Onkelinx dézingue Charles Michel: "Le MR a vendu son âme à la N-VA"
Deux ans après le renvoi du PS dans l’opposition au fédéral, Laurette Onkelinx fait le point. Sur elle, sur son parti, sur la Suédoise… Elle ne sera pas tête de liste PS à Schaerbeek en 2018.
- Publié le 05-07-2016 à 05h39
- Mis à jour le 05-07-2016 à 06h51
Deux ans après le renvoi du PS dans l’opposition au fédéral, Laurette Onkelinx fait le point. Sur elle, sur son parti, sur la Suédoise… Épanouie, hyperactive, au four, au moulin et même, depuis un an maintenant, dans une petite école de devoirs en plein cœur des Marolles durant ses rares temps libres, en tant que bénévole.
Laurette Onkelinx, c’est un peu la mobylette du PS : "Entre 60 et 70 heures de travail hebdomadaire", une "activité bouillonnante" et un "enthousiasme" de jeune première à peine sortie des études pour le fédéral.
Renvoyée dans l’opposition après vingt ans d’exécutif, la vice-présidente du Parti socialiste profite du début de l’été pour faire le point sur son avenir, celui de son parti et sur la Suédoise qui n’a, on s’en doute, que peu de crédit à ses yeux.
Vous croyez dur comme fer à un retour du PS aux affaires fédérales en 2019 ?
"Que ce soit dans la majorité - et j’espère qu’on y sera - ou dans l’opposition, ça ne change rien. Le fédéral, c’est ma grande cause. Ces prochains mois, ces prochaines années, il va y avoir des vrais choix de société à faire."
Malgré les critiques et le contexte social, la Suédoise avance dans ses projets. Dans le bon sens ?
"Je me trompe peut-être mais je crois que ce gouvernement est un gouvernement de transition. D’abord, il ne s’est pas formé pour le bonheur d’être ensemble. Il s’est formé par la volonté de mettre la gauche dehors. C’est important car cela montre pourquoi il y a des difficultés incessantes entre eux. Côté francophone, ça se voit un peu moins parce qu’il n’y a qu’un seul parti mais entre Flamands, ça se chamaille, ça se tire dans les pattes tout le temps. Même, parfois, au sein de la même formation politique (l’Open-VLD). On sent bien qu’il y a quelque chose qui ne prend pas. Il y a toujours cette volonté d’être ‘hors la gauche’ mais à part cet objectif commun, ça ne tourne pas. On le voit également dans l’attitude de Charles Michel vis-à-vis des régions : c’est à couteaux tirés avec lui. Cette volonté de ne pas rassembler me surprend."
Ce gouvernement crée de l’emploi tout de même…
"Le Bureau du plan disait déjà qu’ils allaient faire les emplois. Il disait aussi que n’importe quel gouvernement aurait fait les emplois qu’ils vantent à l’heure actuelle. C’était la tendance. Ils ont peut-être fait quelques emplois en plus mais avec quel résultat : le saut d’index, la diminution de services publics, un climat social désastreux, etc. Quand au budget, comment vont-ils trouver 7 à 8 milliards pour être à l’équilibre ? Je pense que les résultats ne sont pas au rendez-vous."
Il reste trois ans à la Suédoise pour faire ses preuves.
"Oui. Donc on ne sait pas ce qui peut encore se passer. Mais je pense que ça va être très compliqué pour eux. Je ne dis pas que tout est mauvais. On a déjà voté pour des bons projets, mais lorsqu’on arrivera aux élections, ils vont devoir se justifier par rapport à plusieurs choses. Je crois, j’ai l’intime conviction même, que le MR a vendu son âme à la N-VA. On le voit déjà dans la prise de pouvoir de la N-VA dans l’appareil d’État mais aussi dans le détricotage de certaines compétences fédérales. Voyez ce que fait Elke Sleurs avec les établissements scientifiques : elle est en train de véritablement les désagréger. Je pense qu’il y a quelque chose qui est prévu pour la fin de la législature dans l’Atoma des négociations. On le verra bientôt. Mais s’ils se mettent d’accord pour mettre la révision de l’article 195 de la Constitution, mon intuition aura été la bonne. Après, le MR devra aller devant l’électeur en disant une nouvelle fois : "Je me suis trompé." Il s’était déjà trompé pour la N-VA, il va devoir reconnaître qu’il s’est trompé quand il a dit qu’il n’augmenterait pas la TVA, qu’il s’est trompé quand il a dit qu’il ne toucherait pas à l’index…"
"Je ne serai plus tête de liste à Schaerbeek"
Arrivée dans la Cité des Ânes aux alentours des années 2000 avec pour objectif d’y conquérir le mayorat, Laurette Onkelinx ne sera jamais bourgmestre de Schaerbeek… Après deux échecs successifs et douloureux, la présidente du PS bruxellois a annoncé hier soir à son équipe qu’elle laissait la main.
"Je reste à Schaerbeek mais je ne serai plus tête de liste. Évidemment, je resterai sur la liste pour soutenir l’équipe. Mais je clarifie la situation. Comme je le fais pour la Région bruxelloise. Je ne regrette pas de ne pas être dans le gouvernement de la Région bruxelloise. Ni aujourd’hui ni demain. Ni sous cette législature, ni sous la prochaine, non ! Idem pour Schaerbeek. Je soutiens la Région à 100 %, je soutiens Schaerbeek à 100 % mais, voilà : c’est ma façon à moi d’être fidèle à mes engagements et d’être claire vis-à-vis de tout le monde. Je continuerai vraiment à m’investir à Schaerbeek mais à ma place comme je le fais pour le moment. Dans des grandes villes comme Schaerbeek ou Bruxelles-Ville, on doit être bourgmestre à temps plein."
Qui pour vous remplacer ?
"C’est un peu tôt. Je sais qui ne le fera pas. Yves Goldstein (chef de cabinet du ministre-Président Rudi Vervoort et président de la section PS de la Cité des Ânes, NdlR) ne le fera jamais. Mais ça de toutes les façons quelqu’un à l’interne."
Schaerbeek constitue un gros échec pour vous ?
"Ça a été une belle histoire surtout. Schaerbeek, ça a été difficile, oui. Mais quand je suis arrivée, le PS faisait entre 8 et 10 % Aujourd’hui ? Le PS fait 25 %. Je suis la seule tête de liste à avoir augmenté mon score personnel lors de la dernière échéance communale et le PS est le seul parti a avoir augmenté ses voix, encore la dernière fois. Voilà, on est dans l’opposition. Mais soit on râle, soit on travaille. Moi j’ai décidé de travailler."
"Mon grand combat : la réduction du temps de travail"
Au niveau national comme à la Fédération bruxelloise… C’est tendu en ce moment au PS ?
"Vous auriez dû voir Elio a l’université d’été, c’était le roi. Bon, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas un petit flottement, je ne suis pas du genre à me voiler la face mais je trouve que ce n’est pas anormal. On est en train de construire un projet et ça prend un peu de temps. Il y a des impatients. On savait que 2016 serait une année difficile car c’est l’année du chantier. Alors ça discute dans tous les sens. Mais Elio a compris les impatiences car le week-end dernier, il a déjà commencé à sortir quelques propositions. Je pense que le PS doit proposer un projet global tout à fait novateur, qui redonne vraiment l’espoir et l’envie de se battre."
Quelles idées ?
"Ça, il faudra certainement attendre la fin de l’année pour présenter un projet abouti. Personnellement, je travaille sur la réduction du temps de travail dont l’axe central sera la semaine des quatre jours avec, bien évidemment, des alternatives, car ce n’est pas possible dans tous les secteurs. En clair, l’exact contraire de ce qu’est en train de faire le gouvernement. Autre combat : instaurer une ‘cotisation robots’ afin de faire participer ces entreprises très rentables mais qui génèrent extrêmement peu d’emploi au financement de la sécurité sociale."