Publicité

L'inflation, une mauvaise solution pour réduire la dette

Pour rembourser leur dette à moindre frais, des Etats pourraient, à l'horizon de trois ans, laisser filer l'inflation. Un outil dangereux.

Par le passé, un Etat disposait d'une arme redoutable pour faire fondre ses dettes : l'inflation. En laissant les prix augmenter jusqu'à parfois dépasser le taux d'intérêt auquel il a emprunté, un pays peut diminuer le poids de sa dette.

Un exemple : une inflation de 3,5% annule la charge des intérêts sur la dette si le taux d'intérêt est lui aussi de 3,5%. Si les prix augmentent encore, c'est la valeur même de la dette qui diminue. Séduisant pour les Etats, ruineux pour les investisseurs.

Aujourd'hui, le marché se demande si certains Etats ne seront pas tentés d'utiliser cette arme pour s'en tirer à moindre frais. «La reprise de l'inflation n'est pas à craindre à court terme, mais plutôt à un horizon de trois ans», tempère Olivier Gasnier, économiste à Société Générale CIB. «S'il apparaît contre-productif de faire des efforts budgétaires pour réduire l'endettement, certains, notamment du côté des Etats-Unis, pourraient bien envisager de laisser filer les prix afin de réduire le poids relatif de la dette».

La Banque centrale américaine, la Fed pourrait se laisser tenter. Elle poursuit en effet un double objectif : contenir l'inflation et soutenir le plein-emploi. Or, elle pourrait éventuellement décider de sacrifier le premier pour sauver le second.

En Europe, la question ne se pose pas. «La Banque centrale européenne (BCE) est moins accommodante que la Fed», rappelle Frédérique Cerisier, économiste chez BNP Paribas. Et pour cause : au contraire de son homologue américaine, elle ne poursuit qu'un seul objectif, la maîtrise de l'inflation. Elle ne laissera pas partir les prix à la dérive.

De toute façon, «une forte inflation n'est pas un outil efficace pour réduire le dette», prévient le Fonds monétaire international dans son dernier rapport sur les finances publiques. D'après ses calculs, «une hausse des prix de 6% durant cinq ans érodera d'à peine un quart l'augmentation prévisible des ratios de dette.» Surtout, les marchés ne devraient pas rester sans réagir et une reprise de l'inflation pourrait entraîner une hausse des taux d'intérêt.

» 2009 et 2010, les années déficit

» Les dettes publiques menacent peu les taux

L'inflation, une mauvaise solution pour réduire la dette

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
52 commentaires
    À lire aussi