller. Les camarades de la jeune fille présentes sur les lieux expliquent alors que la lycéenne est sous hypnose, et qu’elle s’endort systématiquement dès qu’elle entend le mot « dormir », ou après un simple claquement de doigts.

« C’est redoutable, les pompiers ont pu s’en rendre compte, raconte le gendarme. Alors qu’elle retrouvait ses esprits, un pompier a claqué des doigts pour la tenir éveillée, ce qui a provoqué son endormissement immédiat.  » Transportée au centre hospitalier d’Amiens sud, la jeune fille s’est finalement réveillée et a été gardée en observation jusqu’au samedi 5 décembre. Les examens pratiqués n’ont rien révélé d’anormal.

Un jeu depuis septembre

Mais les enquêteurs sont loin d’être au bout de leurs surprises. En interrogeant ses camarades de classe, ils apprennent que ce petit jeu dure depuis plusieurs mois au sein du lycée Lamarck d’Albert. Un lycéen, qui aurait depuis septembre transmis son savoir à deux de ses camarades, pratiquerait l’hypnose de façon régulière au sein même de l’établissement. Tous les élèves que nous avons interrogés cette semaine aux portes du lycée confirment les faits, entre fascination et inquiétude. « C’est impressionnant, je ne sais pas comment il fait, mais il est capable de faire tomber les gens comme des mouches, raconte Louise, 17 ans, témoin direct de scènes d’hypnose. Quand on est une fille, ce n’est vraiment pas rassurant. »

Un peu plus loin, Antoine, 18 ans, partage la même gêne. Il y a quelques semaines, lui aussi a été témoin d’une scène assez surréaliste. Quatre « victimes » consentantes d’une séance d’hypnose qui s’effondrent comme un château de cartes sous un préau de l’établissement. « Au début c’était marrant, là, ça commence vraiment à devenir lourd, perso, je fais tout pour les éviter. »

Étonnamment, si ces faits inquiètent les autorités (sur sa page Facebook la gendarmerie de la Somme met clairement en garde contre ces pratiques), l’Éducation nationale semble minimiser les faits, du moins se dédouaner de toute responsabilité. « Cela ne se passe pas au sein du lycée, nous n’avons pas à intervenir », indique le proviseur Didier François. Les témoignages recueillis semblent pourtant montrer que ces séances d’hypnose se déroulent bien dans l’enceinte ou aux abords immédiats du lycée. Du côté du rectorat, on explique également que ces faits ne relèvent pas de la responsabilité de l’Éducation nationale. « Néanmoins, si des élèves pratiquent l’hypnose dans le lycée, ils seront évidemment sanctionnés », assure la chargée de communication, qui évoque un « cas isolé ».

Isolé ? Le phénomène d’hypnose, largement relayé par des émissions de télévision, semble être un jeu très à la mode auprès des lycéens. À Beauvais, il y a un mois, sous un porche d’habitations, aux alentours du lycée des Jacobins en centre-ville, nous avons été témoins de quatre adolescents – trois garçons et une fille – jouant à ce jeu dangereux. La jeune femme inconsciente était soutenue, par les bras, par deux camarades. En un claquement de doigts de son hypnotiseur, elle était revenue à elle. Contacté, le proviseur du lycée n’a jamais entendu parler de tels agissements au sein de son établissement.