Il ne devait pas venir. C'est Michel Sapin qui était annoncé pour jouer les VRP et vanter les mérites de la place financière de Paris douze jours après le Brexit. Puis il a décidé de faire le déplacement jusqu'au Pavillon d'Armenonville dans le XVIe arrondissement de Paris où se tenait ce mercredi 6 juillet le forum Paris Europlace, dédiée à la promotion de la place financière parisienne. Et devant un parterre de financiers venus d'Europe, d'Afrique ou d'Asie, Manuel Valls a voulu frapper fort. Et parfois de manière un peu grossière comme lorsqu'il s'est laissé aller à dire que Paris n'avait "rien à envier à la Silicon Valley" ou que le "crédit d'impôt recherche nous est envié partout dans le monde". Pour mieux "challenger" une City sonnée par le séisme du 24 juin, le Premier ministre a surtout annoncé une série de mesures, notamment fiscales, afin de renforcer l'attractivité de la place financière de Paris.
Il a ainsi déclaré que le gouvernement prévoyait de modifier le régime des "impatriés", qui permet aux salariés venus de l'étranger de bénéficier de réductions fiscales. Ce régime sera "applicable pendant huit ans, contre cinq aujourd'hui" et la prime d'impatriation sera "exonérée de taxe sur les salaires", a-t-il dit. Le chef du gouvernement a aussi confirmé la baisse de l'impôt sur les sociétés (IS) annoncée par François Hollande. "Nous avons, dès cette année, supprimé la contribution exceptionnelle à l'IS. Et le taux normal d'impôt sur les sociétés sera progressivement ramené à 28%", contre 33% aujourd'hui, a-t-il détaillé. Au-delà de ces mesures fiscales, le gouvernement prévoit de mettre en place un "point d'entrée unique", coordonné par Business France, pour faciliter les démarches administratives des entreprises étrangères souhaitant s'implanter en France.
Faire de Paris la première place financière d'Europe
Au-delà de ces annonces, le Premier ministre qui était accompagné de Michel Sapin, Axelle Lemaire, Anne Hidalgo et Valérie Pécresse, s'est attaché à montrer que la France n'était pas ce "pays hostile aux entrepreneurs". "Si vous pouvez expliquer aux journaux britanniques que la taxe à 75% n'existe plus je vous en serais reconnaissant", a-t-il ainsi lancé aux financiers présents, avant de louer les bienfaits de la loi travail. Avant lui la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse qui a lancé une campagne de presse dans les journaux britanniques avec son slogan "Welcome to Paris Region", avait appelé à ce que Paris devienne "le refuge des banques basées à Londres qui souhaitent rester dans l'Union européenne".
Quelques minutes avant, le président de Paris Europlace, Gérard Mestrallet, avait quant à lui clamé sa volonté de faire de la capitale française "la première place de l'Union européenne" devant Francfort, la rivale allemande. "Paris a tous les atouts: nous avons notamment cinq banques françaises dans le top 20 européen, un rôle moteur dans la finance carbone et les Fintech". Celui qui est aussi président du conseil d'administration d'Engie s'est également appuyé sur une synthèse de plusieurs indicateurs d'attractivité publiée par Paris Europlace mardi. Selon celle-ci, la France peut compter sur sa très forte industrie de gestion d'actifs, avec, à fin décembre 2015, 20% des encours européens, contre 10% pour l'Allemagne. Selon elle, l'Hexagone se classe aussi au troisième rang mondial des émissions obligataires d'entreprise, avec 606 milliards de dollars, et affiche 33% du montant total en circulation en Europe, devant le Royaume-Uni (29%) et l'Allemagne (10%). La France est également classée au deuxième rang des émetteurs mondiaux de green bonds. En termes de produits dérivés de gré à gré sur les taux d'intérêt ou le change, Paris dépasse Francfort. Le classement ne prend toutefois pas en compte les dérivés cotés, un domaine où l'Allemagne est très active.
Voici un graphique réalisé par Paris Europlace
