Valls à Berlin : un voyage qui coûte décidément très cher

La presse revient une fois encore sur la faute politique commise par le Premier ministre. Pour en évaluer les conséquences désastreuses sur son image.

(avec AFP)

La facture politique du voyage en Falcon de Manuel Valls pourrait s'avérer très salée.
La facture politique du voyage en Falcon de Manuel Valls pourrait s'avérer très salée. © AFP

Temps de lecture : 4 min

Il est rare qu'un même sujet occupe la majorité des éditoriaux trois jours durant. C'est pourtant le cas avec des commentaires toujours aussi peu amènes à l'endroit du chef du gouvernement qui a assisté samedi à la finale de la Ligue des champions aux frais de l'État. Selon les éditorialistes jeudi, « l'escapade » berlinoise de Manuel Valls aura un « impact désastreux » sur l'image du Premier ministre, alors qu'un sondage mercredi montrait qu'elle était condamnée par trois Français sur quatre.

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Déni

Après l'affaire elle-même, c'est surtout le déni de Valls qui se refuse à admettre ses torts qui lui vaut d'être sévèrement taclé. « Le pouvoir en place donne l'impression de s'affranchir des règles qu'il a lui-même édictées et tente de masquer cette faute éthique et morale, car c'en est une, en tordant les faits avec une mauvaise foi absolument confondante », souligne Pascal Coquis dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace.

« Manuel Valls n'est pas homme à faire amende honorable quand il a commis une faute. C'est pourtant ce qu'aurait dû faire le Premier ministre, après son escapade à Berlin », juge Le Monde qui fait sa une sur « la mauvaise passe » de Manuel Valls. Et l'édito de se poursuivre : « Chacun se souvient de la promesse présidentielle, en 2012, d'une République exemplaire. Personne n'a oublié les propos solennels de Manuel Valls, en juillet 2014 : Quand on gouverne, on doit être exemplaire. C'est l'exemplarité qui crée la confiance entre les citoyens et celles et ceux qui ont la charge de les représenter. Le Premier ministre aurait été bien inspiré de s'appliquer à lui-même cette règle élémentaire d'éthique. »

Faute

Les Échos, sous la plume de Cécile Cornudet, note que « Valls a fait du Valls » : « En position de force, il fonce ; mis en cause, il ne s'excuse pas, il fonce aussi. Les quelques jours qui viennent de s'écouler confirment la dimension fier-à-bras de Manuel Valls. (...) Et pourtant, Valls a fait du Valls. Il a décidé, il a assumé et puis il a tenu. Mais il a tenu sur le plus mauvais des sujets, celui de l'exemplarité des hommes politiques. Un sujet chiffon rouge, pourrait-on dire, puisque Manuel Valls, décidément, suscite la comparaison tauromachique. »

« Une erreur lourde de conséquences », estime Rémi Godeau dans L'Opinion : « Les justifications alambiquées n'y changeront rien. Avec son échappée berlinoise, Manuel Valls a commis une faute politique. Une erreur lourde de conséquences : sa crédibilité, son autorité, sa capacité à agir en sortiront abîmées. Au détriment de la stature de réformateur moderne que ce communicant appliqué s'acharne à sculpter mois après mois. Pas de chance, le Premier ministre pâtit d'un contexte déjà plombé par d'autres affaires. »

Dans son billet politique du Figaro, Guillaume Tabard juge quant à lui que l'affaire est close, l'heure est aux conséquences : « Sauf nouvelles révélations, l'affaire du vol pour Berlin de Manuel Valls ne rebondira plus. Plus d'occupants cachés à découvrir, plus d'explications nouvelles à fournir. Plus d'embrasement politique à attendre non plus : la séance de questions d'actualité de ce mercredi a confirmé que l'opposition ne voulait pas s'emparer du sujet. Non par bienveillance envers le Premier ministre mais par conscience qu'il n'y a pas besoin d'en rajouter pour que celui-ci se retrouve en difficulté. Car si l'affaire du match semble close, le mal est fait. Et l'impact sur Manuel Valls désastreux. »

Ordre moral

"

« Une nouvelle fois, l'effet s'avère dévastateur et accrédite l'impression que, décidément, il y a les puissants et les autres, ceux qui voyagent dans les Falcon de la République et ceux qui les regardent passer », renchérit Philippe Marcacci dans L'Est républicain. Même tonalité pour Le Courrier picard où Daniel Muraz s'étonne que Manuel Valls « (n'ait) pas saisi le risque politique d'un tel écart. La passion pour le foot pourrait l'excuser, si elle ne venait pas illustrer, surtout, le « bon plaisir » de responsables planant au-dessus des contingences qu'ils imposent à la masse de leurs concitoyens ».

Seule voix un tant soit peu discordante, Jean-Louis Hervois, dans La Charente libre qui tente de ramèner l'affaire à des proportions plus modestes : « Après quatre jours d'attaques bidon et de défenses molles, la polémique sur l'aller-retour Paris-Berlin de Manuel Valls va-t-elle terminer sa course comme un papier chiffonné dans la poubelle en attendant la suivante ? Qu'en pensent vraiment « les gens » que de bonnes âmes se sont chargées de représenter dans cette affaire de rien. (...) La République est indemne. » Mais l'éditorialiste voit aussi dans « ce crash de com »  une illustration de « la sourde tendance à ériger un ordre moral qui pointe partout son nez, [et] que Manuel Valls lui-même se plaît à agiter à ses beaux jours. »

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Commentaires (51)

  • bigkaptain

    D'un côté voyager sur le dos des contribuables pour voir un match à Berlin, de l'autre montrer à ses enfants que l'équipe espagnole est bien plus importante à ses yeux que le sentiment d'être français... Pour un premier ministre, cela semble assez incroyable !

  • PAPAUL85

    Je suis persuadé que Manuel Valls est 1 homme honnete. Le seul probleme est qu'il soit "entré" en Politique, c'est à dire dans 1 monde qui, jusqu'à présent, n'était pas celui dans lequel il a été élevé. Sa percée fulgurante suscite la jalousie de tous les envieux (toutes nuances politiques confondues) qui crient
    "haro", alors qu'ils ont fait bien pire, mais sans jamais se faire prendre !

  • claide

    C'est amusant de relever les fautes passées par d'autres pour justifier les fautes de Mr Valls. Ça ressemble assez au " c'est pas moi qui a commencé" de notre enfance. J'ajoute que la république exemplaire promise, c'est du Hollande, non ?