Ile-de-France : la gestion du PS mise en cause dans un audit

L'audit note également des dysfonctionnements dans l'attribution des subventions lors de la précédente mandature socialiste du conseil régional.

Source AFP

Jean-Paul Huchon, ancien conseiller régional d'Ile-de-France
Jean-Paul Huchon, ancien conseiller régional d'Ile-de-France © BERTRAND GUAY

Temps de lecture : 3 min

Un audit financier sur la gestion de la précédente mandature socialiste du conseil régional d'Ile-de-France montre « un recours massif à l'endettement » et une solvabilité financière « fortement dégradée », selon la synthèse transmise ce lundi aux conseillers régionaux. Cet audit, commandé par la nouvelle présidente LR Valérie Pécresse, réalisé par le cabinet Ernst & Young et dont les principaux éléments ont été publiés lundi dans Le Figaro, indique que sur la période 2010-2015 la Région « n'a pas su maîtriser ses dépenses pour maintenir ses équilibres financiers », et que les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 9 % (+ 223 millions) sur la période 2010-2015, alors que les recettes sont restées stables (+ 1 %, soit 29 millions).

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Des dysfonctionnements dans l'attribution des subventions 

Il souligne plus particulièrement l'évolution des dépenses « dans les transports (avec l'impact du passe Navigo unique) et l'enseignement (dotation lycées principalement) d'une part, et d'autre part de la masse salariale (croissance des effectifs du siège de 135 agents et harmonisation des traitements des agents des lycées conduisant à une augmentation de 57 millions d'euros de la masse salariale entre 2010 et 2015, soit 16 %) », qui « n'a pu être suffisamment contenue pour préserver les équilibres financiers ». « Il en résulte une perte de capacité d'autofinancement », note l'audit. Pour financer ses investissements, la Région a « dû avoir recours massivement à l'emprunt », et l'encours de dette a augmenté de 1,9 milliard d'euros entre 2010 et 2015, avec pour conséquences « une détérioration de la capacité de désendettement de la région Ile-de-France, qui passe de 3,9 années en 2010 à 7,8 années en 2015 ».

L'audit note également des dysfonctionnements dans l'attribution des subventions, comme « le versement d'avances importantes » et des justificatifs insuffisants voire « absents » pour le versement du solde. « À cet égard, nous avons constaté que sur un échantillon de 28 dossiers de subventions examinés, des dysfonctionnements quant au suivi de la dépense et la vérification de la concrétisation des actions subventionnées peuvent être observés dans 20 dossiers » (71,4 % des cas). Il souligne aussi « la présence d'irrégularités sur la procédure de passation » des marchés publics inférieurs à 90 000 euros. Sur 15 marchés publics analysés, il a constaté dans 54 % des cas « une analyse des candidatures très rarement effectuée de manière approfondie et/ou une analyse des offres parfois lacunaire », et dans 40 % des dossiers analysés « des pratiques susceptibles d'entacher d'irrégularité la procédure de passation des contrats ». L'audit s'interroge aussi sur la légalité du temps de travail des personnels des lycées et des agents du siège, « inférieur au minimum de 1 607 heures par an », et du régime indemnitaire des agents.

« Un budget en trompe-l'œil »

L'audit fait plusieurs préconisations, comme « mettre fin aux pratiques de gel budgétaire », qui consistait à faire voter des crédits par les élus et les bloquer immédiatement après, ce que Valérie Pécresse avait dénoncé comme « un budget en trompe-l'œil ».

Dans un communiqué, le Front de gauche déplore qu'à deux jours de l'examen du budget 2016 par la Région, les élus « découvrent par voie de presse » cet audit, jugeant « scandaleuse » cette pratique « qui réduit l'assemblée régionale à une chambre d'enregistrement ». Dans un autre communiqué, le groupe FN s'est étonné que « Valérie Pécresse fasse mine de ne découvrir qu'aujourd'hui (...) ce que le Front national répétait déjà à l'envi depuis des lustres : la gestion de l'Ile-de-France par le Parti socialiste était fidèle à leurs habitudes : clientéliste et douteuse ». Le groupe Radical Citoyen Démocrate et Écologiste (RCDE) a de son côté demandé un audit contradictoire.

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Commentaires (30)

  • janou002

    L’homme qui valait au mieux 35 milliards
    9 février 2012 par H Sterdyniak
    Sarkozy a coûté 500 milliards à la France. Tel est le point central du livre : « Un quinquennat de 500 milliards d’euros » de M Delattre et E Levy. Selon ces auteurs, l’accroissement de la dette de la France de 632 milliards d’euros entre fin 2006 et fin 2011 ne s’expliquerait que pour 109 milliards par la crise ; 523 milliards seraient le prix du quinquennat de Nicolas Sarkozy, dont 370 milliards viendraient d’une mauvaise gestion passée non corrigée et 153 milliards de décisions dispendieuses prises durant le quinquennat. Faut-il prendre ces chiffres au sérieux ?
    Commençons par une comparaison internationale. De fin 2006 à fin 2011, la dette de la France a augmenté de 21, 4 points de PIB ; celle de la zone euro de 21, 5 points, celle du Royaume-Uni de 40, 6 points, celle des Etats-Unis de 29, 2 points. Il n’y a aucune spécificité française, aucun effet Sarkozy ; la dette de la France a augmenté comme la moyenne de celle de la zone euro, c’est-à-dire de 500 milliards d’euros qui représentent 20 points de PIB. Peut-on soutenir que sans Sarkozy la dette publique de la France aurait été stable en pourcentage du PIB alors qu’elle augmente sans lui partout ailleurs ?
    En fait, selon le dernier rapport économique du gouvernement, de fin 2006 à fin 2012, la dette publique française augmenterait de 620 milliards d’euros. Cette hausse peut être décomposée ainsi : 275 milliards proviennent des intérêts versés, 310 milliards proviennent de la crise économique, 30 milliards des politiques de relance mises en œuvre en 2009-2010, 60 milliards des politiques de baisse d’impôts ; mais en sens inverse les politiques de restriction des dépenses publiques (baisse du nombre de fonctionnaires, non-revalorisation de leur salaire, gestion rigoureuse des prestations sociales, etc. ) ont permis d’économiser 55 milliards. La responsabilité de Sarkozy est donc fortement réduite, au mieux de 35 milliards d'€"...

  • anneg

    N'étant pas convaincue que la droite soit plus vertueuse que la gauche pour une saine gestion des deniers publics, saluons la vertu de l'alternance. Si seulement tous les élus pouvaient gérer en pensant à l'audit qui passera leur mandat au crible ! Mais j'y pense, n'est-ce pas là la mission de la Cour des Comptes ?

  • François LEBLANC

    Coluche avait raison, ils ne veulent pas construire de places supplémentaires en prison, ils pourraient (surtout ils devraient) y avoir une place réservée.