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Les faux athéismes


ou les idéologies de resacralisation




Une des principales critiques faites à l'athéisme est, qu'en l'absence de Dieu, donc de religion, l'homme recherche la satisfaction, sous une autre forme, de besoins profonds et puissants. Ces besoins peuvent être des liens forts au sein d'une communauté (sécurité, sentiment d'appartenance, confort…), la recherche de cet "enchantement" perdu dont le matérialisme du monde moderne le prive, l'idolâtrie ou le fétichisme. Des "systèmes" qui réintroduisent des formes de sacré, se mettent alors en place, souvent de manière inconsciente. Leurs adeptes sont souvent victimes de formes insidieuses de manipulation qui détournent leurs besoins vers la satisfaction d'autres objectifs : politique, volonté de domination, égocentrique, économique….
Nous verrons quelques exemples de ces systèmes que sont le nationalisme, le nazisme, les dictatures communistes, le capitalisme, la société de consommation, le "star système".

Il serait trop facile d'appeler "religions" ces "systèmes", même s'ils présentent avec elles de grandes similitudes. Ce serait faire un amalgame et donner ainsi prise à la récupération de ces déviances de société par les religions classiques. En effet, celles-ci ne manqueraient pas d'affirmer que l'athéisme est une impasse conduisant à d'autres formes de religions et que le salut (de l'humanité) ne se trouve que dans leurs bras. Il semble donc préférable de garder le mot "religion" pour ce qui se rapporte à la croyance en un ou plusieurs dieux.

Faute de terme plus adapté, appelons donc ces "pseudo- ou crypto-religions" des "idéologies de resacralisation" ou du "faux athéisme". Cette dernière expression a l'inconvénient d'être une définition par la négative, mais elle a cependant le mérite de dire clairement ce que l'athéisme n'est pas.
Sacré : Etymologiquement, qui ne peut être souillé. Le sacré est ce qui concerne la religion, les dieux ou les relations des hommes avec les dieux. Les relations entre les hommes sont dites profanes. Par extension, le sacré peut s'appliquer à tout ce qui dépasse l'homme en suscitant le plus grand respect, la plus grande admiration ou ferveur. Le sacré s'accompagne de sentiments de crainte, de mystère et de fascination devant une puissance supranaturelle.

L'homme est-il réellement athée s'il s'adonne à des formes de sacré, même sans caractères religieux?

Voici quelques parallèles que l'on peut oser faire de ces faux athéismes avec le sacré et les religions.



Le nationalisme


Le nationalisme est l'exemple type du transfert sur l'histoire politique et sociale de la logique du sacré.
Il s'est surtout développé à la fin du XIXème siècle (Allemagne, Italie, France, Serbie…) en partie à cause de l'inachèvement de l'unification des "nationalités" laissant des fractions de population à l'écart (Sudètes, Trieste et Trentin, Alsace-Lorraine, imbroglio ethnique des Balkans…).
Lorsqu'il n'y a plus de Dieu ou que Dieu est relégué au second plan, la tentation est forte de sacralisation de la nation qui devient alors une personnalité historique. Sur des bases essentiellement ethniques ou linguistiques, la nation joue un rôle d'unification entre les groupes et les communautés.
Le nationalisme est une forme agressive du patriotisme, des rapports à la nation et entre les nations. Appartenir à la nation requiert une culture nationale, des qualités "naturelles" qui conduisent rapidement à la xénophobie. Puis viennent le culte de la personnalité, la pyramide du parti unique, la propagande… La désignation d'un ennemi commun, l'attente quasi "messianique" d'un sauveur ou d'une "revanche sur l'histoire", conduisent à l'opposition entre les nations et finalement à la guerre.

"… l'avenir de la nation ne résulte pas essentiellement d'un projet rationnel, mais se confond avec une mission sacrée, inscrite depuis ses origines dans un héritage à défendre, un ensemble de valeurs à reproduire fidèlement. L'explosion des nationalismes a donc permis l'extension à l'échelle planétaire de véritables religions séculières, dans laquelle la nation sert de foyer de transmutation de la symbolique religieuse." (Jean Plumyene / Les nations romantiques, 1979)

Sacré Religions Nationalisme
Divinités Dieu, Allah, Yahvé La patrie, le sanctuaire national
Mythes Bible, Evangiles, Coran L'histoire de l'édification de la nation
Symbole, totem Croix, Croissant, Etoile juive Le drapeau national
Prophètes Moïse, Jésus, Mahomet… Ce ne sont pas des nationalistes en tant que tels, mais ils ont été "élus" pour leur rôle dans la constitution de la nation ou en tant que "visionnaire" des desseins de celle-ci : Clovis, Charlemagne, Jeanne d'Arc, Louis XIV, Napoléon.
Déesse mère La Vierge Marie Marianne
Les élus parmi les élus Les saints Le panthéon des grands hommes (la patrie reconnaissante); le soldat inconnu
Rites La messe, les chemins de croix, les processions Les défilés militaires; les cérémonies aux morts
Les martyrs Les saints persécutés Les morts pour la patrie
Les boucs émissaires Les hérétiques, les infidèles, les athées L'étranger, l'immigré, le juif
Cérémonies initiatiques Le baptême, le catéchisme, le scoutisme Les mouvements de jeunesse


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