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De la Mnef au Carlton : le prévenu DSK n'a, à ce jour, jamais été condamné

La presse avait profité de fuites et fait ses choux gras des déboires d'un homme politique très populaire, allié essentiel de Lionel Jospin mais forcé de démissionner en 1999 du fait de sa mise en cause judiciaire. PASCAL ROSSIGNOL/REUTERS

À l'automne 2001, Dominique Strauss-Kahn comparaissait dans l'affaire de la Mnef. Surmédiatisation, insuffisance des charges, raisonnement juridique controversé : la toile de fond était identique à celle du Carlton.

Envoyé spécial à Lille

La relaxe se profile pour Dominique Strauss-Kahn. Le procès de l'affaire dite du Carlton se terminera vendredi soir à Lille: certes, il faudra attendre le délibéré, dans quelques semaines, pour savoir si les juges du tribunal correctionnel de Lille suivent les réquisitions du procureur de la République et la démonstration à trois voix de la défense. Mais la logique des débats voudrait que l'ancien directeur général du FMI amateur de soirées échangistes échappe, faute de charges, à une infamante condamnation pour «proxénétisme aggravé», délit passible de 10 ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende.

Ces trois semaines de débats rappellent un autre procès dans lequel DSK eut à comparaître à l'automne 2001: celui de la Mnef. A l'époque, l'ancien ministre socialiste de l'Économie, des Finances et de l'Industrie répondait de faux et usage de faux: selon l'accusation, il avait produit une note d'honoraires antidatée de 603.000 francs (soit 92.000€ environ) pour couvrir un emploi fictif généreusement octroyé par la mutuelle étudiante.

Le procureur était tellement embarrassé qu'il s'excusait presque en lui posant des questions

Comme dans l'affaire du Carlton, à cette différence que le parquet n'avait pas requis le non-lieu dans la Mnef, les charges avaient fondu à l'audience de manière tellement rapide que leur fragilité, soudain, sautait aux yeux. DSK, aussi à l'aise que la semaine dernière à Lille - on en venait presque à se demander s'il avait besoin d'un avocat -, avait produit une jurisprudence de la cour de cassation tolérant la pratique de l'antidatation - à condition, bien sûr, que la facture porte sur une activité réelle. Des témoignages confortaient justement l'existence de son intervention, en tant que consultant, au profit de la mutuelle, que les juges d'instruction avaient minimisés. Le procureur était tellement embarrassé qu'il s'excusait presque en lui posant des questions. Bref, l'audience fut une promenade de santé pour le prévenu vedette, le parquet ne requit pas contre lui, il fut relaxé.

La décision de la XIe chambre du tribunal de Paris constituait un désaveu cinglant pour les magistrats qui avaient instruit l'affaire et renvoyé DSK en correctionnelle (avec cinq autres personnes, également relaxées). Une phrase avait, à l'époque, retenu l'attention, qui s'adressait aux juges d'instruction et au parquet: «Il aurait été préférable, avant d'engager le débat judiciaire public, de s'interroger sur les limites de l'application de la règle de droit». En clair: le dossier était trop mal ficelé pour justifier une audience, et le bon sens autant que la rigueur juridique auraient commandé de requérir et de rendre un non-lieu.

«Mis en cause par la presse avant de l'être par la justice»

Le jugement critiquait également la surmédiatisation de l'affaire: pendant des mois, la presse avait profité de fuites et fait ses choux gras des déboires d'un homme politique très populaire, allié essentiel de Lionel Jospin mais forcé de démissionner en 1999 du fait de sa mise en cause judiciaire, dont beaucoup pensaient qu'il aurait pu être le futur maire de la capitale. Le tribunal de Paris déplorait ainsi que M. Strauss-Kahn ait été «mis en cause par la presse avant de l'être par la justice». Surmédiatisation, fuites permanentes à destination de la presse, insuffisance flagrante des charges, raisonnement juridique controversé: la toile de fond est identique, quatorze ans plus tard.

Le nom de DSK est apparu dans plusieurs autres dossiers: traitement du dossier fiscal du couturier Karl Lagerfeld, salaires indûment versés à sa secrétaire par le groupe Elf, cassette Méry (financement occulte présumé de feu le RPR), accusation de viol à New York, d'agression sexuelle sur Tristane Banon et de proxénétisme à Lille. Il n'a, à ce jour, jamais été condamné.

De la Mnef au Carlton : le prévenu DSK n'a, à ce jour, jamais été condamné

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100 commentaires
  • claude.peninque303

    le

    Justice, c'est dans la définition et l'application que réside le problème....

  • bon papa

    le

    C’est un socialiste, il sera automatiquement acquitté vu que les juges sont socialistes.

  • Paski33

    le

    l'argent des puissants......

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