C’était dans l’air mais personne ne voulait voir la réalité
en face, du moins ceux qui nous gouvernent et qui ont fermé les yeux,
sciemment, sur les excès et les abus de toutes les formes possibles de violence
imposées à la société tunisienne, aux citoyens, à son histoire et à tous les
opposants, quelque soit leur couleur.

Aujourd’hui, cet exemple type de meurtre politique démontre que le laxisme et le laisser-aller, que l’on peut assimiler sans risque
d’erreur à de la complicité, sont les voies qui ont ouvert le chemin à tous les
extrémistes religieux envoyés aux quatre coins de la
République - pour transmettre leurs discours haineux, rétrogrades et violents à des
jeunes désœuvrés et gonflés à bloc, armés de slogans manipulateurs et de
kalachnikovs. Car ces extrémistes se sont aussi dotés d’armes qui ont pu
pénétrer sur le territoire national à l’instigation de bandes organisées
tolérées par le parti majoritaire [Ennahda, parti islamiste], qui partage leurs
croyances.

Aujourd’hui, cet assassinat politique lâche et cruel risque d’avoir deux répercussions.Le gouvernement doit assumerTout d’abord et en ce qui concerne le gouvernement, il est impératif qu’il
parte en reconnaissant son échec total dans la gestion des affaires du pays tant
sur le plan sécuritaire qu’économique et social. Des personnalités politiques
ayant la responsabilité de la gestion des affaires de la cité, qui se
respectent et qui respectent les citoyens, doivent assumer et démissionner. Il est temps de laisser la place à un gouvernement d’union nationale fondé sur un
consensus, qui se rapporte à toutes les valeurs de la République et de la
société tunisienne que l’on veut jeter dans les ténèbres de l’histoire. C’est
là la première condition pour sauver le pays d’un dérapage incontrôlé.La seconde est relative à la nécessité de dissoudre les Ligues de Protection de
la révolution [milices islamistes issues des comités de quartier de l’après-Ben
Ali] qui ne font, en fait, que protéger Ennahda. Le 6 février, Sahbi Attig [président
du groupe Ennahda à l’Asemblée nationale constituante] a déclaré sur
France 24 que c’est à la justice de procéder à cette dissolution alors que le
pouvoir exécutif dispose, en réalité, du lancement des procédures. Autrement
dit, Ennahda persiste et signe, et elle n’entend guère se passer de ses bras
armés !

La troisième condition consiste dans l’union sacrée de
toutes les forces vives et démocratiques du pays, la société civile, toutes les
associations, les syndicats principalement l’Union Générale des Travailleurs
Tunisiens, les organisations estudiantines, les intellectuels, les artistes
pour se lever comme un seul homme contre cette tentative d’introduire la peur
dans les esprits, de terroriser les opposants et finalement de les éliminer. La tentation de vengeance

Quant à la seconde répercussion, elle est relative à la
situation sécuritaire dans le pays. Aujourd’hui, la tentation de vengeance est
certainement grande du côté des partisans du défunt. Là aussi, il est impératif que les leaders du Front Populaire calment le jeu et leurs jeunes pour éviter
la violence incontrôlée ! Par ses déclarations, Hamma Hammami [dirigeant du Front
populaire] donne l’exemple, en appelant au calme et à l’union de tous les Tunisiens pour
s’opposer à ce gouffre dans lequel on veut plonger le pays. La réaction du
peuple tunisien est aujourd’hui claire. Les manifestations qui sont sortis dans
tout le pays témoignent de la volonté des citoyens de préserver la paix civile.
Mais, les islamistes veulent-ils cela ?