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GDF Suez prend acte de la bérézina du marché européen

•Le groupe a déprécié ses actifs européens de près de 15 milliards.•Un message destiné aux autorités politiques du Vieux Continent.

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Par Véronique Le Billon

Publié le 28 févr. 2014 à 01:01

Les écritures comptables sont parfois des manifestes politiques. En annonçant hier lors des résultats annuels 2013 des dépréciations d'actifs à hauteur de 14,9 milliards d'euros (sur un total de 122 milliards d'euros), le PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet, a voulu montrer « la mesure de notre volonté de transformer le groupe rapidement et fortement », après avoir fait le constat d'une crise « durable et profonde » de la demande d'électricité et de la perte de rentabilité, face aux énergies renouvelables et au bas prix du charbon, de ses centrales thermiques et de ses sites de stockage de gaz en Europe. Mais il a aussi délivré un message politique à l'égard des autorités européennes, à qui il a lancé sans relâche depuis près d'un an, avec une dizaine d'autres énergéticiens - le groupe « Magritte » -, des alertes sur le « triple échec » (compétitivité, sécurité d'approvisionnement et climat) de la politique énergétique européenne.

Le résultat de cette « décision très forte », plus massive que celles de ses concurrents (lire ci-dessous), est une perte nette de 9,7 milliards d'euros l'an dernier. Elle n'a pas pour autant décontenancé les marchés financiers : le cours du titre a bondi hier de 6,04 % à Paris, à 18,61 euros. Alertés par le groupe, les analystes financiers avaient de fait anticipé de fortes dépréciations. Ils ont aussi salué le respect des objectifs opérationnels, avec un chiffre d'affaires (hors Suez Environnement, déconsolidé depuis la fin du pacte d'actionnaires en juillet) à 81,3 milliards d'euros (-0,8 %) et un résultat net récurrent à 3,4 milliards d'euros, dans le haut de la fourchette annoncée. L'Ebitda du groupe, à 13,4 milliards d'euros, a toutefois cédé 8 % l'an dernier.

Présence et accompagnement

Le groupe a aussi proposé, en dépit de sa perte, le maintien d'un dividende de 1,50 euro par action. Si les syndicats du groupe - notamment la CGT et la CFDT - ont d'ailleurs critiqué la « surrémunération » des actionnaires et la priorité donnée aux pays émergents dans les investissements ces dernières années, la direction du groupe assurait hier que le conseil d'administration avait voté à l'unanimité - représentants de l'Etat et des salariés compris - le montant des dépréciations et du dividende. Au passage, la charge d'impôts du groupe baisse de 1,2 milliard d'euros (à 620 millions), mais, selon nos informations, Gérard Mestrallet et son numéro deux Jean-François Cirelli ont renoncé à la moitié de leur bonus annuel au titre de 2013. La dépréciation des comptes 2013 clarifie désormais, selon Gérard Mestrallet, la transformation du groupe selon deux axes stratégiques : une présence sur « toute la chaîne de valeur » - de l'exploration-production de gaz à la distribution - dans les pays à forte croissance et l'accompagnement de la transition énergétique en Europe avec des partenariats dans les énergies renouvelables (comme avec le Crédit Agricole l'an dernier) et le développement des services énergétiques.

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GDF Suez ne peut de fait ignorer l'Europe, qui a encore représenté l'an dernier 81 % de son chiffre d'affaires (-1,1 %). La France et la Belgique dépassent toujours à elles deux la moitié du chiffre d'affaires du groupe et sont restées en croissance l'an dernier (+3,9 %).

Véronique Le Billon

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