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Depuis cette nuit, la Terre vit sur ses réserves

Il aura fallu moins de huit mois à l’humanité pour consommer toutes les ressources naturelles renouvelables que la planète peut produire en un an, selon le Global Footprint Network.

Le Monde

Publié le 12 août 2015 à 19h24, modifié le 13 août 2015 à 19h45

Temps de Lecture 3 min.

Menacé par le désert qui a colonisé plus de deux tiers de son territoire, le Niger favorise sa production de gaz pour freiner la coupe de bois illégale, qui est actuellement le principal combustible utilisé par ses habitants.

L’humanitĂ© vit dĂ©sormais au-dessus de ses moyens. En moins de huit mois, elle a dĂ©jĂ  consommĂ© toutes les ressources naturelles renouvelables que la planète peut produire en un an. L’organisation non gouvernementale Global Footprint Network rĂ©alise ce calcul depuis une vingtaine d’annĂ©es. Grâce Ă  des donnĂ©es fournies par les Nations unies, elle compare l’empreinte Ă©cologique, qui mesure l’exploitation des ressources naturelles de la Terre par l’homme, avec la biocapacitĂ© de la planète, c’est-Ă -dire sa capacitĂ© Ă  rĂ©gĂ©nĂ©rer ses ressources et absorber les dĂ©chets, comme les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre. L’ONG dĂ©termine ainsi le jour de l’annĂ©e oĂą l’empreinte Ă©cologique dĂ©passe la biocapacitĂ©. Pour 2015, ce « jour de dĂ©passement Â» est le 13 aoĂ»t.

Toujours plus prĂ©coce, cette date avance de trois jours par an, en moyenne, depuis 1970. En 2005, elle tombait dĂ©but septembre et en 1975, fin novembre. « MĂŞme si notre calcul est approximatif, il montre que le dĂ©passement est très Ă©levĂ©. Et que l’humanitĂ© continue d’accroĂ®tre sa consommation de ressources, alors qu’elle vit dĂ©jĂ  Ă  crĂ©dit Â», s’inquiète Mathis Wackernagel, fondateur de l’ONG et cocrĂ©ateur du modèle de calcul. A partir du « jour de dĂ©passement Â», l’humanitĂ© creuse sa dette Ă©cologique. Une dette dont la planète et ses habitants paient dĂ©jĂ  le prix : dĂ©forestation, baisse des rĂ©serves d’eau, Ă©puisement des ressources aquatiques, accumulation de dĂ©chets et de gaz Ă  effet de serre…

« Cercle vicieux Â»

A quelques mois de la confĂ©rence mondiale sur le climat (COP21), le jour de dĂ©passement prend une rĂ©sonance particulière. « Les nĂ©gociations Ă  venir seront capitales pour rĂ©duire l’empreinte Ă©cologique. Car les premiers responsables de son augmentation, ce sont nos Ă©missions de carbone Â», prĂ©cise Sebastian Winkler, vice-prĂ©sident de l’organisation internationale. Rien que pour absorber les gaz Ă  effet de serre Ă©mis par l’homme, 85 % de la biocapacitĂ© totale de la planète sont aujourd’hui nĂ©cessaires, d’après l’ONG.

« C’est un cercle vicieux : notre mode de consommation dĂ©grade les Ă©cosystèmes dont nous dĂ©pendons. Il rejette des gaz Ă  effet de serre dans l’atmosphère, et le rĂ©chauffement climatique aggrave encore la situation Â», alerte Diane Simiu, directrice des programmes du WWF France, organisation de protection de l’environnement.

Tous les pays n'exercent pas la mĂŞme empreinte Ă©cologique.

Autres facteurs qui expliquent cette fuite en avant, l’accroissement de la population et l’augmentation du niveau de vie des Brics – BrĂ©sil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud –, les grandes puissances Ă©mergentes. Car s’il faudrait 1,6 planète pour rĂ©pondre au besoin de l’humanitĂ©, tous les pays ne sont pas logĂ©s Ă  la mĂŞme enseigne. Les Chinois auraient besoin de 2,7 Chine pour rĂ©pondre Ă  leur besoin. Ce qui la place devant la France (1,4) ou l’Inde (2), mais derrière la Suisse (3,5) ou le Japon (5,5). Et demain, si la tendance se poursuit, il faudra 2 planètes pour rĂ©pondre Ă  nos besoins en 2030.

En 2030, si rien ne change, nous consommerons deux planètes pour répondre à nos besoins.

Prise de conscience

Face Ă  ce constat inquiĂ©tant, les 195 pays qui participeront aux nĂ©gociations climatiques auront-ils encore les moyens d’inverser la tendance ? « Oui, rĂ©pond Sebastian Winkler, avec optimisme. Si nous arrivons Ă  nous accorder sur une rĂ©duction de 30 % de nos Ă©missions de CO2, nous pourrons inflĂ©chir la courbe. Â» En 2030, le jour du dĂ©passement serait alors repoussĂ© au 16 septembre, au lieu du 28 juin si rien ne change.

« MalgrĂ© les beaux discours, peu de dirigeants croient en l’intĂ©rĂŞt, pour leur pays, de rĂ©duire leurs rejets, nuance Mathis Wackernagel. Pourtant, ce que montre notre indicateur, c’est que les États sont dans une situation critique. Comment faire prendre conscience Ă  nos dirigeants qu’utiliser des ressources que l’on ne possède pas entraĂ®ne un grave risque Ă©conomique ? Â»

Pour le fondateur du Global Footprint Network, cette prise de conscience est essentielle, car ensuite, les leviers d’action sont multiples : « Densifier les villes, transformer notre système Ă©nergĂ©tique en dĂ©veloppant les Ă©nergies renouvelables et en Ă©conomisant l’énergie, rĂ©duire la place de la viande dans notre alimentation et aussi encourager la population Ă  avoir moins d’enfants. Â» Diane Simiu, du WWF France, met elle aussi l’accent sur la politique Ă©nergĂ©tique : « Les gouvernements doivent agir dès maintenant, en accĂ©lĂ©rant le dĂ©ploiement des Ă©nergies renouvelables, en renforçant l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique et en supprimant leurs subventions aux Ă©nergies fossiles. Â» Pour vivre Ă  nouveau, un jour, dans les limites de notre planète.

Nathalie Picard

Le Monde

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