Attentat déjoué : excès de com' au gouvernement ?

Attentat déjoué : excès de com' au gouvernement ?

    Le gouvernement en fait-il trop, comme l'en a accusé hier l'UMP Henri Guaino ? A onze jours du vote du projet de loi sur le renseignement à l'Assemblée, voilà l'exécutif suspecté d'instrumentaliser l'attentat déjoué dans le Val-de-Marne pour doucher les critiques sur un texte jugé liberticide. Sur les réseaux sociaux, les thèses complotistes fleurissent, notamment à l'extrême droite, soupçonnant le pouvoir d'en profiter pour « passer en force » sur ce texte. Au sommet de l'Etat, on n'a pas, il est vrai, lésiné sur la communication. Mercredi matin, le ministre de l'Intérieur convoquait la presse pour révéler que des attaques contre des églises de Villejuif avaient été évitées de peu, suivi par le Premier ministre dans la cour de l'Elysée.

    Eviter les fuites

    L'après-midi, c'est François Hollande qui répondait à une question, en appelant au vote du projet de loi. Le soir, Bernard Cazeneuve s'invitait sur TF 1. Hier, enfin, Manuel Valls expliquait sur France Inter que la loi, sur laquelle il s'est beaucoup engagé, « aurait donné aux services plus de moyens ».

    « Surexploitation », comme dit Guaino ? Dans les coulisses du pouvoir, la question exaspère. « Des mauvaises langues », s'agace le Premier ministre. Au sein de l'exécutif, on considère qu'il fallait communiquer, en raison de la mort d'Aurélie Châtelain. « Il fallait éviter les fuites », justifie la Place Beauvau, qui explique que plusieurs médias étaient sur la piste et qu'il fallait à tout prix éviter que la famille de la prof de fitness découvre les raisons de sa mort dans la presse.

    Un autre argument a pesé lourd : l'exécutif ne voulait pas être accusé de faire deux poids deux mesures en minimisant un projet d'attentat visant les catholiques. Raison pour laquelle Valls a tenu à se rendre dans deux églises de Villejuif avec Cazeneuve. « Vous croyez qu'on a fait la danse de la joie ? Une femme est morte et un type sur lequel on avait fait des vérifications n'a pas été repéré ! » peste une source ministérielle, outrée de ce « procès en sorcellerie ». Et de souligner que le gouvernement a attendu trois jours pour s'assurer que les complices de Sid Ahmed Ghlam étaient repérés et la famille de la victime avertie. A l'Elysée, on insiste sur la ligne depuis les attentats de janvier : « ne jamais en faire trop ». De la difficulté de communiquer.