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La réforme de la Constitution, projet mort-né de François Hollande ?

LE SCAN POLITIQUE - L'exécutif trouvera-t-il une majorité pour faire passer sa réforme devant le Congrès ? La droite y semble opposée, mais Nicolas Sarkozy temporise.

Invité ce matin sur France Inter, Manuel Valls semble n'avoir aucun doute quant à la bonne réception par l'opposition des mesures du «pacte sécuritaire» déployées lundi par François Hollande devant le Congrès. «Je fais confiance à l'opposition pour agir avec esprit de responsabilité et nous souhaitons nous que la réforme de la Constitution se fasse par la voie du Congrès», a déclaré le Premier ministre, refusant de «penser un seul instant, qu'après les évènements que nous avons connu, des logiques politiciennes l'emportent». Pourtant de tous les points évoqués par François Hollande, c'est probablement le moins plébiscité au sein de l'opposition. Pour passer, cette réforme constitutionnelle nécessiterait pourtant un élan de soutien presque unanime, puisqu'une majorité des 3/5 du Congrès, réunissant députés et sénateur, est requise.

Dès le discours de François Hollande achevé lundi après-midi, Christian Jacob a prévenu: «La révision de Constitution, rien à ce stade ne semble la justifier. La Constitution offre à ce jour tous les outils juridiques pour faire face à toutes les situations». Un sentiment qui semble largement partagé ce matin au sein de la droite: cité dans Libération ,Jacques Myard la juge que ça «ne sert à rien». Alain Juppé, invité sur BFM, estime que les moyens juridiques existant sont «sans doute suffisants». Pour Jean-Pierre Raffarin, sur RTL, juge qu'une telle révision serait «probablement inutile et inefficace». Sur France Inter, le numéro 3 des Républicains Laurent Wauquiez juge que ce changement risque de ne pas suffire. Revoir la Constitution n'est «pas quelque chose d'essentiel», tranche pour sa part le sarkozyste Brice Hortefeux sur LCI.

«Logiques politiciennes»

Les «logiques politiciennes» évoquées à demi-mots par Manuel Valls procèdent des différents ressorts. Quel que soit le contexte, il serait difficile en terme d'image pour l'opposition de voir François Hollande bénéficier du soutien d'un Congrès presque unanime à moins de deux ans de l'élection présidentielle. De son côté, le chef de l'État sait que proposer une mesure qui risque de ne pas aboutir faute du soutien de l'opposition lui permettra de plaquer sur les Républicains la responsabilité du blocage, dans le contexte potentiellement dévastateur de l'après-attentat.

Un coup de billard à trois bandes qui n'a pas échappé à certains cadres Les Républicains ce mardi, au premier rang desquels Nicolas Sarkozy. Devant la réunion de groupe des parlementaires LR, ce dernier n'a pas opposé d'opposition aussi ferme que celle affichée par ses collègues de la rue de Vaugirard. «Nous la jugerons en fonction des propositions. Si ça peut nous permettre de passer nos mesures, pourquoi pas», a lancé Nicolas Sarkozy devant ses troupes. Le président des Républicains a précisé qu'il voudrait voir inclus dans cette réforme «la rétention de sûreté» pour «les criminels condamnés à de longues peines pour terrorisme une fois leur peine achevée», ainsi que «l'élargissement de la possibilité de contrôle d'identité et de fouille des véhicules par tous les policiers». Son concurrent le député LR Bruno le Maire va encore plus loin: «Tout ce qui peut renforcer la sécurité des Français aura mon soutien, dont la réforme constitutionnelle». De son côté le patron des députés socialiste s'est montré ouvert: «Nous serons ouverts à toute amélioration de la réforme constitutionnelle», a lancé Bruno Le Roux à l'occasion du point presse du PS.

Si toutefois la réforme constitutionnelle n'obtenait pas le soutien nécessaire au Congrès, l'exécutif pourrait alors tenter de passer par la voie d'un référendum, un autre coup politique potentiel pour le gouvernement. S'il est adopté, le texte devrait ensuite être adopté par les deux assemblées, cette fois à la majorité relative. Dans ce cas, le rejet serait compliqué à assumer pour les Républicains. Mais jusqu'ici, l'exécutif n'a pas abordé cette option.


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115 commentaires
  • François Carmignola

    le

    Naturellement la volonté de changer la constitution, sous le feu de l'ennemi, universellement célébré par tous les journalistes comme un moyen pour Hollande reprendre la main n'est dicté par aucune logique politique. Ceci s'appelle de l'hypocrisie.
    Et il se trouve que ça se voit !

  • François Léger

    le

    Merci Messieurs les censeurs d'avoir publié mon commentaire alors que je ne l'avais pas terminé! Je disais me méfier d'une révision de la Constitution en raison également du risque de nous faire passer une révision fleuve dans laquelle le Premier Ministre, notamment, se ferait un plaisir de tenter de faire adopter le VOTE DES ETRANGERS dont les Français ne veulent pas...
    Il faut se souvenir de la loi Macron dont je suis certain qu'aucun parlementaire ne serait capable de dire tout ce qu'elle renferme... C'est pour les Français une leçon à retenir...

  • François Léger

    le

    Pour avoir écouté Nicolas Sarkozy dimanche matin et, ensuite, le Président de la République, il ne semble absolument pas nécessaire de modifier la Constitution pour mettre en place les mesures décidées: il faut simplement que nos gouvernants travaillent sur ce que leur a confié M. Hollande... Et, je me méfie d'autant plus d'une révision de la Constitution que cela permettrait à certains de ces Messieurs de continuer à parler avant de se mettre au travail :