© Sonia Klajnberg et Alexandre Dujardin

Ta mère en planque sur ton smartphone

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Logiciels espions dans les portables, GPS dans les sacs à dos… Des parents ultraprotecteurs surveillent leur progéniture à l’aide de gadgets high tech. Flicage ou protection?

Aidé par la technologie, l’espionnage familial semble en pleine expansion. Ainsi, ces parents équipent leurs enfants de balises GPS portatives, vendues, par exemple, par la société Ma p’tite Balise. De la taille d’une clé de voiture, il s’agit d’un boîtier qu’il suffit de glisser dans le cartable ou la poche du blouson. Doté d’un bouton SOS, il permet, depuis un ordinateur ou un smartphone, de les localiser en permanence, avec une précision garantie de trois mètres. Les parents angoissés peuvent aussi équiper leurs enfants d’une balise GPS Trax, dont la marge d’erreur est également de trois mètres, qui permet de délimiter des zones qui leur sont défendues sur une carte interactive. Ils sont alertés dès que l’enfant y pénètre.

Les ados n’échappent pas, eux non plus, aux applis de contrôle à distance, bien moins coûteuses. Telle Alert Us. Son principe est simple: les parents sont avertis de l’arrivée de leur progéniture à l’école ou à la maison, sans avoir besoin d’envoyer des messages. En cas d’accident, l’enfant peut prévenir ses parents ou tout autre « protecteur » dont le contact est enregistré. Une alerte est également envoyée aux différents services de secours.

Ces nouveaux espions pullulent sur l’App Store et sur l’Android Market. Ainsi iChaper. Le diminutif de « chaperon », dans une version modernisée et terriblement efficace. Une fois iChaper téléchargé sur le smartphone de l’enfant, les parents peuvent gérer le nombre d’appels et les SMS en fonction de tranches horaires (éviter les heures de cours, par exemple), choisir les applications mobiles appropriées… L’appli géolocalise également le mobile et envoie une alerte lorsque l’écolier pénètre dans l’enceinte scolaire. Elle peut aussi délimiter un périmètre autorisé et déclencher un signal si l’enfant en sort. Les parents peuvent aussi installer Family ou Où est ma fille, des applis qui, à tout moment, localisent la « cible ».

Flicage? Selon la société iChaper, il s’agit d’accompagner l’ado dans l’apprentissage de l’utilisation d’un smartphone. D’ailleurs, le contenu des messages et des photos n’est pas consultable par les parents, afin de respecter l’intimité de l’utilisateur. ZoeMob, lui, permet d’être alerté quand l’ado reçoit sur son mobile d’éventuels « sextos » ou des SMS d’intimidation. Mais d’autres applis, carrément invisibles, vont plus loin encore. Elles permettent de violer incognito tout le contenu d’un portable. « En cinq minutes, commencez à espionner le téléphone portable de votre enfant. Recevez secrètement la copie de ses messages, appels, contacts, position GPS, historique Internet, conversations Facebook, Whatsapp, Viber et plus encore, à distance, sans être vu », propose MobiPast. Comme TeenSafe. A partir de son portable, le parent peut vérifier tout ce qu’un ado fait sur son mobile. Ou l’appli mSpy, par exemple, un « keylogger ». Le géniteur peut lire et enregistrer en temps réel ce que l’ado frappe sur son clavier… et récupérer ainsi tous les mots de passe.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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