Najat Vallaud-Belkacem et le Snes s'écharpent au sujet d'un prof pédophile

Pour le syndicat d'enseignants, les représentants syndicaux ne sont pas responsables de la réintégration de ce professeur déjà condamné en Grande-Bretagne.

Source AFP

La ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem a annoncé la mise en place d'une enquête administrative dans cette affaire.
La ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem a annoncé la mise en place d'une enquête administrative dans cette affaire. © AFP

Temps de lecture : 2 min

L'affaire d'un professeur de l'Essonne autorisé à exercer malgré une condamnation pour agression sexuelle sur mineur en Grande-Bretagne fait réagir le SNES. Le syndicat d'enseignants a vivement protesté lundi 22 février contre la mise en cause, selon lui, des représentants syndicaux par la ministre de l'Éducation. À en croire le principal syndicat d'enseignants du second degré, la réaction de Najat Vallaud-Belkacem "témoigne d'une méconnaissance grave du fonctionnement de l'institution qu'elle dirige et d'une volonté de jeter l'opprobre sur les représentants du personnel pour mieux se défausser des responsabilités qui lui incombent".

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Vendredi, la ministre avait révélé qu'un enseignant en mathématiques d'un collège de Villemoisson-sur-Orge, mis en examen pour agression sexuelle d'un mineur de moins de 15 ans hors de l'établissement scolaire, avait déjà été condamné à 15 mois de prison pour des faits similaires en Angleterre en 2006. À son retour en France courant 2007, il avait cependant été autorisé à exercer son métier par la commission paritaire de l'Éducation nationale. La ministre avait alors condamné un dysfonctionnement "insupportable", et annoncé la mise en place d'une enquête administrative.

Comprendre l'origine du dysfonctionnement

Les commissions administratives paritaires (CAP) disciplinaires sont constituées à parité égale de représentants de l'administration (le rectorat) et de représentants syndicaux du personnel. Dans l'affaire traitée, les 35 membres - un nombre impair qui s'explique vraisemblablement par l'absence d'un des membres - avaient décidé à l'unanimité de réintégrer le professeur, malgré sa condamnation pour relations sexuelles avec un enfant, selon les faits relatés par la ministre.

Dans son communiqué, le Snes-Versailles, académie dont dépend l'Essonne, rappelle que la CAP disciplinaire n'a qu'un rôle consultatif et que la décision finale appartient au recteur et au ministre, "et à eux seuls". Une CAP "n'a aucun pouvoir d'investigation et émet un avis sur la base des seuls éléments portés à sa connaissance par l'administration", ajoute la section départementale. "Cette instance n'est en effet que consultative, la décision est prise par le recteur", confirme Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa, qui n'avait pas de représentant en 2007 au sein de la CAP de Versailles. "Mais lorsque la recommandation est donnée à l'unanimité comme cette fois-là, en général, le recteur suit l'avis."

"Est-ce que tout le monde a eu l'accès au dossier ? Que disaient précisément les éléments du dossier ? Les pièces en anglais ont-elles été traduites ?" s'interroge-t-il, rappelant que parfois, "des dossiers se dégonflent lors de leur passage en CAP". "Ce sera à l'enquête administrative de répondre à ces questions." Le représentant du SE-Unsa conclut : "Nous ne sommes pas des juristes et il sera peut-être nécessaire de revoir les procédures de ces commissions."

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Commentaires (37)

  • Opéra-18-32

    Au préalable : on ne peut évidemment que se féliciter de la prudence de l'époque actuelle, tant il est vrai que l'on ne saurait moralement faire courir des risques de cette nature à des jeunes.
    Sur ce sujet de la pédophilie, nous sommes aujourd'hui tout imbibés du principe de précaution qui exclut une prise de risque. A l'époque des faits, ce principe n'avait pas pris la même importance et on acceptait de prendre quelques risques, limités croyait-on. Et cela dans le cas de Villemoisson comme dans celui du prêtre de Lyon dont il fut question récemment.
    Apprécier ce qui fut fait à l'époque avec la mentalité d'aujourd'hui est un anachronisme, au sens vrai.

  • Passeur

    Les CAP (commissions administratives paritaires) disciplinaires sont constituées à égalité de représentants du rectorat et des syndicats du personnel. Leur rôle est uniquement consultatif, ses représentants émettant un avis (on appréciera sur ce cas leur pertinence), la décision finale de sanction ou non appartenant systématiquement au recteur et au ministre de l'éducation. Les faits remontant à 2007, pour une fois NVB n'y est donc pour rien. Cette énorme erreur d'appréciation relevant de son prédécesseur à l'éducation nationale en 2007. Ceci dit, si les ministres n'ont pas d'autres éléments d'appréciation que ces avis faussés d'emblée, il ne faut pas s'étonner de telles bourdes. Ce qui est curieux c'est que les policiers, gendarmes, douaniers, personnels du monde pénitentiaire, magistrats etc. Soient particulièrement contrôlés quant à leur casier judiciaire (fort heureusement) alors que leurs homologues fonctionnaires de l'éducation nationale aient pu bénéficier pendant aussi longtemps d'une si navrante mansuétude. Sans doute cette idéologie prégnante de gauche qui veut que la rédemption soit automatique chez les bisounours... Malheureusement pour les victimes, rattrapées elles par la cruelle réalité...

  • Gracious

    Le cancer du pays (son administration) et son excroissance médiatique (sa classe politique) frappent encore... Aille !