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On n'attendait pas hier soir du président de la République qu'il cassât la baraque. Ce n'est pas son genre et les circonstances ne lui permettaient pas de fanfaronner, dans la situation embarrassante où il se trouve. Mais qu'au moins il apportât un peu de clarté et de vérité sur les principaux problèmes qui l'assaillent depuis quelques semaines et sur ses intentions. Las ! En matière de dérobade, son intervention fut un chef-d'œuvre. Parler pour ne rien dire, décidément il s'y entend. Comme parler pour ne rien faire.
D'abord, ce remaniement. L'essentiel était déjà résolu : c'était le départ de Christiane Taubira, gage donné à la France modérée. Restait à régler la question des Verts. Entreraient-ils ou non au gouvernement ? Question capitale pour l'avenir du pays ! Voilà, c'est fait, et généreusement. La belle affaire ! En effet, que représentent ces trois malheureux, sinon eux-mêmes, désavoués par la plupart des leurs ? Il faut que Hollande se sente bien démuni pour payer si cher un calcul politique aussi dérisoire, car ce n'est que cela, un calcul politique parmi d'autres, bien qu'il s'en défende toutes les cinq minutes.
Pour le reste, quoi de nouveau ? L'éternel radical de gauche de service chargé d'aménager le territoire en quatorze mois, mais, là encore, il ne s'agit pas - bien sûr - d'un calcul politique. Et puis, pour rassurer le patronat, le maintien à son poste de Macron, mais relégué au quatorzième rang de la hiérarchie gouvernementale avec des pincettes (« Il a son tempérament… Il vaut mieux des talents que des incapables [sic !] »). Bref, rien de nouveau, pas un relief, la reconduction vaguement rapiécée de l'équipe en place, épuisée par ses performances.
Hollande se retrouve politiquement nu comme un ver
Pour quelle politique ? La même, désespérément. C'est-à-dire ? Il apporte la réponse : « Agir, réformer, avancer… Plus vite… Si cela ne tenait qu'à moi, cela serait encore plus vite… Il faut que ça bouge, ça va bouger [resic !]… » Un vrai, un rigoureux programme de gouvernement au contenu ambitieux, comme vous le voyez, propre à réveiller les énergies ! Ce « si cela ne tenait qu'à moi » est savoureux dans la bouche d'un chef d'État. On peut difficilement imaginer plus bel aveu d'impuissance et d'échec de la part d'un homme qui, fort au départ d'une majorité confortable, se retrouve politiquement nu comme un ver au terme de son mandat, après avoir disposé durant quatre années de tous les leviers du pouvoir.
Croyez-vous qu'il soit saisi du moindre doute sur lui-même ? « Je tiens ma ligne », dit-il sans complexe, quand cette ligne est brisée depuis longtemps. Ses propos d'hier soir, et c'est un comble, révèlent son arrière-pensée concernant son avenir. Non content d'éluder la question de sa succession alors qu'il avait subordonné celle-ci à l'évolution du chômage, c'est au contexte sécuritaire qu'il est capable demain de lier le problème. Lorsqu'il évoque le terrorisme et la guerre comme motif majeur de ses préoccupations et objet principal de ses tâches, on pressent qu'il va nous faire le coup du père de la nation, du sauveur de la patrie et du candidat naturel pour légitimer sa prétention à un second mandat. Il rêve !
Dehors... Et meme là il va nous coûter cher...
Au fait, je veux bien acheter sa cabane à Mougins au prix déclaré... De suite
D'élections perdues en élections perdues, les deux têtes de l'exécutif nous ont chaque fois assuré qu'ils avaient compris le message des Français. Résultat : une nette tendance à revenir au point de départ. Si c'est pour tenter d'occulter, effacer un mandat calamiteux, c'est faire preuve de trop d'optimisme. Si c'est pour préparer l'avenir, ce n'est certainement pas la meilleure méthode.
De toute façon, nous devrons "boire la coupe jusqu'à la lie" ou l'hallali (au choix)