Coopération internationale

Joindre l’utile

à la préparation

Quel impact peut avoir un voyage de bénévolat pour un enfant ou un jeune ado ? Nous avons posé la question à la psychologue Joanne Cyr, qui travaille depuis cinq ans pour Médecins sans frontières (MSF).

Quels sont les bénéfices d’un voyage de bénévolat pour un enfant ou un jeune ado ?

C’est sûr que les voyages nous ouvrent à de nouvelles cultures, à d’autres visions du monde, c’est très bien. Mais on ne devrait pas encourager tout le monde à faire du bénévolat, parce que ce n’est pas toujours utile. Surtout lorsque c’est pour une très courte période, ça n’a pas toujours d’impact. Cela dit, il faut se réjouir de voir des jeunes s’intégrer à la vie quotidienne d’autres jeunes. Ça leur permet de se décentrer d’eux-mêmes et de s’adapter à de nouvelles situations, de sortir de chez eux.

Comment bien préparer ses enfants à un voyage de bénévolat à l’étranger ?

Il faut longuement discuter avec ses enfants de ce qui se passe au pays, de ce qu’on va voir, des risques, des injustices, des actions possibles. Il faut aider les jeunes à trouver leur place là-dedans. Discuter avec eux de ce qu’ils seront capables de faire, de leur contribution possible. Il faut que ça ait un sens. Moi, je leur proposerais de lire des livres, de voir des films, il faut les préparer psychologiquement à ces types de voyages. Il ne faut pas que ce soit improvisé.

Est-ce qu’il y a des risques de traumatisme pour un jeune qui s’en va dans un pays où il y a beaucoup de misère ?

Tout dépend du jeune. À moins d’être témoin de situations atroces dans des pays en crise ou en guerre, par exemple, je ne crois pas qu’il y ait un risque de traumatisme. Mais s’ils vont voyager dans des pays très pauvres, encore une fois, il faut qu’ils aient été bien préparés psychologiquement. Parce que malgré la misère ou les difficultés dont ils seront témoins, ils peuvent bien sûr apprendre de ce qu’ils voient. C’est à ce moment que ça peut être enrichissant.

Est-ce qu’il y a un âge minimum pour partir dans un pays en développement avec ses parents ?

Non, il n’y a pas d’âge minimum. C’est le contexte qui importe. Celui de la famille du jeune d’abord. Par exemple, s’il vit la séparation de ses parents, ce n’est peut-être pas le meilleur moment de s’en aller à l’étranger. Le jeune sera certainement plus fragile, plus à risque. Mais il y a aussi le contexte du pays où on s’en va. Pour le reste, on prépare son enfant, c’est tout. On lui explique la situation, mais on n’est pas obligé de tout lui exposer non plus. Tout dépend de l’âge qu’il a.

Les retours sont souvent difficiles. Comment éviter le ressac du retour ?

Il y a en effet beaucoup de bénévoles qui souffrent à leur retour à la maison. Même parmi les professionnels qui font un travail extrêmement technique. Il y a une période d’ajustement, où ils ont de la difficulté à trouver un sens aux petites choses de leur quotidien et aux privilèges dont ils jouissent. Il faut d’abord prendre le temps de se reposer, mais il faut réintégrer des routines connues. Il faut aussi trouver le moyen de garder le fil avec ce qui a été vécu à l’étranger.

Est-ce que le travail de bénévolat peut se poursuivre chez soi, après ?

Oui, c’est une bonne idée. Il y en a qui ne voudront rien savoir, mais on peut encourager les jeunes à faire du bénévolat dans leur propre milieu. C’est une façon pour un jeune de poursuivre son engagement mais dans sa communauté, que ce soit à travers des associations locales ou internationales. C’est plutôt intéressant de voir un jeune poursuivre son action ou son engagement, mais dans d’autres projets.

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