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«Bye Bye Belgium a fait émerger le débat»

Le concepteur et réalisateur de l'émission «Bye Bye Belgium», Philippe Dutilleul, revient sur le scénario qu'il avait élaboré à l'époque et sur la panique qu'il avait engendrée.

INTERVIEW - Philippe Dutilleul, le concepteur de l'émission Bye Bye Belgium, qui avait fait scandale en 2006 en annonçant la scission de la Belgique comme un fait réel, réagit à la crise actuelle.

Le 13 décembre 2006, à 20h30, les téléspectateurs de la RTBF s'étranglaient avec leur dessert. Et pour cause : la chaîne publique francophone belge leur annonçait en direct l'indépendance de la Flandre, proclamée unilatéralement par les voisins du Nord. Brusquement, le drapeau national disparaissait du fronton des ministères, le roi Albert II quittait sa résidence de Laeken pour se réfugier à Kinshasa. La Belgique était morte et enterrée. Mais, on s'en souvient, l'émission qui s'intitulait « Bye Bye Belgium » était en fait un canular. Au regard de la crise actuelle, son concepteur et réalisateur, Philippe Dutilleul, revient sur le scénario qu'il avait élaboré à l'époque et sur la panique qu'il avait engendrée.

Lefigaro. fr : Dans « Bye Bye Belgium », vous aviez imaginé la fin de la Belgique. Pourquoi une telle initiative ?

Philippe Dutilleul : Parce qu'il fallait réveiller la conscience citoyenne des Belges, et en particulier des francophones. Dans notre pays, les gens ne prêtent pas beaucoup d'attention aux questions politiques. Mais depuis quelques années maintenant, on assiste à une évaporation lente de la Belgique. Il fallait agir en frappant fort. Ce que nous avons fait avec ce faux journal télévisé, qui montrait aux gens la mort de leur pays. De nombreuses personnes ont pris l'information au premier degré, ce qui montre que dans l'inconscient des francophones, une scission avec les Flamands n'était déjà pas complètement inenvisageable.

Pourquoi avoir justement imaginé cette solution radicale qu'est la scission entre les deux communautés ?

On sentait bien là où le vent soufflait, c'est-à-dire vers une volonté grandissante d'autonomie en Flandre. Ce que mon enquête d'un an et demi auprès de la population pour préparer le documentaire a d'ailleurs confirmé : dans toutes les strates de la société flamande, cette idée est solidement ancrée dans l'esprit des gens. Mais, avec mon équipe, nous étions convaincus qu'une disparition de la Belgique serait une folie, et qu'il faudrait évoquer les conséquences concrètes d'une telle décision. Par exemple, qui payerait la dette publique ? Qui garderait les œuvres qui appartiennent à l'État ? Comment la Flandre réintégrait-elle la communauté européenne ? Ce sont des questions que l'émission nous a permis de soulever.

Vu l'impact de cette émission, pensez-vous qu'elle ait pu être à l'origine du débat actuel sur le statut du pays ?

Je ne prête aucun véritable rôle politique à notre émission, non. D'autant que nous sommes farouchement indépendants, à la RTBF. Cela dit, je pense qu'elle eu le mérite de faire émerger un débat. Elle a mis le doigt là où ça faisait mal, à un moment où il était bon de le faire. Des contacts se sont noués et des discussions ont émergé entre citoyens. Entre les francophones en tout cas. En cela, on peut dire qu'on était précurseur. Et donc, que notre but était atteint.

Pensez-vous que votre but a finalement été dépassé, que les Belges veulent désormais s'orienter vers une scission ?

On n'en est quand-même pas encore là. Je pense que, pour éviter un face-à-face entre les deux communautés, nous allons davantage vers un système confédéral que vers une simple disparition de la Belgique. Dans un premier temps, la Flandre va probablement tenter d'obtenir un maximum d'indépendance.

Consultez l'émission « Bye Bye Belgium » :

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