Dans un grand entretien accordé au Figaro Magazine, à paraître samedi 11 février, Nicolas Sarkozy, qui n'est toujours pas officiellement candidat, pose les bases de sa future campagne électorale en évoquant ses "valeurs pour la France". Il évoque plusieurs pistes.
Référendum. Alors qu'il n'y a jamais eu recours en cinq ans, M. Sarkozy annonce qu'il veut désormais user du référendum. "Je crois que la meilleure façon de surmonter des blocages dans notre société, c'est de s'adresser directement au peuple français", indique-t-il. Plusieurs des réformes qu'il propose au long de l'entretien pourrait y être soumises, notamment celles sur les droits des chômeurs.
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Chômage. Nicolas Sarkozy propose de "créer un nouveau système dans lequel l'indemnisation ne sera pas une allocation que l'on touche passivement, mais la rémunération que le service public de l'emploi versera à chaque demandeur d'emploi en contrepartie de la formation qu'il devra suivre".
Dans le détail, il indique que passé un délai "de quelques mois","toute personne au chômage sans perspective sérieuse de reprise d'emploi devra choisir une formation qualifiante. Celle-ci sera définie par un comité national qui identifiera, avec des chefs d'entreprises et des syndicalistes, les secteurs d'avenir créateurs d'emplois. A l'issue de cette formation, qui sera obligatoire, le chômeur sera tenu d'accepter la première offre d'emploi correspondant au métier pour lequel il aura été nouvellement formé."
Cette réforme pourrait être soumise à référendum : "Si un consensus se dégage parmi les partenaires sociaux, ce ne sera pas nécessaire. Mais, si les intérêts catégoriels s'avéraient trop puissants, il faudrait sans doute réfléchir à l'opportunité de s'adresser aux Français pour qu'ils donnent leur opinion sur ce système d'indemnisation du chômage et sur la façon dont on doit considérer le travail et l'assistanat."
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Immigration. Nicolas Sarkozy plaide pour une réforme du droit des étrangers afin de rendre la juridiction administrative seule compétente en matière d'immigration.
M. Sarkozy propose aussi que "les titres de séjour obtenus par le mariage avec un Français (plus de 25 000 chaque année) soient soumis aux mêmes conditions de logement et de ressources" afin de combattre "plus efficacement les fraudes".
Il veut par ailleurs réformer les prestations sociales accordées aux demandeurs de droit d'asile : "Elles seront limitées quand le demandeur ne coopérera pas avec l'administration, quand il déposera sa demande plus de trois mois après son entrée sur le territoire, ou quand il refusera une offre d'hébergement."
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Il se redit opposé à la régularisation des étrangers en situation irrégulière qui, selon lui, "créerait immédiatement un appel d'air".
Cette réforme pourrait également être soumise à référendum : "C'est un sujet dont on peut débattre", dit-il.
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Education. Nicolas Sarkozy estime ne pas avoir été "au bout" de la réforme de l'éducation nationale. Il plaide pour "augmenter fortement la présence des adultes dans l'école" sans annoncer pour autant une augmentation du nombre d'enseignants.
"L'un des enjeux sera de revaloriser fortement la fonction d'enseignant, d'améliorer leur formation et de réfléchir à leur mission ainsi qu'à leurs conditions de travail. L'idée selon laquelle ils devaient être moins payés parce que l'école était fermée cinq mois de l'année est une idée d'un autre âge. Ce sera l'un des chantiers les plus importants. Il faudra faire preuve d'imagination." Il annonce de prochaines propositions sur le sujet.
Cette réforme sur l'éducation, elle, ne serait pas soumise à référendum : cela "serait vu comme un moyen de monter une partie de la société contre le monde éducatif", estime-t-il.
Collectivités locales. M. Sarkozy évoque un "pacte de stabilité des dépenses publiques de l'Etat" pour les collectivités territoriales, afin qu'elles s'imposent "des règles de diminution des dépenses". Si elles ne le font pas "volontairement", il suggère que "les dotations de l'Etat soient modulées en fonction de leur politique de maîtrise des dépenses".
Droits des homosexuels. Nicolas Sarkozy se dit opposé au mariage comme à l'adoption par les couples homosexuels. "En ces temps troublés où notre société a besoin de repères, je ne crois pas qu'il faille brouiller l'image de cette institution sociale essentielle qu'est le mariage", indique-t-il. Et le mariage "ouvrirait la porte à l'adoption".
Fin de vie. M. Sarkozy se dit opposé à toute évolution législative : "L'euthanasie légalisée risquerait de nous entraîner vers des débordements dangereux et serait contraire à notre conception de la dignité de l'être humain."
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