Publicité

Bouygues fait une offre sur SFR et promet de limiter le poids de la dette

+ VIDEO Les synergies entre les deux groupes atteindraient 10 milliards d’euros. Bouygues laisserait à Vivendi 46 % du nouvel ensemble. Le titre Bouygues a grimpé en Bourse, tandis que celui de Numericable a signé la plus forte baisse du SRD.

0203352694958_web.jpg
L’offre de Bouygues« valorise SFR à 14,5 milliards d’euros présynergies et à 19 milliards d’euros post synergies ».

Par Romain Gueugneau, Solveig Godeluck

Publié le 4 mars 2014 à 22:41

Vivendi va pouvoir choisir entre deux offres concrètes de rachat de sa filiale SFR. Alors que depuis plus d’une semaine, n’attendant plus que d’être mise en forme par les avocats, Bouygues est sorti du bois et a déposé la sienne mercredi soir. Le groupe a indiqué jeudi que son offre valorise la filiale télécoms de Vivendi à 14,5 milliards d’euros, qu’elle n’implique « aucun départ contraint » et prévoit « une redynamisation de l’emploi ».

Bouygues prend par ailleurs soin de laisser à Vivendi une place plus importante au capital du nouvel ensemble. Dans un communiqué dévoilant les détails de son projet, la maison mère de Bouygues Telecom indique offrir à Vivendi « 10,5 milliards d’euros en numéraire et 46% du capital du nouvel ensemble » contre 32 % offerts par Numericable. Altice, maison-mère de Numericable et seul autre prétendant à SFR, qui n’a pas encore officiellement rendu public son projet, offrirait 11 milliards d’euros en numéraire pour une opération qui valoriserait l’opérateur à 15 milliards d’euros, selon certains médias.

VIDEO - Stéphane Dubreuil : "La fusion SFR / Bouygtel pourrait aussi bénéficier à Free"

Publicité

Bouygues juge son offre « attractive » pour les actionnaires de Vivendi puisqu’elle « valorise SFR à 14,5 milliards d’euros présynergies et à 19 milliards d’euros post synergies », indique le communiqué. Le groupe entend introduire le nouvel ensemble en Bourse « dès la réalisation de la fusion ». A cette occasion, Vivendi se verrait offrir la possibilité de céder 15 % supplémentaires du capital. « Vivendi sera par la suite libre de rendre liquide le solde de sa participation dans le calendrier de son choix », précise le communiqué de Bouygues.

Synergies importantes

Sur le volet des synergies, l’offre de ­Bouygues se veut mieux-disante. Le groupe les estime à 10 milliards d’euros pour des coûts de mise en œuvre d’environ 800 millions sur cinq ans. 80 % des synergies seraient réalisées en 3 ans. Numericable, qui tablait initialement sur au moins 6 milliards d’euros de synergies, n’hésitait plus à parler mercredi soir de 12 milliards de synergies.

VIDEO - Télécoms : "la guerre des prix se fait au détriment de l'innovation et de l'emploi"

Le montage financier est conçu de telle sorte que la nouvelle entité puisse se financer à des taux raisonnables (catégorie investissement). Afin de ne pas inquiéter les investisseurs, il ne mettra pas de cash ­lui-même dans l’opération. Sa filiale, ­Bouygues Telecom, s’en chargera. La dette du nouvel ensemble, intégralement garantie par HSBC, couvrira le financement de l’acquisition et ses besoins opérationnels, précise le communiqué. Une augmentation de capital est par ailleurs « envisagée au moment de l’introduction en Bourse, renforçant encore ses capacités d’investissement ».

Catégorie spéculative

« Bouygues a tout intérêt à blinder son offre au niveau financier, car c’est justement le point faible de la proposition Numericable », indique un observateur. L’opération Numericable-SFR comporte quant à elle une composante cash (3 milliards d’euros), de la dette (8 milliards d’euros), et donc des actions (32 %). Le ratio dette sur Ebitda devrait atteindre 3,4 ce qui n’interdit pas d’emprunter, mais classerait le nouvel ensemble dans la catégorie spéculative. L’entourage de Martin Bouygues a beaucoup critiqué l’aspect endettement du ­projet concurrent, notamment auprès des pouvoirs publics.

VIDEO - Stéphane Dubreuil : "L'Europe des télécoms est un échec politique et industriel"

« Il s’agit d’une offre offensive sur le plan industriel et non défensive, détaille une source proche du dossier. Nous ne voulons pas seulement rééquilibrer le marché du mobile mais aussi être offensifs sur le numérique, les nouvelles technologies, la fibre optique et les services associés. » Le nouvel ensemble deviendrait le septième acteur du secteur en Europe.

Bouygues a promis des « engagements extrêmement forts sur le social », avec « zéro départ contraint », ainsi que des cessions d’actifs pour maintenir le niveau de concurrence. Les cessions potentielles d’actifs ainsi que l’augmentation de capital qui accompagnerait l’introduction en Bourse prévue du nouvel ensemble s’élèveraient à 3 milliards d’euros, a précisé jeudi le directeur financier du groupe Philippe Marien.

Publicité

Pas de candidat privilégié

Les contacts avec l’Autorité de la concurrence n’ont pas encore commencé, a confirmé Bouygues jeudi. Outre la cession d’un réseau mobile et de fréquences à Free, déjà évoqués, l’opérateur pourrait également vendre des activités à Numericable. Ce qui permettrait d’alléger la dette. Numericable promet de son coté l’embauche de commerciaux.

Interrogée mercredi sur le rachat de SFR, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a rappelé que celui-ci n’avait « pas de candidat privilégié » , et qu’il s’appuierait « avant tout sur trois critères : l’emploi évidemment, la capacité à investir dans l’outil industriel et la qualité du service qui pourra être fourni aux consommateurs ».

En Bourse à Paris, le titre Bouygues a passé la journée dans le vert, clôturant en hausse de 6,59 %, à 30,67 euros, tandis que Numericable, en repli de 5,26 %, a signé la plus forte baisse du SRD, à 28,99 euros. Vivendi, maison-mère de SFR, a fini la journée à +0,88 %, à 20,74 euros.

>> Lire aussi :

Pourquoi Bouygues veut s’offrir SFR, l’analyse de David Barroux

Télécoms : n’oubliez pas les clients, SVP !, le billet de Dominique Seux

et

Moody’s abaisse la note de Bouygues à Baa1, perspective stable

L’agence de notation Moody’s annonce mercredi soir avoir revu en baisse la note de crédit de Bouygues , qui passe de A3 à Baa1, tout en relevant la perspective de négative à stable. L’agence précise que cette décision reflète la moindre contribution aux résultats du groupe de la part de Bouygues Telecom, « affecté par l’entrée d’un quatrième acteur sur le marché français des télécoms depuis le début de 2012 ».L’agence s’attend à ce que le marché des télécoms en France reste difficile et continue à peser sur le bilan du groupe en 2014, mais ajoute que le lancement par Bouygues d’une offre 4G, qui bénéficie de la plus large couverture en France, pourrait l’aider à regagner progressivement de la valeur.

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité