Régionales. Les raisons du revers de la droite bretonne

Par Yvon Corre

Comment expliquer que la droite bretonne n'ait pas réussi à transformer l'essai des départementales ? L'occasion était pourtant belle... > Suivez notre direct

Avec quasiment un score identique à 2010, la droite rate à nouveau le coche. Bernadette Malgorn, qui était la candidate de la droite cette année-là, réserve après le scrutin son analyse de ce nouvel échec mais on a comme l'impression qu'elle n'en pense pas moins. « On est dans la préparation du second tour et je suis solidaire de ma famille », assure l'ancienne préfète. Le temps des explications sur les responsabilités propres de la droite bretonne viendra sans doute mais plus tard. Pour l'instant, elle préfère imputer cette grosse déconvenue à « la nationalisation encore plus forte que d'habitude d'une élection intermédiaire » et à la personnalité de Jean-Yves Le Drian. « Les gens sont à la recherche d'une protection et en Bretagne, on a une figure protectrice particulière. C'est quand même là l'effet dominant ».

Régionales. Les raisons du revers de la droite bretonne

Comme une présidentielle


François Goulard n'est pas, non plus, dans cet état d'esprit qui consisterait à charger le candidat Marc Le Fur et à mettre en cause sa campagne. Le président des Républicains du conseil départemental du Morbihan l'exonère même presque totalement de cet échec : « Qu'il ait commis des maladresses, c'est possible mais cela n'explique pas un tel écart ». Non, pour François Goulard, il faut aller chercher ailleurs les raisons de cette contre-performance. À la fois dans la personnalité et la bonne image de Jean-Yves Le Drian et dans cette campagne très particulière qui a suivi les attentats de Paris. « Les gens n'ont pas été intéressés par la campagne. Ils ont voté comme pour une élection présidentielle et dans ce contexte, Jean-Yves Le Drian était évidemment l'homme de la situation. Il a mobilisé son camp et a même eu des voix de droite ».

Logique de clans


Du côté des centristes, le ton et les propos sont très différents. « Je n'ai pas l'habitude de tirer sur une ambulance mais les résultats parlent d'eux-mêmes », lâche d'emblée Jean-Yves de Chaisemartin, le maire de Paimpol (22) et délégué départemental de l'UDI. Est-ce la personnalité et le positionnement de Marc Le Fur qu'il met en cause ? « Le pire, ce n'est pas la personne. C'est la méthode, une méthode qui a consisté à être dans une logique de clans, à rassembler des individualités au lieu d'engager des démarches collectives ». Pas question, en tout cas, pour Jean-Yves de Chaisemartin d'expliquer ce score de la droite et du centre par la seule actualité. « Cela a peut-être joué mais ça va bien au-delà ». La charge est lourde mais celle de Bruno Joncour, le maire MoDem de Saint-Brieuc ne l'est pas moins. « Le centre a fait défaut. Ce score ne me surprend pas ». Comme le maire de Paimpol, il met en cause les conditions dans lesquelles les listes ont été construites. Il parle d'humiliation : « Marc Le Fur a fait son marché ici où là. Il n'y a pas eu officiellement de discussions ».

Grossière erreur


Sur la campagne, le maire de Saint-Brieuc n'est pas plus indulgent. Selon lui, cela a été une grossière erreur que d'attaquer Jean-Yves Le Drian. « C'était complètement décalé et déplacé, commente l'élu briochin. La stature de Jean-Yves Le Drian est évidemment pour les Bretons une forme de fierté. Les gens ont compris que son devoir était de rester ministre de la Défense et, en plus, tout le monde sait qu'il a un fort attachement à la Bretagne ». Il n'y a donc pas pour Bruno Joncour à s'étonner que nombre de centristes aient voté pour le candidat de la gauche.

« Nous ne savons pas nous faire comprendre »


Au lendemain des dernières élections législatives, en 2012, un député socialiste remarquait que le MoDem avait voté pour lui « parce que la droite ne lui parlait pas ». Gérard Longuet, ancien ministre de la Défense, avait, après des élections sénatoriales ratées par la droite, eu une analyse similaire : « Nous ne savons pas nous faire comprendre de l'électorat modéré de l'Ouest », avait-il dit. Des propos que d'aucuns à droite et au centre reprendraient sans doute volontiers à leur compte.

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