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Passe d'armes politique à Grigny sur fond de dérive terroriste d'Amedy Coulibaly

Malek Boutih. STEPHANE DE SAKUTIN/AFP

LE SCAN POLITIQUE - Le maire communiste Philippe Rio s'apprête à lancer une action en justice contre le député PS de la circonscription, Malek Boutih, qui l'accuse d'être plus ou moins responsable de la trajectoire d'Amedy Coulibaly, originaire de Grigny.

Rien n'allait, depuis longtemps déjà, entre le député socialiste de la 10e circonscription de l'Essonne, Malek Boutih, et le maire communiste de Grigny, Philippe Rio. Mais depuis quelques jours, le conflit entre eux a pris une tournure nouvelle. Au point que le maire prévoit une action en justice contre le député de sa circonscription. Sa nature sera précisée ce vendredi. «Je n'avais déjà pas d'estime politique pour Malek Boutih, s'agace Philippe Rio, mais là, je n'ai plus aucune considération républicaine pour lui...» En cause, des propos très offensifs prononcés le samedi 10 janvier par Malek Boutih contre la municipalité de Grigny, lors des vœux de la commune voisine de Sainte-Geneviève-des-Bois, dirigée par le socialiste Olivier Leonhardt.

Ces vœux se sont tenus la veille de la grande marche du 11 janvier. Or Grigny, c'est la ville du terroriste Amedy Coulibaly. Au Scan, le député PS - qui dénonce depuis les événements de Charlie Hebdo la montée d'un «islamo-nazisme» - résume le fond des accusations portées: «Je le crois et je l'ai dit: que Coulibaly soit originaire de cette ville n'est pas le simple fait du hasard». «Il y a à Grigny une acceptation et une organisation de la violence, de la corruption, qui explique en grande partie pourquoi ce genre de territoire échappe à l'ordre républicain». Et pour Boutih, «il faudrait une enquête pour déterminer si elle est active ou passive mais la municipalité porte une responsabilité dans cette situation!» Avec un conseil adressé «à la préfecture et au procureur de la République»: ils devraient «sérieusement se pencher sur ce qui s'y passe».

Des propos «intolérables» pour le maire PCF. «Je suis en relation au quotidien avec la préfecture», assure Philippe Rio au Scan. «Je suis un élu de la République qui se sent abandonné par l'État, quelqu'un de respectable!» Malek Boutih, laisse entendre Philippe Rio, «utilise Grigny pour se faire entendre sur la scène nationale…» Rio se sent seul dans sa ville «avec moins de police, moins d'école, moins de moyens». Il affirme ne cesser de se déployer sur le terrain ces derniers jours, à la rencontre de «toutes les catégories d'habitants de Grigny». Et il en veut à ceux qui médiatisent «les propos de Boutih sur l'islamo-nazisme, dignes d'un semi-chroniqueur». Boutih, lui, le jure de son côté: «Il n'y a plus de démocratie depuis longtemps dans cette ville, les électeurs ne peuvent plus s'exprimer librement…»

Un financement d'associations très politique

Aux dernières élections municipales, Malek Boutih s'était présenté face à Philippe Rio, sur la liste d'un socialiste dissident, Sidi Bendiab. Rio a obtenu 51,26 % au premier tour et la liste de Bendiab 17,67 %. Sur celle du maire sortant, se trouvait la socialiste Fatima Ogbi, ancienne suppléante de Julien Dray, le prédécesseur de Malek Boutih à l'Assemblée. Dray et Boutih, deux «potes» de SOS Racisme devenus des ennemis. Début 2014, Malek Boutih s'était vu reprocher d'avoir donné 30.000 € de sa réserve parlementaire à «Grigny Avenir», une association présidée par Sidi Bendiab. Le député avait répondu au Parisien que la somme était destinée à «la partie insertion sur laquelle travaille cette association».

Déjà, en 2013, Malek Boutih avait donné 20.000 € de sa réserve à l'association GrignyWood, qui soutient l'expression par l'audiovisuel. L'association a été lancée par Omar Dawson. Celui là même qui, en 2008, avec sa société IScreen, a récupéré et diffusé les images tournées clandestinement dans la prison de Fleury-Mérogis par Amedy Coulibaly et un codétenu, pour dénoncer leurs conditions de détention. Mais Omar Dawson est aussi membre du Parti des Grignois (PDG), petite formation politique bien implantée localement et bête noire du maire Philippe Rio.

La tête de liste, Kouider Oukbi, champion du monde de boxe thaïe en 2012, a obtenu 13,05 % aux dernières municipales. Malek Boutih a pensé un temps les soutenir aux municipales, avant que le PDG ne décide de rejoindre Nous Citoyens, le mouvement lancé par Denis Payre. Mais le député PS défend toujours le PDG, d'autant plus que la municipalité leur est clairement hostile. «Ils font partie des rares gens honnêtes de cette ville», affirme Boutih. Quant à GrignyWood, «ils ont été écartés des subventions données par la ville, refusant sans doute d'être leur vassal, et cela m'a semblé une bonne raison de les soutenir!» Boutih a «la conviction» que «ces personnes n'ont rien à voir avec les franges fondamentalistes». Quant à une éventuelle plainte du maire, il l'attend et plastronne: «Ce serait une chose formidable!»

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42 commentaires
  • Marc ANTOINE 2

    le

    La sortie de malek Boutih a l'avantage de soulever un peu le voile sur les non-dits locaux.

  • NPEACE

    le

    Le député Malek BOUTIH est un homme courageux qui depuis longtemps dénonce les dérives de certains élus, de la banlieue etc.. Il est parfaitement Républicain, laïque et devrait franchement être plus écouté.
    Le maire PC devrait franchement se remettre en question effectivement oui les élus ont une part de responsabilité lorsqu'il laisse dans leur ville des Zones de non droit oui , et si c'est trop dur qu'il laisse la place à un autre Elu qui lui fera le travail....BASTA...On peut pas laissé ou plus des élus rester en poste pendant 10 ans et entendre dire de leur part qu'ils ne sont pas responsable ca va...

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