ATTENTAT DE NICE - Des quatre héros qui ont tenté d'arrêter le camion, Franck est celui dont on n'avait pas de nouvelles. Il témoigne auprès de Nice-Matin ce jeudi 21 juillet, une semaine après l'attentat de Nice.
"J'ai tout de suite compris (...) J'étais prêt à mourir en fait", explique-t-il au journal. Le 14 juillet sur la Promenade des Anglais, il a adopté un comportement héroïque. Il s'est approché au plus près du camion, puis a jeté son scooter sous les roues espérant le ralentir, et s'est ensuite agrippé à la portière. Il a fini par chuter, donnant l'impression qu'il était passé sous l'engin. Mais il a survécu.
On peut voir en partie son action dans cette vidéo ci-dessous filmée par un journaliste allemand depuis sa chambre d'hôtel.
Après avoir chuté, en réalité, il a cherché à se raccrocher à la portière. Arrivé sur les marches au niveau de la cabine, Franck se met à frapper le conducteur: "Je l’ai frappé, frappé, et frappé encore. De toutes mes forces avec ma main gauche même si je suis droitier. Des coups au visage. Il ne disait rien. Il ne bronchait pas. Il avait son arme à la main. Mais le pistolet ne marchait pas. J’avais l’impression qu’il essayait de le manipuler ou de le charger, je n’en sais rien. Il me visait, appuyait sur la gâchette, mais ça ne marchait pas."
"J'étais prêt à mourir en fait!", dit Franck, qui a fini par prendre "un coup de crosse sur la tête" et dit s'en sortir aujourd'hui avec un gros hématome, des douleurs à la main, une côte cassée et un petit enfoncement de la cage thoracique.
"Je me suis fait interpeller par la police, qui devait, logiquement, penser que j'étais un terroriste. (...) Et puis quand les choses se sont calmées, on m'a présenté comme étant le témoin principal", affirmé Franck, qui dit avoir tiré "la force et le courage" du fait que son fils était place Masséna, à proximité.
Déterminé à aller jusqu'au bout
Franck raconte comment il a réussi à atteindre le camion. "Il m'a doublé à fond. Il roulait sur le trottoir. J'ai en tête les images des corps qui volaient de partout. J'ai tout de suite compris. (...) Ma femme, derrière moi, me tirait le bras et me demandait où j'allais. Je me suis arrêté. Je lui ai dit: 'dégage!' Et j'ai accéléré à fond", affirme cet employé de l'aéroport de Nice qui, arrivé en retard au feu d'artifice, était venu sur la Promenade manger une glace avec sa femme.
"Pour le rattraper, il fallait slalomer. Entre les gens, vivants et morts. J’étais à fond (...) J’étais déterminé à aller jusqu'au bout", affirme-t-il dans cet entretien avec le quotidien. "Je voulais à tout prix l'arrêter. J’étais dans un état second mais à la fois lucide. Je suis donc parvenu à me mettre sur sa gauche, mon objectif était d’atteindre la cabine."
"Quand j'étais à son niveau, je me suis posé la question: qu'est-ce que tu vas faire avec ton pauvre scooter?, raconte cet homme d'une cinquantaine d'années. C'est alors que je l'ai jeté contre le camion. J'ai continué à courir après lui. Je me souviens être tombé puis reparti à toutes jambes. Je ne sais plus ce que je faisais. Et finalement je suis arrivé à m'accrocher à la cabine", dit Franck, qui s'est également confié à France 2.
Témoignage de Franck qui a tenté d'arrêter le camion à Nice