La littérature sous contraintes a connu ses riches heures. A partir des années 1960, l'Ouvroir de littérature potentielle (Oulipo.net) a réuni les plus fervents adeptes de cette pratique consistant à s'imposer des règles d'écriture : lipogramme (texte où l'on s'interdit l'usage d'une ou plusieurs lettres), palindrome (texte pouvant être lu dans les deux sens), ou anaérobie (priver le texte, phonétiquement, d'une lettre), etc.
Cousine de l'Oulipo, la microlittérature, dont la micronouvelle est, de fait, la forme la plus aboutie, connaît aussi ses partisans. On attribue ainsi la fiction la plus brève à l'Espagnol Luis Felipe Lomeli dont le texte de L'Emigrante, composé de quatre mots ( "¿Olvida usted algo? -¡Ojalá!", "Oubliez-vous quelque chose ? - Pourvu que oui !") a supplanté, en 2005, El Dinausorio, du Guatémaltèque Augusto Monterroso, qui en comportait deux de plus ("Cuando despertó, el dinosaurio todavía estaba allí", "Quand il se réveilla, le dinosaure était encore là.")
Mais, en la matière, la palme de la popularité revient, sans conteste, à Ernest Hemingway avec son célèbre "For sale: baby shoes, never worn" ("A vendre : chaussures bébé, jamais portées"). Cette nouvelle, rédigée dans les années 1920 dans un bar, répondait au défi lancé par des amis de l'auteur américain d'écrire une nouvelle en six mots. Hemingway considéra que c'était la meilleure histoire qu'il avait écrite. Son pouvoir d'évocation est en effet considérable, et c'est le lecteur qui, ici, explicite cette triste histoire en forme de petite annonce.
Deux sites au moins - sans parler des nombreux commentaires sur le sujet tel celui de Flupke sur Oniris.be - permettent d'exercer ses talents de microauteur : l'américain Smithmag.net, dont le "Six word story project" compile les contributions libres en langue originale, et le français 6mots.com qui, en outre, varie les thématiques et permet de commenter les autres contributions... Et en six mots de préférence.
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