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Chômage : un plateau n'est pas une descente

Par Dominique Seux

Publié le 27 oct. 2015 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

La publication des chiffres du chômage du mois de septembre suggère deux attitudes. La première est naturellement de se réjouir : le recul du nombre de demandeurs d'emploi au sens le plus officiel et usuel (catégorie A) est forcément une bonne nouvelle, surtout si c'est la plus importante depuis huit ans et si on espère qu'elle préfigure un renversement de tendance. La seconde attitude est de prendre du recul et de refuser de s'emballer sur un chiffre pour l'instant isolé.

Cette dernière réaction est sans doute la plus sage. Au risque - tant pis - de passer pour un grincheux. L'inversion de la courbe du chômage a été tant promise et annoncée ces dernières années qu'il est prématuré de transformer une donnée mensuelle en mouvement de fond. Pas plus qu'un point ne fait pas une courbe, un plateau ne fait une descente. Disons-le : ce serait même indécent et on ne peut qu'inviter le gouvernement à la plus grande humilité. Car, sur le front de l'emploi, depuis l'entrée de François Hollande à l'Elysée, le bilan est tout simplement terrible. Plus de 600.000 chômeurs supplémentaires se sont inscrits à Pôle emploi, soit plus très loin de la hausse enregistrée sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. A la différence près entre ces deux périodes, mais elle est énorme, qu'il n'y a pas eu de crise financière mondiale dévastatrice pour l'expliquer. Autre spécificité qui est la nôtre : le chômage est bien plus bas chez nos plus grands voisins, l'Allemagne et la Grande-Bretagne au premier chef. Les propos récents de Manuel Valls sur la faute qu'a constituée le matraquage fiscal du début du quinquennat trouvent ici une belle illustration. Il faudra donc beaucoup d'autres « bons chiffres » avant que le diagnostic d'ensemble s'inverse. Soyons précis : il faudrait, au rythme de septembre, vingt-cinq mois consécutifs de repli pour simplement revenir au niveau de 2012.

D'autres raisons incitent à la prudence. Citons en deux : le gouvernement a choisi de mettre les feux sur les emplois aidés dans le secteur non marchand, ce qui aide les statistiques mais ne reflète pas la situation des entreprises; la force de la reprise est quant à elle discutée. Le redémarrage de l'économie est-il suffisant après trois années de croissance zéro ou presque ? 1 % ou à peine, c'est mieux, mais il n'y a pas de quoi sauter d'enthousiasme.

Du coup, la pire des attitudes pour le gouvernement serait de considérer qu'une ou deux baisses du nombre de demandeurs d'emploi rendent inutiles les chantiers dont notre pays ne pourra pas faire l'économie : simplification du droit du travail, poursuite de la restauration des marges des entreprises, etc. C'est de cela dont les entreprises, véritables créateurs d'emplois, veulent entendre parler.

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