Montebourg et Taubira mènent l'offensive critique contre le gouvernement

Alors que la gauche tente de se rassembler, elle fait face aux tirs croisés venant de l'intérieur comme de l'extérieur du gouvernement.

Source AFP

Christiane Taubira et Arnaud Montebourg, en août 2012.
Christiane Taubira et Arnaud Montebourg, en août 2012. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Des critiques de l'extérieur du gouvernement, émises par l'ex-ministre Arnaud Montebourg, mais aussi de l'intérieur, esquissées par Christiane Taubira, compliquent un peu plus la tentative de rassemblement de la gauche, secouée par un quatrième échec électoral consécutif. En début d'après-midi, Manuel Valls est sorti sur le perron de Matignon pour défendre son gouvernement et dire qu'il n'était pas affecté par les "attaques" et les "rumeurs" émanant de son camp.

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"Moi, je suis serein, déterminé, j'ai la confiance du président de la République, un gouvernement qui travaille, un soutien dans la majorité parlementaire qui nous permet de continuer le travail", a affirmé le Premier ministre devant les journalistes. Dans Les Échos, M. Montebourg, aujourd'hui vice-président de l'enseigne d'ameublement Habitat, venait de décocher de nouvelles flèches contre les "politiques absurdes" de François Hollande qui "étouffe(nt) l'économie et porte(nt) la responsabilité de l'augmentation du chômage".

"La gauche a renoncé"

"Consternation", "déni de la responsabilité" d'une "certaine gauche mortifère", a répliqué le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen aux propos de M. Montebourg, qui suivent les critiques de l'ancienne ministre Cécile Duflot sur le "logiciel périmé" de Manuel Valls. Mais les critiques sont également venues de l'intérieur du gouvernement. La garde des Sceaux Christiane Taubira, dans un entretien ciselé à L'Obs, multiplie les réserves, qui semblent implicitement viser Manuel Valls dont elle se dit par ailleurs "solidaire". "La gauche a subi depuis une dizaine d'années des défaites culturelles et sémantiques terribles. La gauche a adopté les mots de la droite - c'est une faute - parce qu'elle a cru qu'elle devait constamment démontrer ses capacités gestionnaires. Elle a renoncé à l'idéal, aux utopies", a-t-elle dit.

Son entretien a été relu au préalable par Matignon, précise-t-on dans l'entourage du Premier ministre, où l'on juge que ces propos ne constituent pas un franchissement de ligne. En sortant d'une réunion du gouvernement jeudi à Matignon, Mme Taubira a d'ailleurs réaffirmé "très clairement" son "soutien" à Manuel Valls, soulignant qu'elle s'en irait le jour où elle ne serait plus solidaire. "Moi, je fais une analyse, j'assume totalement cette analyse, elle n'a rien à voir avec le Premier ministre, dont je soutiens l'action très clairement", a-t-elle dit.

Tractations avant le congrès PS

Ces attaques simultanées surviennent alors que l'exécutif et la direction du PS tentent de rassembler une gauche à nouveau battue lors des élections départementales, à huit mois des régionales qui constitueront la dernière échéance intermédiaire avant 2017. La sortie de la garde des Sceaux apparaît plus embarrassante. Non-membre du PS, ovationnée par les "frondeurs" socialistes lors de l'université d'été de La Rochelle, Christiane Taubira défend, de l'intérieur, les revendications de ces derniers, qu'elle reçoit régulièrement, et de la gauche du PS.

Du côté de l'exécutif, François Hollande doit reprendre la main en faisant quelques annonces vendredi dans l'Oise sur le thème de "l'investissement". Elles devraient ensuite être déclinées mercredi, à l'issue d'un conseil des ministres "exceptionnel", par Manuel Valls, qui enregistre cette semaine, comme le chef de l'État, une baisse dans les sondages (29 %, - 3 points de popularité pour Yougov, 32 %, - 10 points pour TNS Sofres). Au niveau des partis, les rencontres initiées par le PS se sont pour l'heure limitées à Europe Écologie-Les Verts et, jeudi, au Front démocrate de Jean-Luc Bennhamias. Aucune date n'a été annoncée pour d'éventuels échanges avec les composantes du Front de gauche (PCF et PG).

Au sein du PS, les tractations se multiplient avant le 11 avril, date de dépôt des motions pour le congrès de Poitiers. La principale interrogation sera celle des intentions réelles de Martine Aubry : soutien, moyennant "inflexions", de la majorité emmenée par le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis ou alliance avec l'aile gauche du PS qui entend bien compter ses troupes. "La cohérence, c'est que ceux qui pensent la même chose se retrouvent sur les mêmes textes", a souhaité jeudi l'ancien ministre Benoît Hamon, un des meneurs de la "fronde" lors de l'épisode de l'article 49.3 brandi pour la loi Macron, citant Martine Aubry, Arnaud Montebourg, Aurélie Filippetti et, "dans un autre registre", Christiane Taubira.

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Commentaires (9)

  • Odalie

    Passe du côté de ceux "qui ont quelque chose à redire"... Taubira doit être en train de faire ses valises et si on pouvait l'y aider ça irait encore plus vite.
    Elle a suffisamment sévi dans le pays, il est temps qu'elle prenne sa retraite, mais par qui sera-t-elle remplacée ? Reste-t-il encore un promu de Voltaire qui n'ait pas de place dans le gouvernement de pèpère ou va-t-il muter à la justice un de ses favoris ? A suivre...

  • ivo

    Taubira en à déjà tellement fait qu'elle mérite de partir. HOLLANDE et Valls ont déjà assez de problèmes.

  • nonformaté

    Quand je serais grand, j'irais vivre en théorie, car en théorie tous se passe bien...