Réseau social d'entreprise : Pourquoi SEB n'a pas déployé Facebook at Work
Durant plusieurs mois, Seb a testé le réseau social d’entreprise Facebook at Work pour finalement ne pas le choisir.
L’industriel n’a rien à reprocher à l’outil de Facebook mais lui a préféré Yammer, plus simple à intégrer avec son existant.
Et surtout, le CDO de l'industriel en tire des leçons sur l’engagement des employés et le test-and-learn dans les projets numériques.
Emmanuelle Delsol
Si la transformation numérique est un enjeu de poids, la mise en place d’un réseau social d’entreprise (RSE) en est un des leviers les plus intéressants et sensibles. C’est la conclusion du groupe SEB et de son CDO, Nicolai Gerard, après plusieurs mois de tests de la version bêta de Facebook at Work, le tout nouveau RSE de Facebook pour finalement choisir le RSE Yammer de Microsoft ! Mais pour le CDO, il ne s’agit ni d’un échec ni de temps perdu. Loin de là. Toute la démarche, décision finale comprise, ont permis de tirer les leçons essentielles sur le RSE et plus globalement sur les projets du numérique.
Aucun problème avec Facebook at work
Pour commencer, le CDO tient à l’affirmer clairement : "notre décision n’a rien à voir avec d’éventuels problèmes de qualité ou autres dans l’offre de Facebook." Avec Yammer, SEB a opté pour la simplicité en particulier parce que le RSE de Microsoft s’intègre directement avec sa plate-forme Office utilisée chez l’industriel. Mais Nicolai Gerard se dit ravi d’avoir expérimenté Facebook : "c’est une vraie aventure de test-and-learn que nous ne considérons pas de tout comme un échec."
Engagement des employés
Une des leçons connexes au test du produit proprement dit réside dans la motivation des équipes. "Ce qui est intéressant avec ce type de RSE pour la transformation numérique, complète Nicolai Gerard, c’est l’image progressiste qu’ils donnent à l’entreprise. Les employés se disent "mon entreprise est moderne, elle utilise Facebook !" C’est intuitif, ergonomique. Les fonctions viennent directement du réseau social grand public que tout le monde connaît : les Like, Messenger, l’intégration de photos 360°…"
"On ne travaille pas 24/24, mais les employés n’ont pas de problème à "checker" un projet avec ce genre de réseau social, raconte Nicolai Gerard. Le cas typique, c’est dans le taxi de retour de l’aéroport, par exemple. C’est tellement facile sur smartphone. Et c’est presqu’aussi amusant que d’aller sur son Whatsapp personnel." Mais avant de démarrer les tests, le CDO de SEB a aussi pris conseil auprès de Free et Century21 qui avaient beaucoup communiqué sur leur adoption de l’offre Facebook. Un moyen de s’assurer de l’intérêt de cette dernière. Elle est très récente, encore en bêta, et aucun chiffre ne vient encore abonder ce sentiment d’un meilleur engagement à long terme des équipes.
Un outil de mémoire collective
Autre enjeu, l’engagement des nouveaux entrants. "Quand on recrute un jeune collaborateur, raconte le CDO, les équipes oublient ou n’ont pas le temps de s’asseoir pour lui raconter ce dont il a besoin. Si vous adoptez un Facebook at Work, vous lui dites tu vas suivre telle ou telle personne. Tu vas suivre les projets que je suis et tu vas lire les fils de discussion…"
Au-delà de l’effet waow du début
Mais, il faut aller au-delà de ces effets waow des premiers moments de test. C’est le constat du CDO et des deux autres parties prenantes du projet, la DSI et la direction du marketing et de la communication. La vraie question dans ce type de projet est l’engagement pérenne des employés sur la plate-forme. Et ce, qu’il s’agisse du Yammer de Microsoft, de Slack ou de Facebook at Work. Et SEB a compris qu’il fallait concilier d’un côté, les intérêts très rationnels de la DSI, centrés sur la technique, la sécurité, l’intégration dans l’existant, et de l’autre, ceux de la direction marketing communication plus séduite par l’ergonomie, l’usage, qui se dit "on a une chance folle de pouvoir motiver nos équipes avec quelque chose comme Facebook at Work."
Savoir arrêter
Seb a travaillé directement avec le responsable européen du produit chez Facebook. Et face au dépit de certains employés, Nicolai Gerard a dû rappeler que "dans le digital, il faut arrêter certaines initiatives." Le CDO estime avoir tiré quelques grandes leçons de l’expérience Facebook at Work. Parmi elle, cette démarche nouvelle pour l’industriel, dans le cadre de laquelle les gens jouent le jeu de tester pendant deux, quatre ou six mois. Et comprennent que l’on arrête. "Cette expérience nous servira de toutes façons, insiste Nicolai Gerard. Il ne faut plus penser que si on arrête, c’est un échec !"
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