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Explosion de policiers accros aux antidépresseurs

Le nombre de policiers qui consomment ces médicaments est en hausse depuis cinq ans

Terry McKee
L’ex-policier de la GRC Terry McKee affirme avoir vu plusieurs cas de détresse chez ses collè­gues policiers lorsqu’il travaillait pour le détachement de Moncton. Photo Courtoisie


Le nombre d’agents de la GRC qui consomment des antidépresseurs ne cesse d’augmenter depuis cinq ans et la situation risque d’empirer si rien n’est fait, craignent d’anciens policiers.

En 2010, 1781 policiers de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) se sont fait rembourser plus de 600 000 comprimés d’antidépresseurs par leur employeur, pour un total de 785 981 $. Quatre ans plus tard, ils étaient plus de 2200 dans la même situation pour une facture de 952 095 $.

«Ça ne s’arrêtera pas. La GRC se fout de la santé mentale de ses employés. [...] Moi, je n’ai eu aucune aide, aucune compassion, lorsque je suis tombé malade. On m’a laissé seul», dénonce Terry McKee, un ex-agent de la GRC.

Retraité faute d’aide

Celui qui a été superviseur et policier pendant 15 ans au détachement de Moncton a dû mettre fin à sa carrière en 2013, faute de «soutien pour continuer».

Après avoir été impliqué dans un incident avec une arme à feu en 2003 (dont il refuse de parler), M. McKee a lutté contre la dépression et l’anxiété.

«Je n’ai reçu aucune aide psychologique après l’événement. C’est seulement des années plus tard que je me suis rendu compte que je n’étais plus la même personne. Je m’isolais et je me disputais avec ma famille.»

Après trois mois de congé de maladie, il est revenu au travail en 2007. «Mes supérieurs n’avaient aucune empathie pour moi. J’étais traité comme un cas à problème.»

En 2010, le policier s’est de nouveau retrouvé en congé de maladie. Il le sera jusqu’à sa démission pour raisons médicales en 2013. «Si j’avais reçu de l’aide, je serais encore au travail aujourd’hui», jure-t-il.

Poussés à la limite

Des cas comme ceux-là, l’Association des membres de la police montée du Québec affirme en voir souvent.

«Notre milieu de travail est toxique. La question de la santé mentale a longtemps été cachée, taboue. Les policiers souffrent en silence», affirme le porte-parole Paul Dupuis.

Au cours des dernières années, les conditions de travail des policiers de la GRC ont fait la manchette à plusieurs reprises. L’Association professionnelle de la police montée du Canada a d’ailleurs demandé que la question du harcèlement soit incluse dans la négociation des futures conventions collectives. L’an dernier, plus de 300 agentes de la GRC ont déposé une demande en recours collectif pour discrimination et harcèlement sexuel au travail.

Selon le pharmacien Benoît Morin, il n’y a aucune raison de s’inquiéter de la prise d’antidépresseurs chez les policiers.

«À long terme, on peut très bien fonctionner en prenant des antidépresseurs. Il y a beaucoup plus d’effets négatifs au travail si on ne traite pas la dépression.»

Pour la psychologue Louise Nadeau, la nature du travail des policiers est «certainement liée» à certains cas de dépression, bien que les agents soient formés pour résister au stress.

La GRC, elle, a refusé de «spéculer sur les raisons ou les causes liées aux problèmes de santé mentale» de ses membres.

Le corps policier a lancé, en 2014, une stratégie quinquennale en matière de santé mentale à l’intention de tous ses employés.

Consommation d’antidépresseurs par des policiers de la GRC

2010 1781 policiers 623 770 comprimés 785 981 $
2011 1956 policiers 715 507 comprimés
910 658 $
2012 2014 policiers 733 231 comprimés 948 718 $
2013 2066 policiers 760 115 comprimés
957 102 $
2014 2116 policiers 767 472 comprimés
952 095 $
2015 2226 policiers 809 219 comprimés 845 142 $

Source: GRC

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