Nous faudra-t-il payer pour préserver notre vie privée sur l’internet ?

« Dans le business de la publication, les lecteurs sont les produits et les consommateurs sont les publicitaires », affirme Dave Winer, paraphrasant une citation célèbre : « Si vous ne voyez pas le produit, c’est que vous êtes le produit ».

La bulle des données

Path, Facebook, Twitter, Foursquare, Instagram, Foodspotting, Yelp, Gowalla et tant d’autres récupèrent les numéros de téléphone de nos contacts et leurs adresses e-mail sur leurs serveurs pour faciliter les appariements, bien souvent sans même en demander la permission ou en informer les utilisateurs. Pour Uwe Hook, président de la firme de consulting BatesHook, c’est le signe d’un problème majeur.


Image : Nous sommes cernés par les bulles de données, expliquait Eli Pariser lors de sa présentation à TED (vidéo). Image extraite de sa présentation.

« Le crash des années 2000 n’avait rien à voir avec la technologie » rappelle-t-il. « Il avait par contre tout à voir avec le modèle d’affaires utilisé pour la payer. La traçabilité de la publicité s’annonçait plus efficace que la publicité hors ligne. La bulle d’affaires l’a surévaluée jusqu’à ce qu’elle s’effondre. »

« Ne sommes-nous pas à nouveau dans une bulle spéculative autour de la valorisation des données personnelles de l’utilisateur ? », s’interroge Uwe Hook. Aujourd’hui, des conjonctions se font sur les revenus générés (ou qui seront un jour générés) par la publicité personnalisée basée sur les données des utilisateurs. Facebook a un modèle d’affaires, mais sa valorisation est fondée sur cette future réalisation. Twitter n’a toujours pas de business modèle, mais il vaut déjà des milliards de dollars.

« Or, le plus souvent, beaucoup d’entreprises ne savent pas quoi faire de ces données ». Si l’on en croit les promesses des Big Data, les données des utilisateurs, théoriquement, permettront d’adresser de la publicité personnalisée. « Si vous achetez de la nourriture pour chien, vous recevrez plus de publicité pour des produits pour chiens. Vous serez rassemblé dans un segment avec d’autres consommateurs, baptisés « acheteur de nourriture pour chiens », et un modèle de données sera développé pour cela. » Mais n’est-ce pas là une vision simpliste de la façon dont on vie ?

« Le problème n’est pas d’utiliser les données pour prendre des décisions, le problème repose sur cette vision unique et simpliste que les données ne serviraient qu’à prendre des décisions. L’autre problème, avec cette affirmation consiste à croire que nous ne sommes que des consommateurs rationnels. La publicité ciblée est basée sur l’idée que votre comportement observable présente une image cohérente et réaliste de vos désirs et vos besoins. Mais ce n’est pas le cas. »

Cette personnalisation n’est-elle pas un modèle simpliste qui risque de ne pas rapporter autant qu’on en attend ? Les hommes d’affaires ne croient-ils pas un peu naïvement en notre rationalité en pensant que nos décisions sont fondées uniquement sur des données ? Sommes-nous seulement des êtres rationnels dénués d’émotion dans nos choix de consommation ?

La Une du New York Times Magazine sur comment les entreprises apprennent vos secrets, montrant à une utilisatrice qu'elle attend un enfant alors qu'elle ne le sait pas elle-mêmeMon comportement d’achat en 2010 a-t-il beaucoup de liens avec mon comportement d’achat dans le futur ? « L’économie change, le contexte change, les goûts changent, les opportunités également. Et surtout, nous sommes des êtres sociaux, pas des abstractions rationnelles. Nous sommes plus souvent guidés par nos émotions quand nous cliquons que par quoi que ce soit que l’on trouverait dans notre raison. Le ciblage marche à une échelle limitée. » Mais le rêve que les données des utilisateurs serviront demain toute la publicité ne semble rien d’autre qu’un rêve à Uwe Hook. « Je ne cherche pas à minimiser les opportunités existantes à l’interaction des données et du comportement humain, comme le montre l’édifiant article du New York Times sur « Comment les entreprises apprennent vos secrets », je ne crois pas que cette façon de collecter des données nous amènera jusqu’au veau d’or. Les tulipes ont de la valeur. Les maisons ont de la valeur. Les données ont de la valeur. Mais celle-ci n’est pas aussi haute que les gens l’estiment à mesure que s’étend la bulle des données. Il est hautement questionnable que même une petite parte de cette valorisation puisse être réalisée. »

Les financeurs dépensent des millions de dollars à investir dans des sociétés dont le modèle d’affaires est basé sur les données utilisateurs. C’est la nouvelle ruée vers l’or clame le célèbre investisseur Peter Thiel. Tout le monde peut être le prochain Mark Zuckerberg. « Ils créent des sociétés qui ont besoin de nos données personnelles pour réussir, tout comme les banquiers ont besoins de prêts hypothécaires indésirables pour créer des notations AAA fictives. Un jour, quand la réalité va revenir à ses fondamentaux, la bulle explosera. Beaucoup d’argent sera perdu. Beaucoup de personnes seront blessées. »

De ces cendres, de nouvelles sociétés émergeront qui auront des attentes réalistes autour de la valeur des données utilisateurs. Et qui sait, qui peut-être nous donneront le contrôle de ces données. Cela a déjà de la valeur, comme l’explique clairement Doc Searls, le promoteur du VRM (Vendor Relationship Management, c’est-à-dire Gestion de la relation commerçant, voir « Maîtriser sa vie privée ») visant à créer une relation volontaire entre client et marchand. Doc Searls d’ailleurs, y explique très bien que la question n’est pas si simple. « Nous ne savons pas si les commerçants sont prêts à payer les gens pour leurs données personnelles. Et sans cette information, nous ne savons pas dire quelle est la valeur perçue que les gens pourraient avoir de leurs données personnelles. Notamment parce qu’il n’y a jamais eu de marché où les gens vendent leurs données personnelles. Ce que nous savons c’est que les données personnelles ont une valeur d’usage. L’idée qu’elles puissent également avoir une valeur de vente est une idée nouvelle qu’il faut encore prouver. » Ce sont d’autres personnes qui vendent nos données, comme l’a montré la semaine passée Twitter en vendant nos tweets à deux sociétés spécialisées dans la fouille de données – ce qui n’est pas sans poser d’ailleurs de très nombreux problèmes de droits, rappelle brillamment Lionel Maurel. Mais lui aussi rappelle que la croyance dans la personnalisation est certainement une erreur – la publicité elle-même est bien plus tolérée qu’acceptée. Reste que le problème est entier ? A quel montant l’usager pourrait-il vendre ces données ? Pour quels usages ? Doc Searls dénonce également depuis 2010 le risque d’une bulle de données.

« Peut-être qu’après l’explosion de cette bulle pourrons-nous à nouveau discuter sereinement et construire des modèles d’affaires réalistes qui donneront peut-être enfin le contrôle de leurs données aux utilisateurs », conclut Uwe Hook. Peut-être…

Est-il temps de payer pour sa vie privée ?

Le directeur du Enterprise Privacy Group, Toby Stevens se pose la question pour le Data trust Blog. La récente modification des conditions d’utilisation de Google a certainement été l’un des plus importants changements dans la gestion de sa vie privée. « Mais a-t-on pris la mesure des implications légales et commerciales de ce changement ? Quoi que Google ait en tête, ils savent où ils veulent en venir. Alors qu’est-ce que cela signifie pour nous autres ? »

Comme le souligne Robin Wilton, directeur de recherche au Gartner, l’un de nos principaux problèmes est que Google semble avoir délibérément confondu « politique de confidentialité » et « politique de la vie privée » : ils ont non seulement changé la façon dont ils informent les utilisateurs, mais également la façon dont ils gèrent les renseignements personnels. En fait, cette simplification de la politique de Google, voulue par les régulateurs, leur permet désormais d’utiliser les renseignements personnels recueillis dans tous les services que chacun utilise. « Leur nouvelle politique leur permet d’exploiter les données à travers tous les services d’un utilisateur afin de simplifier les services, personnaliser l’expérience et faciliter le partage et la collaboration. Le changement permet à Google d’exploiter désormais à la fois les mines de la navigation, des réseaux, des messageries, des documents, du shopping… Bref, à peu près n’importe quels aspects de nos expériences en ligne, afin de toujours mieux servir les clients en publicités. »

Mais il ne s’agit pas de faire une diatribe contre Google, se défend Toby Stevens. Facebook continue de s’attirer les critiques quant à sa politique de confidentialité en constante évolution. Les plateformes Android de Google ou iOS d’Apple ont été sévèrement critiquées du fait que des applications anodines accédaient sans raison aux photos de leurs utilisateurs ou à leurs carnets d’adresses.

Dans un marché plus fragmenté, comme le commerce ou la banque, si une entreprise fait quelque chose qui bouleverse ses clients, ceux-ci ont la possibilité de mettre fin à leur relation et d’aller trouver d’autres fournisseurs. Si suffisamment de clients le font, alors la société finit par modifier ses pratiques. Mais Google et Facebook sont devenus si dominants qu’il est impossible de les éviter. Les utilisateurs qui choisissent d’éviter Google se trouvent marginalisés et contraints d’utiliser des services disjoints à partir d’une gamme de fournisseurs. Ceux qui choisissent de quitter Facebook (ou n’importe quel réseau social) sont délaissés des réseaux dont les autres profitent. « Le retrait n’est pas une option pour beaucoup ».

« Notre problème n’est pas Google, ou Facebook, ou la législation sur la vie privée, ou la régulation du marché, ou un manque d’approches centrées sur les utilisateurs dans les implémentations de ces systèmes. Notre problème est le modèle commercial sous-jacent selon lequel nous nous attendons à recevoir ces services gratuitement. Ces entreprises fournissent une richesse d’interactions jusque-là inimaginables sans nous demander le moindre centime pour cette expérience. Bien sûr, pour créer cette richesse d’interaction, elles ont besoin d’une quantité importante de données. Mais la cause première de notre manque de contrôle sur l’exploitation de nos données est le fait que nous sommes le produit, pas le client. L’argent vient des annonceurs, et pour répondre aux attentes des fournisseurs, ces sociétés sont engagées dans une course à la donnée, devant prendre des risques toujours croissants par rapport à notre vie privée pour produire leurs bénéfices.

Alors que faire ? Nous ne remettrons pas le génie dans la bouteille. Nos données sont là-bas, et elles ne vont pas disparaître demain. Il semble difficile de spéculer sur un rejet global et massif de Google. Il semble également peu probable que des systèmes concurrents avec des modèles d’affaires différents puissent surgir dans un futur proche, même si la gestion de la relation fournisseur (VRM) semble avoir clairement le potentiel pour résoudre ce problème, le chemin est encore long pour trouver la dynamique qui fera trembler les géants.

Non, ce dont nous aurions besoin, estime Toby Stevens c’est de payer Google, Facebook et les autres pour leurs services, par des espèces sonnantes et trébuchantes plutôt que par le biais de nos données personnelles. »

Et Toby Stevens d’expliquer qu’il serait prêt à payer une redevance mensuelle pour garantir que son téléphone ne partage pas ses données et protège sa vie privée. Il serait prêt à payer Facebook pour un service avec des contrôles appropriés plus granulaires et pour l’assurance que son utilisation et ses relations ne seront jamais analysées par Facebook ou par des applications tierces, à moins qu’il y consente expressément.

Le problème est que pour arriver à une telle étape, ces entreprises devraient également être capables de montrer « le coeur sombre de leur modèle d’affaires », ce qui n’arrivera pas dans le climat actuel, estime. Car en fait, pour l’instant, personne ne peut vraiment fixer un prix, au risque de souligner combien les capitalisations boursières ou les investissements sans fin sont en fait exagérément gonflés.

Pour autant, pour Toby Stevens, le défi du VRM – tel que l’explorent MyDex ou l’initiative gouvernementale britannique MiData, celle lancée par la Fing autour du projet MesInfos, ou encore plusieurs start-ups qui tentent de transformer nos données personnelles en monnaie virtuelle – est bien là. Si nous voulons un plus grand respect de la vie privée, des données ouvertes et des services gratuits, nous devons trouver un moyen pour le faire qui soit plus attrayant que les modèles d’affaires actuels. « Il est nécessaire de montrer que les utilisateurs peuvent payer et nous avons tous besoin de nous préparer à payer pour préserver notre vie privée. »


Image : la Home de Personal, un outil pour gérer ses données personelles.

Que vaut notre vie privée ?

L’idée de Toby Stevens est certes intéressante. Mais est-elle réaliste ? Beaucoup d’entre nous (pas tous) seraient prêts à payer les quelques euros annuels pour que nos données ne soient pas cédées à d’autres sociétés. Pour que l’analyse de données faite de nos données ne soit pas vendue à des tiers…

Serions-nous donc vraiment prêts à payer pour notre vie privée ? C’est la question que posait Somini Sengupta pour le New York Times. Des chercheurs de l’Institut Allemand de recherche économique et de l’université de Cambridge ont récemment mené une étude sur le sujet de la monétisation de la vie privée, en Allemagne, où la question des données personnelles est un sujet aigu. L’étude visait à comprendre comment entre en compte dans une décision d’achat le fait de révéler ou pas des données personnelles, en testant plusieurs propositions de fournitures de services, comme l’achat d’un ticket de cinéma selon plusieurs modalités, dont certaines offrant une réduction en échange d’informations personnelles. Seulement 29 % des participants ont choisi de payer 50 centimes de plus pour conserver par-devers eux leur numéro de mobile et seuls 9 % des participants ont accepté de payer un peu plus pour éviter de recevoir un e-mail publicitaire. Quand il n’y a pas de différence de prix, les utilisateurs choisissent massivement le service le moins intrusif.

L’étude conclut par des recommandations soulignant que les utilisateurs devraient toujours avoir des options leur permettant de divulguer moins de données personnelles, même si cette différence conduit à des services au prix un peu plus élevé. Faciliter la comparaison non seulement des prix, mais des modalités d’utilisation des données personnelles, pourrait également à l’avenir être une information différenciante.

En fait, estime Somini Sengupta, la question des données personnelles est souvent polarisée entre ceux qui font valoir que la vie privée est morte et ceux qui cherchent des moyens de protection juridique toujours plus évolués pour protéger la vie privée, attaquée dans de plus en plus d’espaces. Et la recherche est certainement encore un peu en retard à montrer ce que les gens font vraiment de leur vie privée, et la différence entre ce qu’ils disent et ce qu’ils font.

Somini Sengupta conclut par un petit exemple très illustratif. Il a utilisé un service en ligne pour inviter des amis à une soirée. A un moment, il devait choisir entre payer un supplément de 10 $ pour une invitation sans publicité ou continuer d’utiliser le service gratuit. Il a fait comme beaucoup auraient fait. Il a fait subir la publicité à ses amis – certainement parce que le coût additionnel n’était pas adapté au niveau de nuisance induit.

C’est certainement une bonne leçon. Nous sommes tellement habitués à devoir gérer le spam et le marketing et ils ont finalement tellement peu d’incidences immédiates, que le meilleur moyen de l’ignorer est devenu de l’accepter, de vivre avec, en espérant que nos filtres progressent plus vite que l’analyse de données, un peu comme dans la course entre les mécanismes de protection et les pirates.

Jusqu’ici tout va bien pourrait-on dire… Oui, pour l’instant, ils tiennent à peu près, jusqu’à ce que les progrès de l’analyse de données ne les fassent peut-être craquer.

Hubert Guillaud

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41 réponses sur “Nous faudra-t-il payer pour préserver notre vie privée sur l’internet ?”

  1. « Ceux qui choisissent de quitter Facebook (ou n’importe quel réseau social) sont délaissés des réseaux dont les autres profitent. » Phrase mensongère, qui ne rend pas compte de la réalité. Une petite comparaison suffit à le comprendre.

    Est-ce que ceux et celles qui ne vont pas en boîte de nuit parce qu’on y passe de la musique infecte et qu’on n’y rencontre que des médiocres et des frimeurs superficiels font des rencontres moins intéressantes qu’ils ne le pourraient et sont à l’écart de là où ça se passe ? Bien sûr que non. Ils sont là où ils doivent être, les oreilles calées sur Bach ou Miles Davis et loin des gens qui ne présentent aucun intérêt pour eux. Ils peuvent sans rien rater de la vie laisser le genre de personnes qui rencontrent leurs partenaires en boîte de nuit et baisent sur un slow de Claude François faire entre eux des gosses qui ressembleront à leurs parents et écouteront une musique équivalente 15 ou 20 ans plus tard.

    Facebook, c’est pareil : lieu de rencontre du troupeau, public bas de gamme. Je peux concéder que c’est un peu plus compliqué, ce qui se passe sur Facebook, parce que le nombre d’inscrits et l’effet de mode ont attiré quelques pages et quelques usages professionnels, mais ceux-ci restent bien marginaux et éphémères.

    1. Qu’on s’entende bien, on peut tout à fait vivre sans Facebook, qui n’est vous avez raison, qu’un lieu parmi d’autres. Mais à un moment où les communications passent pour beaucoup par les médias sociaux choisir de ne pas s’y inscrire vous coupe néanmoins des interactions possibles. Aujourd’hui, par exemple, ne pas utiliser Facebook – ou Twitter ou quelque soit le type de réseau social – n’est pas tant un inconvénient pour les sites sociaux en eux-mêmes, que pour tous les sites qui utilisent les fonctionnalités sociales des médias sociaux. Derrière cela, de plus en plus, c’est votre utilisation de tous les services web qui se trouvent amputés d’une fonctionnalité. Vous ne pouvez plus écouter la musique de vos amis, plus lire ce qu’ils vous recommandent, etc. Oui, c’est un lieu et on peut s’en passer, mais dans un monde où les sites sociaux deviennent omniprésent, ce sont des tas de fonctionnalités qui vous deviennent indisponibles…

      Enfin, sur les réseaux sociaux, il n’y a pas que le troupeau justement. Vous pouvez aussi partager des choses avec des gens qui n’écoutent que du jazz… C’est ce qu’on appelle l’homophilie dans les réseaux sociaux : http://www.internetactu.net/2010/10/25/danah-boyd-vivre-avec-dans-et-autour-de-linformation/ On se connecte aux gens qui nous ressemblent le plus.

      1. Merci pour votre réponse, Hubert. Ce que vous dites est exact, factuellement, et pourtant je vais en remettre une couche, parce que pour me répondre vous lissez des aspérités qui doivent au contraire être mises en valeur.

        « On se connecte aux gens qui nous ressemblent le plus », dites-vous à juste titre, avec à l’appui une référence pertinente. Mais avez-vous réfléchi aux limites de cette phrase, quand il faut l’appliquer aux solitaires ?

        Il se trouve, Hubert, que les gens qui me ressemblent le plus aiment la solitude. Ils aiment être invisibles aux autres. Ils apprécient de ne pas exister pour les services sociaux (la CAF, leur mairie, la police…). Ils détestent s’exposer sous leur vrai nom. Ils méprisent Facebook, réseau social universel, égalitaire. Il est vrai qu’ils peuvent trouver utile d’être membres d’un réseau professionnel, genre Linked-In, qu’ils pourraient se mettre sur un ou deux darknets élitistes regroupant amateurs de jazz et de classique, mais ils n’en ont rien à foutre de ce que deviennent leurs copains d’avant et leurs amours de jeunesse : c’est le présent qui les intéresse, et l’avenir. En outre, ils n’ont pas de _copains_, mais des _amis_, au sens plein du terme ; et ils savent que s’ils veulent pouvoir vivre des choses significatives avec leurs amis, ils ne doivent guère en avoir plus que Django Reinhardt n’avait de doigts à la main gauche.

        Les gens qui me ressemblent le plus écoutent du jazz et du classique, donc. Ils partagent (illégalement) de la musique avec moi, mais pour avoir la musique des uns et des autres, il faut que j’aille la chercher (_pull_), ils ne la poussent pas devant mes yeux (_push_). Je ne suis jamais soumise à l’obligation morale d’aller lire leurs états d’âme. Leur vie est secrète, elle n’est pas publiée sur un journal mural.

        Donc voyez, Hubert, ne pas « bénéficier » des fonctionnalités de Facebook, ce n’est pas se priver de derniers développements de la modernité, ce n’est pas un moins (de fonctions), c’est un plus (d’autonomie). C’est c’est ne pas être engluée dans une citoyenneté intrusive de cours d’école (ne jamais oublier que Facebook prétend étendre au monde entier une sociabilité étudiante : le mot « facebook », en anglais, signifie « trombinoscope »), et c’est aussi ne pas laisser la grande entreprise / Léviathan gérer ses canaux de communication avec les autres, mais en conserver la maîtrise.

        Vous dites que si on n’est pas sur Facebook : « c’est votre utilisation de tous les services web qui se trouvent amputés d’une fonctionnalité. » Mais il vous a échappé que cette fonctionnalité est un câble, une chaîne, un cordon ombilical à la David Cronenberg, plutôt qu’un membre. Bref, être amputé de cela, c’est rester libre, ni plus ni moins.

        1. Je vous rejoins (quasi) totalement, Aline.
          Le principale défaut de votre article est de partir du présupposé que Facebook (ou autre) est nécessaire, indispensable. Cela peut-être vrai dans quelques cas peu nombreux, mais faux la plupart du temps.
          Nous disposons de beaucoup de moyens de communication: mail, courrier, téléphone et, même, rencontrer les gens. Ne pas utiliser facebook n’est donc pas se couper socialement. Cette rupture de lien ne se fait qu’avec les « amis » facebook, ou les « follower » de twitter (ce dernier terme est d’ailleurs plus exact), mais de quoi s’agit-il réellement? De rien, d’une activité nombriliste consistant à se montrer; d’une activité voyeuriste consistant à aller voir la dernière photo de bidule. On se crée ainsi de fausses amitiés, mais une vraie sociabilité en terme de contrôle et d’imitation sociale.
          Vous dites ainsi qu’on ne peut plus écouter la musique de ses amis ou lire ce qu’ils nous recommandent? Je vous assure que si: il suffit pour cela de les rencontrer; pas sur la Toile, pas dans le virtuel, mais juste réellement (avec ses petites jambes et tout ça).
          A mon sens, le plus gros problème posé par tout cela n’est pas la protection des données personnelles de l’utilisateur, mais celles de ses connaissances. A titre personnel, si je devais subir ne serait-ce qu’une pub ou un spam à cause d’une de mes connaissances, je résoudrais très vite ce problème en lui envoyant un bon vieux bourpif, histoire de rompre réellement cette connaissance (et donc également virtuellement), histoire que ses choix ne signifie pas une intrusion dans ma vie privée.

      2. « Vous ne pouvez plus écouter la musique de vos amis, plus lire ce qu’ils vous recommandent, etc »

        C’est quoi cette plaisanterie? Vous faites quoi des rencontres, du téléphone, des lettres et des courriels? A la poubelle? Si je partage une passion ou un hobby, c’est avec mes amis et ceux que je peux rencontrer dans des fora de discussion privés, ou publics mais où généralement l’anonymat est préservé. Pas besoin de face de bouc et autres conneries qui ne servent qu’à vous espionner. Combien pouvez-vous « gérer » d' »amis » sur face de bouc? Ah oui! C’est la course au nombre d’amis pour savoir qui a la plus grosse! Belle mentalité. Et relations aussi superficielles que virtuelles.

        « On se connecte aux gens qui nous ressemblent le plus. »

        Oui, pour se branler parmi. Comme nous sommes beaux! Vous faites quoi de la diversité? De la mixité? A la poubelle aussi! Les autres sont des cons, n’est-ce pas, puisque cela ne vaut pas la peine de les contacter. Miroir, mon beau miroir…

        Big Brother qui n’a même pas besoin d’imposer ses caméras dans les chambres à coucher, puisque les moutons les installent eux-mêmes!
        Le rêve de toute idéologie totalitaire!

        Il me souvient d’un numéro du journal Le Tigre qui avait pu reconstituer en détail la vie d’un type qui avait laissé sur ces réseaux « sociaux » tellement d’informations – photos comprises – que pratiquement plus rien n’était privé : amours, travail, vacances, maladies, etc.

    2. Votre comparaison avec les boites de nuit est foireuse.
      Facebook n’est qu’un outil. Comme le téléphone. Comme internet. Comme la télévision.
      A vous d’en faire usage comme vous le souhaitez.

    3. A vous lire, vous ne devez pas utiliser Facebook, mais vous en parler … bon.

      Ça me rappelle quelqu’un qui disait : « Moi quand je n’ai rien à dire, je le dis. »

      L’outil a le côté merveilleux d’être un livre de votre vie, imaginez la gueule de votre Timeline après plus de 30 ans, retraçant vos peines et vos joies, tout ceci consultable par vos enfants, et discutable. Vos photos, vos pensées, tout ce que vous avez voulus y mettre. Et ça ne peut être visible que de vous ou des personnes que vous choisissez, à la personne près.

      Facebook, Google c’est aussi des challenges techniques relevés. Procurer l’expérience temps réel de Facebook à plusieurs dizaines de milions de personnes connectées en même temps est un défi technique.

      Ces défis tracent la route vers un web outil de gestion et de partage des ressources au sein de la société. Ce que sera exactement demain n’est connu de personne, cela nous ouvre un champ de possibles limité seulement par notre imagination. Nous somme en plein cœur d’une révolution qui va modifier la société en profondeur. Demain, votre slip avec IPv6 aura une adresse IP et sera traçable, il sera possible d’évaluer en temps réel les besoins essentiels de chacun.

      Reste à ouvrir le cœur des hommes, et en cela les réseaux sociaux jouent leur rôle pleinement.

      1. Oui bon, le côté « avatar de ma vie » ne me bluffe pas. Mieux vaut encore en parler entre la poire et la café photos en main avec ses enfants que faire une fois de plus l’autiste devant son écran.

      2. Arguments gluants de prêtre, selon la typologie nietzschéenne de l’humain.

        Examen détaillé :

        « L’outil a le côté merveilleux d’être un livre de votre vie »

        Ma vie, banale, a intérêt à être oubliée plutôt que publiée.

        « imaginez la gueule de votre Timeline après plus de 30 ans, retraçant vos peines et vos joies, tout ceci consultable par vos enfants, et discutable »

        Inceste affectif. On peut vouloir connaître les grandes lignes de la vie de son père ou de sa mère, mais entrer avec ce niveau de détail dans les joies et les peines, c’est particulièrement malsain. Tout autant, voire plus, que la confession dans le catholicisme, autant pour celui qui parle que pour celui qui se repaît de ces paroles.

        « Ces défis tracent la route vers un web outil de gestion et de partage des ressources au sein de la société. »

        L’attention humaine est une ressource, pas l’information, et pas l’information sur la vie privée d’un individu. Disant cela, je dois concéder qu’extraire, à partir de données brutes, de l’information sur les réactions de millions d’individus peut avoir une valeur. Raison de plus pour vivre caché et aider ainsi les sondeurs et les data miners à se planter.

        « Demain, votre slip avec IPv6 aura une adresse IP, il sera possible d’évaluer en temps réel les besoins essentiels de chacun. », « Reste à ouvrir le cœur des hommes ».

        Argument de prêtre : il n’y a qu’eux pour penser qu’il faut ouvrir les coeurs, et que pour ouvrir le coeur d’une personne il est juste et bon de passer par son slip. Et plus on les prend jeunes, mieux ça marche : pas vrai, Julien ?

      3. « Et ça ne peut être visible que de vous ou des personnes que vous choisissez, à la personne près. »

        C’est un mensonge puisque tout est stocké indéfiniment chez face de bouc, et que vous ne pouvez rien y retrancher. Le droit à l’oubli est un bien fondamental. Et rien de vous oblige à utiliser face de bouc. Vous savez les cahiers et les crayons, ça existe toujours. Ah, oui, attention pour les photos numériques, elles risquent de disparaître bien vite. Certains supports ont la vie plus courte que d’autres. Et certainement moins longue que les diapositives.

        « Reste à ouvrir le cœur des hommes, et en cela les réseaux sociaux jouent leur rôle pleinement. »

        Tant de naïveté est désarmante. La fonction première des réseaux sociaux est le contrôle. Toutes les fonctionnalités vont dans ce sens. Leur fonctionnement, leurs options sont décidés par quelques uns.

    4. Vous mettez un peu tout et tout le monde dans le même panier de la médiocrité.

      Pour ma part, j’aimerais quitter Facebook, mais étant expatrié, comme d’ailleurs d’autres de mes amis, c’est malheureusement le moyen le plus efficace.

      Quelle autre alternative offre cette possibilité de partager liens, de suivre les annonces de court métrage d’un ami, les photos de concert d’un autre, les déplacements à l’étranger des uns et des autres, d’annoncer son retour en France, sans envoyer un sms à 60 personnes ?

      Le téléphone ?
      Un blog ?
      Skype ?
      Irc ?
      Les emails hebdomadaires ?

      Je vous accorde par contre que ceux qui utilisent Facebook à raison de 60 liens par jours et autres participations à des jeux tous plus médiocres les uns que les autres, je vous rejoins. Mais chacun fait usage de la technologie comme il le souhaite.

      Pour faire un parallèle rapide, on peut critiquer le contenu des chaînes de télévision sans rejeter l’outil qu’est l’écran.

  2. Le modèle économique rechercher ne peut fonctionner qu’avec des utilisateurs (ou produits) passifs ou non-conscients de la perte de leur vie privée.
    Ce sujet est majeur et pas seulement sur internet car la perte de vie privée dans le monde réel est tangible (puce RFID, GPS, Mobile…). Le monde virtuel qui pouvait encore passer pour un espace protégé fait l’objet de débordement bien pire.
    Doit on accepter un modèle économique basé sur la perte de notre vie privée sous prétexte que l’on souhaite utiliser un service gratuitement ?
    La bulle est prête à éclater, désinscription !

    1. Votre commentaire également est caricatural. Argumentez plutôt que d’en rester à l’insulte facile ! Vous avez tout à fait le droit de ne pas être d’accord, mais dites nous et pourquoi que ça nous apporte à tous !

  3. Selon l’article l’idée de payer pour garantir sa vie privée est intéressante. Cela me fait bondir. L’état doit garantir le respect de la vie privée. De faire un service marchand de cette question a des implications graves. Ainsi ceux qui ne pourraient pas se payer le service n’auraient pas de garantie!
    Il est grave que cette idée soit commentée en ces termes. Cela fait mesurer tout à la fois la spirale dans laquelle nous sommes entraînés…et le manque de recul de l’auteur.

    1. C’est un peu plus compliqué. L’auteur propose le choix, un accès gratuit contre collecte de données, ou un accès payant.

      En général, produire et diffuser de l’information ou un divertissement coute cher. Certains acceptent de prendre ce prix à leur charge, souvent par militantisme ou parce qu’ils ont un certain plaisir à le faire, néanmoins pour de nombreuses personnes c’est aussi un gagne pain. Dans ce cas, comment gagner de l’argent ?

      -> pub. C’est en fait pas si facile de gagner de l’argent comme ça. Les pubs qui rapportent sont soit extremement bloquante (genre gros pop up au milieu de l’écran, vidéo promo sur youtube, pub tv) soit très ciblée. La pub non ciblée dans un petit coin de l’écran que personne ne voit, ca rapporte très très peu d’argent (peu de gens la regarde, encore moins clique dessus, et les annonceurs en sont tout à fait conscient).

      -> faire payer. C’est le choix de mediapart par exemple. Ca suppose souvent une certaine notoriété difficile à acquérir, et je ne payerais personnellement pas tous les contenus que je consulte sur Internet.

      A cela s’ajoute un autre problème, qui rend le coté payant ou pub interessant, c’est l’indexation. Pour avoir une chance d’être lu, il vaut mieux être indexé dans des moteurs de recherche. Or les indexeurs des moteurs de recherche n’ont en général pas de carte bleue et par conséquent n’accèdent qu’à la partie gratuite. Voila pourquoi je suis en général assez favorable à un double service accès gratuit financé par de la pub/accès payant. Pour info, facebook c’est 4milliards de CA, 500 millions d’utilisateurs, ce qui ferait un tarif annuel de 10€ par utilisateurs, perso je préférerais largement payer le service ce qu’il vaut que d’avoir un fausse gratuité.

    2. Non, « selon l’article », on doit toujours payer un service: soit avec de l’argent, soit avec des informations. Il n’est en aucun cas fait mention d’assurance payante pour les informations privées.

    3. « L’état doit garantir le respect de la vie privée. De faire un service marchand de cette question a des implications graves.  »

      C’est le rêve de tout capitaliste de tout transformer en service marchand. Bientôt c’est l’air que nous respirons qui deviendra payant. Zut, c’est déjà le cas, par exemple, avec ceux qui ont les moyens de s’installer à la campagne pour respirer un air moins pollué. Ou qui ont une résidence secondaire à Marrakech. Alors que le smicard, il n’a pas le choix lui et doit vivre dans un milieu à l’air nauséabond.

  4. @Kerb. C’est effectivement à l’Etat et à la société de garantir la vie privée. Mais dans un monde changeant, qui invente des outils sans en voir toujours les conséquences, qui développe des technologies en en inventant les règles, le code loin de toute législation, il se passe des mouvements, des dérèglements qui ne sont pas nécessairement en phase avec la société et qui demande à celle-ci de se positionner… Ce qui n’est pas si simple. Cela demande à la société d’avoir conscience des conséquences de la technologie, tant des conséquences positives que négatives et d’être capable de juger, d’orienter l’innovation. Les voitures ont permis aux gens de se déplacer plus vite, mais elles ont aussi engendré la pollution…

    Bien sûr, faire un service marchand implique quelques questions graves, notamment pour ceux qui n’en ont pas les moyens. Mais nous ne parlons pas nécessairement de sommes mirobolantes non plus et elles pourraient par exemple être incluses dans votre abonnement internet. Il faut bien voir qu’utiliser des services gratuits a peut-être finalement des conséquences encore plus graves.

    1. Le problème est que l’Etat actuel utilise Facebook, au-delà de ce que vous pouvez imaginer, contre les personnes qu’il perçoit comme nécessitant d’être « surveillées ». J’en fais partie (je suis activiste et victime dans une affaire de santé publique sensible), mais j’ai vu d’autres personnes surveillées à leur insu, comme un militant socialiste, par exemple.

      En ce qui me concerne, les données quelles qu’elles soient sont manipulées de l’intérieur (de Facebook). Il y a des réglages qui ne fonctionnent pas, et qu’il est impossible de changer (réglages de visibilité), des vidéos qui disparaissent, des commentaires qui disparaissent, je suis certaine que mes messages personnels sont lus, et j’ai trouvé un profil qui était « ami » avec moi, alors que le lien n’était pas réciproque, et que je l’ignorais.

      Ceci suppose une manipulation de la source des pages. Il n’y a que des gens qui bossent à Facebook pour faire ça. Facebook France est donc corrompu. J’ai déposé une plainte auprès de la CNIL (lettre recommandée avec accusé de réception), plainte qui a tout simplement… disparu. CQFD.

  5. Depuis quand est-ce qu’un fil twitter ou un mur FB est privé ??? Il me semble que si l’on publie ce genre de micro-messages sur le Net, c’est pour qu’ils soient vus de tous, et donc publics!
    D’autre part, la Commission Européenne est en train de nous préparer un texte au petits oignons qui va taper un grand coup sur les firmes qui font du commerce de données personnelles; mais les pires ne sont pas FB Twter et autres, les pires sont les « data brokers » qui vous vendent pour quelques milliers d’euros des « adresses qualifiées », et celles-ci risqueront de lourdes sanctions.
    Dernière remarque, le mining de réseaux sociaux est aussi une activité importante, tant pour la recherche que pour le commerce. Le fait de proposer une offre commerciale parfaitement adaptée à un consommateur en fonction de ses posts divers et historiques d’achat n’est pas forcément un mal, ça peut même être intéressant et pertinent pour le consommateur.

    1. Intéressant ce que vous dites. Dommage pour le mot de trop dans le dernier paragraphe. Pourriez-vous réécrire ce paragraphe en pensant « citoyen » plutôt que « consommateur », s’il-vous-plaît ?

  6. Pour laisser ce commentaire, je suis obligé de fournir mon adresse électronique. Derrière ce simple geste se cachent beaucoup de possibilités. Certaines peuvent être interprétées comme des risques, d’autre comme des opportunités, et très souvent si pas tout le temps cela sera un mélange des deux.

    Une de ces questions est: qui d’autre que Lemonde.fr aura accès à cette information. Par exemple, Sony, une firme active mondialement, réputée, sérieuse, s’est vu dérobée des informations sur leur consommateurs. Le fait de transmettre nos information, nos numéros de cartes de crédit, ne crée pas seulement une relation entre un individu et une société. Il y a les acteurs cachés, les risques cachés. Il y a des dizaines d’exemples de tels détournements. Qu’une société propose une alternative payante, soit, mais sera-t-elle en mesure de protéger les données critiques? Aucune entité n’est en mesure de le faire a l’heure actuelle. Cela peut fausser grandement l’analyse des comportements des internautes. On s’attaque aux gens qui téléchargent des chansons, mais la proposition légale n’est pas autrement sécurisante: obligation de transmettre ses détails privés, financiers, acte qui correspond à lancer son canot à la mer alors que la tempête rage, et qu’il y a autant de requins que de dauphins. Je poétise, mais ce que s’essaye de dire est que le choix ne se limite pas à un choix entre vie privée et gratuité. Le calcul que je fais lorsque j’utilise un service est basé sur bien plus de paramètres, dont la plupart sont impossibles à évaluer. Comment savoir si je peux donner mon numéro de carte de crédit à untel.com, si même les principales sociétés de cartes de crédit sont incapables de protéger leur données?

    Ce qui est clair, c’est que la valeur potentielle des informations personnelles peut être énorme, tout comme le risque engendré par leur interprétation potentiellement erronée. Il ne s’agit pas uniquement de valeur financière. Le tendance actuelle est au jugement de la personne selon ses habitudes, ses préférences, sa visibilité. J’ouvre une parenthèse pour décrire un risque tout particulier à l’exposition des données personnelles à des tierces partis, que cette exposition soit volontaire ou non. Il existe des personnes qui chercheront à apprendre ce qu’ils peuvent de vous afin de facilité leur approche et s’infiltrer dans votre vie. Leur intentions seront rarement bonnes pour vous. Ils se façonneront un visage et une sensibilité qui vous seront sympathiques. Une fois proches de vous, ils auront une plus grande facilité pour arriver à leur fin. Je referme la parenthèse.

    J’aimerai laisser un petit mot pour Aline, bien que je pense que l’on soit hors sujet. Les limitations de Facebook ne sont pas celles de ces utilisateurs. Personne ne s’y connecte pour discuter de métaphysique. Cela n’empêche pas un chercheur en physique nucléaire de s’y connecter pour rester en contact avec un professeur en mathématiques. Et ce que vous voyez sur Facebook n’englobe pas tout ce qui s’y passe.

    1. Moi aussi je viens de laisser mon adresse de messagerie pour poster ma réponse.
      J’ai d’ailleurs quelques boites bidon juste pour cela. Il y a un filtre qui fait le ménage à mesure…
      Pour le moment, les adresses de messagerie ne coûte rien, profitons-en.
      Si vous ne voulez pas laisser vos données se promener, utilisez un avatar et laisser les sociétés se gaver sur son dos. Bref, segmentez ! Ce n’est pas bien compliqué, et vous serez plus tranquille. Et n’oublier pas de virer vos cookies avant de sortir…

      1. Je suis bien d’accord, et j’ai souvent recours à ce prodédé. Parfois je choisis de mettre une adresse email exacte afin de pouvoir suivre les retombées. Mais ce n’est pas une solution valable dans toutes les situations, une transaction commerciale entraîne l’obligation de s’identifier correctement par exemple. Dans le domaine des services virtuels, il n’y a pas toujours d’équivalent hors réseau.

    2. Vous pouvez tout à fait laisser une adresse bidon comme celle que j’ai laissée : moi@lol.com.
      Cela ne nuira en rien à vous commentaire.

      1. L’un n’exclut pas l’autre, d’ailleurs : on peut à la fois vendre et mentir (du moins sur les données qui ne peuvent pas faire l’objet d’une vérification à la fois indépendante et bon marché).

        1. Attention que les données personnelles s’étendent à plus que le nom, l’adresse, etc. Vous ne pouvez pas vraiment mentir sur votre historique de navigation, vos recherches dans google, etc. Et ces informations intéressent beaucoup de gens et sont déja sur la table des négotiations, que vous le vouliez ou non. Ajoutez-y les données de géo-localisation (smartphones etc). Que je sache, toutes ces informations sont typiquement ‘sacrifiées’ via les accords de licences, les conditions d’utilisation, etc. Évidemment tout cela se complique si la discussion tourne autout d’un hypothétique changement au niveau législatif comme en parle Sÿlv.

    1. Si ces sites sont visités c’est qu’ils offrent quelque chose à quelqu’un. On peut évoquer la gratuité perçue des messages, par opposition aux SMS, et noter la persistence de ces messages.

  7. Mentir est une autre forme de resistance en effet. Il est toujours possible en tout cas de s’enregistrer sous d’autres pseudos et de brouiller les pistes, mais cette tactiques ne marche plus tres bien quand il s’agit de laisser son vrai nom pour un achat par carte bancaire par exemple…

  8. Fausses adresses mail, Ghostery, Adblock, Diaspora et un peu plus d’effort à fournir pour conserver son autonomie… ce n’est pas difficile mais je sais que dès qu’on a un peu trop mordu à FB et Twitter, on se croit incapable de concevoir les choses autrement. Le libre doit être un peu plus investi par cexu qui passent énorémént de temps en ligne (ce qui n’est plus trop mon cas).
    La carte n’est pas le territoire, il reste encore bien des zones tranquilles sur le Net. C’est comme prendre les départementales plutôt que l’autoroute afin de s’arrêter quand on le souhaite et éviter le péage : plus long mais pour ma part plus chouette.

  9. Je vois de plus pour assurer la sécurité des données personnelles devient plus important . Surtout la technologie temps boom aujourd’hui … !

  10. Bien sûr, en raison de l’espace sur internet n’a pas naturellement. Il doit avoir créé des gens

  11. Je ne peux pas faire confiance à Internet absolument. Même si cela coûte de l’argent pour acheter de la vie privée, ce n’est pas sûr. Mais de toute façon c’est naturel. Parce que l’internet n’est pas gratuit.

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