Une semaine cruciale
Fort de ses 72 300 étudiants en grève, le mouvement contre la hausse des frais de scolarité pourrait gonfler sensiblement au terme de cette troisième semaine de manifestation.
D’ici vendredi, 51 255 membres d’associations étudiantes collégiales et universitaires décideront s’ils se dotent d’un mandat de grève générale illimitée ou non.
Treize associations regroupant environ 8 000 étudiants sont en latence d’un déclenchement prévu à date fixe. À l’issue de cette semaine, les contours de la grogne étudiante seront donc plus précis.
Le vote au Cégep de St-Jérôme, mercredi, sera un « baromètre » sur l’état de la cause, affirme Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE). De tradition militante, l’institution de St-Jérôme (4 200 membres) pourrait saper l’élan du mouvement en se prononçant contre le déclenchement d’une grève générale illimitée.
Cette même journée, les cégeps de l’Outaouais (4 800), du Collège Lionel-Groulx (5 500) et de Sherbrooke (6 100) consulteront leurs membres. Jeudi, ce sera au tour de l’Association générale des étudiants du Collège Édouard-Montpetit de passer aux urnes (5 900).
M. Nadeau-Dubois reconnaît que ces votes sont des « moments extrêmement émotifs », mais assure que les associations font tout ce qu’elles peuvent pour que le débat reste le plus démocratique possible.
Manif nationale
Le point d’orgue de cette semaine reste la manifestation nationale organisée par la CLASSE, jeudi, à Québec.
Le trajet devrait mener les étudiants jusqu’à l’Assemblée nationale.
Au moins autant de manifestants sont attendus qu’à Montréal, la semaine dernière, avance Gabriel Nadeau-Dubois.
Ils étaient alors 15 000 dans les rues de la métropole.
La marche avait toutefois été ternie par un groupuscule ayant pris l’initiative de bloquer l’accès au pont Jacques-Cartier.
Le porte-parole de la CLASSE préfère essayer de comprendre ces gestes plutôt que de les condamner.
Seul moyen
« Les hausses des frais de scolarité mettent les gens en colère, les étudiants et étudiantes ne peuvent pas aller passer une fin de semaine à Sagard pour faire avancer leurs buts politiques », soutient-il.
« On s’excuse de déranger les gens, mais on n’a pas d’autres moyens de se faire entendre. »
Selon Gabriel Nadeau-Dubois, « il ne faudra pas se surprendre que ça se reproduise » si le gouvernement continue à faire la sourde oreille aux revendications des étudiants.
Mercredi, des protestataires se rassembleront devant le conseil des ministres, réunis à la permanence du Parti libéral, à Montréal, affirme la présidente de la Fédération des étudiants universitaires du Québec (FEUQ), Martine Desjardins.